dimanche 27 décembre 2009

Dernier dimanche de 2009. Je vous laisse sur mon dernier tourment de l’année.
Prochaine publication en février 2010.


Végétarien ? Non, mais...


Végétarien ? Non. Mais ça me tente. Ah oui, amis végétariens, je ne suis pas loin de penser comme vous; on n’est pas des primitifs, des brutes, on respecte la bête. Pauvres animaux. Pas question de manger de viande, m’a dit Chose, sauf le poisson. Comment, sauf le poisson ? Paraît que ce n’est pas un animal comme un autre : ça ne vit pas dans le même environnement que nous, c’a pas de pattes, pas d’oreilles, pas de poil, ça vit dans le fond de l’eau, c’est presque des martiens.

Non, non, moi, monsieur, ce sera la totale. Pas de poisson, non plus. J’en ai vu mourir dans ma chaloupe, et ça m’a semblé une agonie d’un être bien vivant, possiblement un membre d’une famille maintenant en deuil. Non, non, pas de poisson non plus. Que des légumes. De délicieux brocolis servis en sauce aux épinards sur une chicorée de patente à gosses. Miam ! Miam ! Végétarien ? Ça me tente. Mais je n’aime pas les légumes. Alors ce sera les céréales. Le matin, le midi, le soir. Je ne serai plus un prédateur, allez-en paix jolis animaux.

Des vaches, c’est végétariens ça? Oui. Des renards, non. Le beau chaton non plus. Merde. La moitié de la planète est en danger. La moitié de la planète est carnivore. Qu’est-ce qu’on fait ?

Tant pis, j’agirai selon ma conscience. Ils se boufferont entre eux, moi je ne participe pas. Tout ce temps, j’aurai élevé ce beau canard, et c’est le loup, le renard, le lièvre (!) ,qui le mangera en magret, en confit, en torchon, ou poêlé sauce porto ? Non, non, non, non, ça n’a pas de bons sens ça. J’ai un Sauternes millésimé sous la main, pas question d’ouvrir ça avec une salade aux patates.

Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Déjà, je suis conscient, déjà que j’ai l’intention, c’est déjà bon, non ? Je me rapproche, je me rapproche. Je n’ai peut-être pas à me convertir tout d’un coup. On peut y aller graduellement. Je peux commencer par éliminer le cheval, le castor, le bison, l’anguille, l’escargot. Je peux me choisir des jours maigres, les vendredis par exemple. Je peux limiter mes portions. Fini, les hamburgers doubles.

Je peux jouer les croyants, ces gens qui ne doutent pas de l’existence de Dieu, mais ne s’en embarrassent à peu près jamais dans leur vie. Adapter le concept selon les circonstances, c’est ça le truc. Genre : TU NE TUERAS POINT sauf quand c’est un assassin, quand c’est la guerre, quand c’est pour te défendre... Alors pourquoi pas moi : JE NE MANGERAI POINT DE VIANDE, sauf si elle est sur la table, dans la tourtière de ma tante ou en spécial à l’épicerie. Le mal est fait, pourquoi s’en interdire ? Même qu’il me paraîtrait peut-être plus respectueux pour la bête de la manger (toute en prière) plutôt que de la laisser en charogne.

En tout cas, c’est presqu’en cachette que je serai végétarien. Le contraire, je pense, de certains. Je n’en ferai pas une religion, ni la morale aux autres. J’en entendais un, l’autre jour, chercher à nous culpabiliser en suggérant de préciser sur les menus : Steak de bœuf MORT, darnes de saumon MORT, cuisse de poulet MORT… Mort ! J’espère bien, mon vieux, on est carnivore, pas des barbares. Et ta laitue ? Elle pousse encore quand tu la manges ?

Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Pauvres animaux, pauvre de moi. Ou alors, et c’est mon idée ultime, je me fais éleveur. Je me lie d’amitié avec mes volailles. Des petits cannetons que je fais courir dans ma cour; les appelle à tour de rôle pour qu’ils viennent se gaver un peu, je les flatte tout en leur racontant l’histoire du petit vilain canard. Je les protège des prédateurs leur vie durant. Je les nomme dès leur naissance, les divertis et les engraisse. À la fin de leur vie, je les bénis, les pleure un peu et les enterre dans la marmite. Qu’y aurait-il de mal, là-dedans ? Je ne les tue pas… mais un accident est si vite arrivé. Surtout quand on est un peu gras et qu’on s’aventure vers la coutellerie. Enfin, je vais penser à tout ça.


Et la dinde dans le frigo que mon insouciante chérie a achetée ? Eh bien, on la mange. Qu’elle ne soit pas morte pour rien, voilà c’est ma prière. On passe les Fêtes et après je prends des résolutions. Végétarien? Non, pas encore, mais ça me tente. Peut-être l’an prochain…


Bonne Année !

Et paix sur la terre aux animaux de bonne volonté !

















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dimanche 20 décembre 2009

Noël de mon enfance, ou rien.


Tout évolue. C’est normal, on améliore nos conditions de travail et de vie. On développe de nouvelles technologies et on s’y adapte. À ce point que, parfois, on ne sait plus trop lequel est au service de l’autre. Nos mœurs naturellement suivent cette évolution. On cherche à devenir aussi efficace, performant, productif que la machine. C’est tout le temps la bousculade dans un monde désespérément adulte.

Tout doit changer, d’accord, sauf la tradition. Par définition, la tradition ne doit pas changer. Quand on la modifie, on la perd. On peut bien vouloir en créer d’autres, mais si on y parvient, ce sera pour les prochaines générations. Dans la transition nous aurons perdu la nôtre, un égarement de plus dans ce gigantesque tourbillon.

On ne s’en rend peut-être pas compte, mais on s’attriste de plus en plus. Le RENDEMENT prend trop de place. J’ai un peu le cœur triste ce Noël-ci. Je termine la décennie avec un grand effort pour refaire le sapin de mon enfance, envoyer les (peut-être dernières) cartes de Noël à ma famille et mes amis. Mais déjà je suis d’un autre âge; les vœux s’envoient par Internet, je sais bien. C’est économique, efficace et vite fait. Mais je n’en ai aucun plaisir. Vos vœux sont pâles, je ne les vois plus. Ils disparaissent avec le lot des messages, il n’en reste rien sur ma cheminée. Les sapins n’ont plus aucune personnalité. On les achète ficelés; quand on les rouvre, rendu à la maison, aucune surprise, ils sont tous bien fournis, bien symétriques, bien secs. Comme les courriels, c’est commercialement efficace et vite fait.

À 56 ans (oh, en écrivant mon âge, je réalise qu’il est vieux, je ne m’en étais pas aperçu), je me démène encore pour sauver mon cœur d’enfant. La bataille parfois est dure. Très dure. Peut-être que je ne me suis pas assez adapté ? Je résiste trop. Peut-être. Mais je ne vois pas chez les adaptés beaucoup d’émerveillement. Ils se préparent à passer cette période d’une humeur mi-figue, mi-raisin.

J’ose dire ceci : la tradition a pour raison de conserver le passé, conserver ainsi l’enfance, et si ça se trouve, conserver le bonheur. Je propose de conserver la tradition. S’efforcer de perpétuer une tradition, c’est paradoxalement amener quelque chose de nouveau dans notre quotidien. Ça fait changement ! Ça nous ramène à d’autres valeurs, toujours plus simples et plus ferventes. L’esprit commercial l’a compris, évidemment, il nous en beurre épais d’une ambiance « traditionnelle » superficielle et mercantile. Mais ce n’est pas de ça dont je parle. Je parle d’éviter toute modernité défigurant le souvenir.



Quiconque a eu une enfance heureuse aime revoir ses joies d’enfant. Laissez-moi, s’il vous plaît, être démodé, archaïque, passéiste juste le temps des Fêtes. Juste le temps de retrouver mon petit cœur qui battait comme un fou dans la magie de cette période. Dès décembre, tout mon univers se transformait soudainement. Un sapin, pensez-y, un arbre ! apparaissait dans le salon. La maison prenait des allures étranges aux couleurs vives et joyeuses. La fébrilité était palpable chez les adultes - les privations avaient excité tant de désirs. Et c’était comme ça partout : dans les rues, chez les matantes, à l’école, aux magasins. Des airs qu’on n’entendait jamais durant l’année étaient soudainement des hits qui jouaient partout. Le monde était envahi par des lutins. Si, si. La planète entière avait déménagé.

Ne me dites pas que vous avez oublié ? Ne me dites pas que vous avez renoncé à tout ça? Noël revient à chaque année. C’est toujours près de nous. Voyons donc.

Mais cette idée aussi de vouloir moderniser la chose ! Vos sapins blancs, art-déco ne m’ont pas l’air joyeux. Je les vois obèses, artificiels, guindés en chemise, cravate. Votre table très Di-Stasio, toute Ricardo ne me rappelle rien de mon enfance. Votre musique de Noël, en nouveauté de vos artistes préférés, n’a pas la profondeur des classiques de mon enfance. Vos cadeaux ressemblent trop à toutes ces publicités que j’ai vues depuis des mois.

Laissez-moi être un peu traditionnel. Je veux revoir mes photos, comme elles étaient, non remastérisées. Surtout pas modifiées. Attention, mon cœur s’y trouve, n’y touchez pas. Et puis, je ne veux absolument pas avoir raison. Pensez ce que vous voulez. Là-dessus, je vous laisse, mon sapin m’appelle. Qu’est-ce qu’il va bien me raconter cette fois-ci, le fou?




JOYEUX NOËL !


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dimanche 13 décembre 2009

Phrases échappées (lors de conversations)



D’abord, précisons : je crois être athée, un peu bouddhiste, sans doute chrétien et résolument sans religion. Ça devrait faire de moi une assez bonne personne.

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Je ne crois en rien. Vivre, me suffit et me convient.
Je ne suis fier de rien. Aimer, me suffit et me convient.

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Oui, je suis peut-être un mécréant, mais quand quelqu’un me lance :
« Je crois en Dieu », je lui sers la main chaleureusement et lui dis : « Toutes mes félicitations ! »

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Je ne suis pas d’accord avec Descartes. Il est plus juste de dire : « Je ne pense pas… donc je suis ».

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90% de mes justifications, c’est pour ne pas arriver tout de suite à l’évidence.

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TRISKAIDÉKAPHOBIE.
(J’avais le goût de dire ça. Très payant au scrabble)

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Dans le fond, quand je fais la morale, je m’adresse à tous ceux qui pensent comme moi pour leur dire qu’on est souvent dans le champ. Quand je pointe la lune, arrêtez de me regarder le doigt.

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Quand j’écris, je ne suis jamais seul. J’ai l’impression d’assister à une réflexion. Ça me surprend toujours un peu. Il m’arrive même de ne pas publier certains écrits, tout simplement parce que je ne suis pas d’accord.

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Je veux bien ne pas me prendre pour le Sauveur, mais c’est vous qui me mettez en christ !

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Il y a deux sortes de gens : ceux qui disent « commençons par être riches et après on essaiera d’être heureux », et ceux qui disent « commençons par être heureux et après on essaiera d’être riches ». Je suis de cette dernière catégorie. Mais ça commence à être long…

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Comment me définir ? Mon âme est souvent triste pendant que mon esprit s’amuse toujours. Le poète en moi a envie de mourir constamment, heureusement le philosophe le divertit.

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Au début j’étais tout feu, tout flamme. Mais à la fin j’étais brûlé.

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En vieillissant, j’ai un cerveau lent dans la tête, mais un cerf-volant dans le cœur. Ça compense.

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À la mort : « Je croyais qu’on quittait le monde, mais je constate qu’on part avec ».


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Voilà. Vous en savez un peu sur moi. Excusez-la !

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dimanche 6 décembre 2009

La différence (et la critique)



Bon Dieu, qu’on est en quête d’amour ! On cherche toujours l’attention des autres : dans notre habillement, dans nos acquisitions, nos comportements, nos petites réalisations. On n’en sort pratiquement jamais du « papa, maman, regardez-moi! ». Des tournesols. Je ne crois pas qu’il y ait un seul être humain sur terre, de la pire brute au plus suffisant personnage, qui ne soit pas, à un degré quelconque, en quête d’appréciation. Des tournesols, vous dis-je. Où le soleil ? Où le soleil ? Regarde-moi, Soleil. Regarde-moi !

Chaque fois qu’on produit quelque chose c’est comme mettre un enfant au monde; on l’aime toujours plus que les autres. On supporte mal la critique. Pourtant ? Qu’est-ce que ça peut bien faire ? Il suffit qu’il soit le bien-aimé de quelques-uns et ça nous fait un tournesol de plus sur la planète.

Et puis, la critique, comme la pluie, ce n’est pas mauvais pour les tournesols. Même que ça en prend. Ça permet de grandir. Ça corrige ou renforcit. Mais surtout ce n’est qu’une opinion, un commentaire personnel de quelqu’un selon sa propre vision des choses, ça ne vaut jamais plus que son contraire. À moins qu’elle soit unanime, la critique n’informe que sur l’appréciation de celui qui la fait. Et en cette matière il ne faut à peu près jamais se tromper, ou changer d’idée, sinon la mire est fausse, et on ne saura plus jamais trop bien où l’on tire. L’évolution de l’art nait rarement sous les applaudissements des critiques. Le sentiment populaire arrive au berceau bien avant. La Critique est au mieux un art parasitaire figé dans le convenu.

Mais sans parler du grand Art, toute création est toujours, et déjà, tout à fait appréciable. Si elle convient à son créateur, c’est bien suffisant. Essayez seulement de me persuader que ma recette de sauce à spaghetti, dont je me délecte, est infecte. I-M-P-O-S-S-I-B-L-E. Vous ne l’aimez pas ? Bien. Je ne vous en ferai plus, c’est tout. Mais comment parviendrez-vous à me faire haïr ce que j’aime ? Que vous alliez crier sur les toits que je me fais une sauce abjecte et que je suis absolument moron de l’aimer, n’aura pas plus d’effet. Bon, je vais comprendre que vous êtes de mauvaise humeur à mon endroit, mais à part ça, c’est une opinion. Ça ne vaut rien. Si c’est bien dit, tant mieux, ce sera au moins agréable à entendre.

À moins d’une rare maladie mentale, je ne crois personne insensible à la hargne de quelqu’un. Savoir qu’à l’autre bout de la planète, un chinois, dont je ne peux même pas deviner l’existence, m’haïsse, ne me procure aucun plaisir. Pour être franc, j’en ai même une douleur. Mais bon, que voulez-vous, je m’inquiète aussi d’un milliard de personnes qui meurent de faim sur la planète. Les douleurs se fondent ainsi l’une dans l’autre.

À une mauvaise critique d’un lecteur enragé il faut toujours, au moins, apprécier qu’il vous lise. Et je ne pourrais pas riposter sans d’abord le remercier pour ça. Ces gens-là ont quand même pris le temps de vous écrire pour vous mépriser. Vous ne leur êtes donc pas indifférent. Mais je reviens avec ma question : comment pourront-ils m’empêcher d’apprécier ma recette de sauce à spaghetti, même après en avoir dit tant de mal ? Comment peuvent-ils croire, que je pourrai préférer leur sauce, avec laquelle je risquerais de m’étouffer ? Et puis, qu’est-ce que je fais de tous les autres à ma table, venus pour apprécier ma sauce ? C’est difficile de mépriser une seule personne à la fois.

On ne pense pas comme vous. Et puis ? Peut-il y avoir autres reflets dans le miroir que vous-même? Imaginez que toute l’humanité actuelle soit clonée à votre image : avez-vous idée de ce que le monde serait plate ? La blague qu’on vous fait, c’est celle que vous avez faite hier. La chanson que vous entendez à la radio, c’est la vôtre, toujours la vôtre, mal faite et mal chantée. Dans le journal, il n’y a que votre opinion. Tout le monde a choisi votre NIP. Tout le monde aime votre femme. Tout le monde aime votre sauce à spaghetti, mais aussi les mêmes charcuteries; les prix augmentent sans cesse, et le comptoir est toujours vide quand vient votre tour.

On ne se supporterait pas longtemps. Un million de Robinson Crusoë sur une toute petite île, c’est un pire cauchemar, je crois. Jamais avec d’autres, et plus jamais seul. Seul. Voilà le grand bonheur. Seul : comme unique, comme différent. Savoir que les autres sont un peu, beaucoup, assurément différents, voilà l’intérêt. Il faut que d’autres décorent leur maison différemment, s’habillent différemment, fassent une sauce différente, aient des idées différentes.

Et quand on n’apprécie pas leur différence, tant mieux, on ne s’apprécie que davantage.

La différence, ça fait toute la différence.

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dimanche 29 novembre 2009

Et la malbouffe intellectuelle ?






On n’avale plus n’importe quoi. On vérifie les étiquettes : pas de gras trans, pas trop de sel, de sucre, colorant artificiel… De plus on recherche les meilleurs apports caloriques, nutritifs, bref on surveille de près l’alimentation de nos enfants pour favoriser une meilleure croissance et on cherche à manger santé pour notre bien-être physique. Bien. Très bien tout ça.

Il serait peut-être bon maintenant de faire la même chose pour le bien être de notre esprit et surtout celui, en développement, de nos enfants. La malbouffe intellectuelle sévit actuellement. Ce ne sont, bien souvent, que des calories vides dans les divertissements, l’information, l’enseignement. On se bourre de sucre, de sel, et de gras parce que c’est facile et ça goûte bon. Mais il nous faut aussi de la viande, des protéines, du fer, des vitamines.

C’est bien l’humour partout : à la radio, le matin, au bureau via les clips internet, le soir à la télé ou au spectacle d’un des innombrables humoristes, mais ça fait beaucoup de sucre dans une journée. À peu près que du sucre. Pas beaucoup de viande là-dedans.

Dans les informations - surtout les chaînes qui en présentent en continue -, alors là, c’est du sel. Beaucoup, beaucoup trop de sel. On aime ça, c’est plus goûteux, on en rajoute toujours un peu, ça nous fait faire des hon ! des woo ! , des « ça s’peux-tu ! » Ça excite, ça donne soif, mais ça ne nourrit pas. Tout juste hors-d’œuvre bons à couper l’appétit.

On en recherche toujours et on s’en fait offrir partout : les téléréalités, les émissions trash, les ramassis de vidéo spectaculaires d’accidents, de catastrophes, d’incidents disgracieux. Ça fait beaucoup de sel tout ça dans une journée. Pas bon pour le cœur; ça durcit les artères.

Et mêlé à tout ça, mêlant tout ça, le gras trans épais et omniprésent qu’est la publicité développée et présentée sous la forme du plus petit dénominateur commun. Publicité envahissante, débordante et dégoulinante par-dessus tout ce sel et tout ce sucre. Du bon gros gras trans épais. Rien de bon pour la santé de l’esprit, en plus de procurer de sérieuses crampes à l’humeur quotidienne.



Oui, je sais, on peut bien se retirer à la campagne, sans journaux, sans télé ou internet, mais, comme dans les régimes, un jeûne sévère n’est jamais recommandé. Quand on en revient on en consomme encore plus en réaction à la carence. On n’y échappera pas sans modifier nos habitudes et notre mode de consommation.

Tous les jours, les philosophes diététiciens vous le diront, il nous faut notre part des principaux éléments: un peu de réflexion, de solitude, d’apprentissage, de lecture, de recherche. Il faut se mettre au contact d’un art et d’une culture substantielle. Sans quoi on perd nos dents d’analyse critique. Nos muscles de réflexion s’atrophient, notre système d’imagination s’affaiblit. On ne digère plus bien les carences, les frustrations et on finit par développer une cirrhose du cerveau. Bon.

Comprenons-nous bien : absolument rien contre les sucreries, les chips et autres cochonneries - c’est un junkie qui vous parle -, seulement, faut pas que ç’en devienne tout notre régime alimentaire. Bon. Ce que je dis c’est que je souhaite aussi, un jour, un étiquetage sur tous ces produits de consommation nous avisant avant chaque émission, chaque article de journal, chaque spectacle, des valeurs nutritives contenues : Stupide…. 27 %, Insipide…. 67%, Névrose… 15%, Contamine…22%, Protéine intellectuelle… 4 % Calories… 1%. Peut contenir des traces d’intelligence.


Je souhaite un étiquetage, mais surtout une pareille attention de notre part sur tout ça comme sur notre consommation alimentaire. L’esprit, comme le corps, doit être quotidiennement nourri des parts essentielles et équilibrées d’éléments nutritifs. Sinon, ça nous fait une société obèse d’insignifiances et de superficialités.


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dimanche 22 novembre 2009

PENSÉES en vrac



On se sait ignorant qu’en apprenant.

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Ceux qui disent qu’il n’existe pas de Vérité Absolue,
en disent donc Une.

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Pendant qu’on parle, on n’apprend rien.
J’imagine que les savants savent se taire plus que d’autres.

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Pour apprendre il faut comprendre, non pas accumuler de l’information. Il y a des éclairages qui aveuglent. Directement dans les yeux on voit on ne distingue plus rien.

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L’univers n’est pas plus mathématique qu’il est coloré.
Sauf pour nous.

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Dans le règne animal, je crois que nous sommes loin derrière.
Si nous sommes vraiment à l’image de Dieu, prions qu’il n’existe pas.

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La perfection n’est pas de ce monde.
Mais, qui a bien pu dire ça ?

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On s’illusionne beaucoup,
mais nous sommes toujours soumis à nos viscères.
Même nos plus grands cerveaux, nos plus beaux esprits,
on les retrouve quotidiennement assis, chemise retroussée à pétarader dans le bol de toilette. Ils ont beau avoir des idées transcendantes, ça sent mauvais pareil.

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Il est possible dans un procès d’y voir un homme d’honneur, mais jamais deux s’affronter.

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Tout le monde est pour la paix, après avoir gagné.

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C’est important la paix.
Il nous la faut pour préparer la revanche.

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Attention avec le mépris, beaucoup se méprennent.

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On apprécie le chien pour ses qualités et le chat pour ses défauts.

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Un défaut c’est une qualité qu’on a exagérée beaucoup.

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On fait toujours ce que l’on veut,
mais on ne veut pas toujours ce qu’on aimerait.

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Pour être libre on n’a pas le choix, faut faire des concessions.

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Arrêtons de vouloir tout prévenir :
laissons un peu de chance au hasard.

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L’éventualité de la mort est sans doute le plus grand stimulant à la vie, à la paix, au bonheur. Vive la mort.

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Il y a une autre chose aussi grave que d’enlever la vie :
la donner.

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La mort ce n’est rien de très éprouvant
à part les invivables cinq minutes avant.

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dimanche 15 novembre 2009

Lettre à un changeur de monde



Laisse un peu l’humanité se reposer; changer le monde c’est épuisant. Laisse l’idiot, idiot, le malin, malin, la victime, victime, le soleil se lever, se coucher, laisse un peu la terre tourner.

L’oiseau que tu as nourri ce matin, le chat l’a mangé ce soir. Celui-là même que tu as recueilli et qui se fera écraser dans la rue demain. Ce n’est toujours qu’un peu d’eau que tu retiens dans tes mains; le ruisseau n’en perd rien. La jolie fleur que tu as coupée, tu la regardes mourir dans le pot. Elle meurt que tu l’aies aimée. À ta fiancée, n’offre pas de fleurs, amène-la plutôt au jardin.

Le monde n’est pas à changer; il se change lui-même. Le tyran est remplacé par l’empereur, l’empereur par la junte, la junte par la clique, la clique par les autres qui les dominent, et tous ceux-là te commandent.

Il y a mieux, il y a pire. Il y a vivre et laisser vivre, faire et laisser faire. Mais tout ça ne t’est jamais possible quand tu dois changer le monde. Faudra faire la guerre pour avoir la paix, tuer pour sauver des vies, bouleverser l’ordre établi pour en établir un autre que d’autres générations voudront renverser. Le monde, finalement, reste bien constant; se fait, se défait, se refait; il évolue à peine, aux mille ans.

Changer le monde, c’est mêlant. Il y a ceux qui le veulent comme-ci, les autres qui le veulent comme-ça, et l’immense majorité qui ne savent pas ce qu’ils veulent. Il y a toujours des bons côtés et des mauvais, des avantages et des inconvénients. Il y a toutes ces Révolutions qui passent en fulgurance, mais l’Évolution en escargot n’avance qu’à son rythme, qu’un peu aux mille ans. Elle prend son temps.

On veut le faire évoluer plus vite. Mais comment, et par où aller ?
Pourquoi, sur cette planète, l’homme devrait-il évoluer plus rapidement ? L’âne et le cheval d’aujourd’hui, ne sont pas d’une autre époque, ils sont biens contemporains. Ils se contentent d’évoluer un peu à chaque mille ans.

L’humanité n’est jamais aussi bien que quand elle vit sans guerre, sans crise économique, sans épidémie ou catastrophe naturelle. Ce que l’évolution n’apporte pas, bien au contraire. L’Homme, hélas, me semble toujours le même singe qu’il y a dix mille ans aux prises avec sa conscience, ses besoins, ses carences, sa cupidité, sa vanité, ses éclairs de génie, et ses longues nuits d’ignorance. Les sociétés humaines restent à peu près toujours les mêmes, avec ses classes de riches, de pauvres, de puissants, d’exploités. La démocratie est une lente évolution qui ne permet jusqu’à maintenant qu’à choisir ses exploiteurs.

À notre époque savante et technologique avancée, nous battons les records de la faim dans le monde : un milliard de nos semblables ne trouvent pas de quoi manger. Chez les animaux on s’inquièterait d’une espèce en voie de disparition. Pendant qu’on visite la lune et mars, une bonne partie de l’humanité, vit encore au Moyen-âge. Je ne crois pas que nous soyons moins barbares, peut-être un peu moins exposés à l’être, c’est tout. Dans les prisons on torture toujours, mais au confort de l’air climatisé. Voilà, seulement, où nous avons évolué : plus au confort.

Le monde (occidental) est plus au confort qu’avant mais est-il plus heureux que ses ancêtres d’il y a deux mille ans qui mangeaient, buvaient, baisaient tous les jours? Mais on mourrait plus jeune. Et puis ? Maintenant on passe vingt ans de plus… à soigner qui son cancer, qui sa démence, qui sa détresse : on dégénère plus longtemps, c’est tout. Voilà, seulement, où nous avons évolué.

Évoluons, même si ce n’est pas toujours par en avant, évoluons, mais lentement. Apprécions l’animal en nous.

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P.S. : Et si jamais, il te faut absolument voir un monde différent, essaie de te changer un peu toi-même. C’est incroyable comme le monde n’est pas pareil quand on tombe en amour. Ou quand on s’adonne à la poésie.


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dimanche 1 novembre 2009

Pas vraiment un plomb, mais presque. Réaction à un nouveau projet de loi, publiée dans La Presse du jeudi 22 octobre 2009.

Laissez-nous, je vous prie, notre .08



Après avoir convenu scientifiquement qu’en deçà de .08 d’alcoolémie, c’est correct de conduire (nous avons encore suffisamment nos facultés), comment peut-on décider d’embêter quand même le citoyen à partir de 0.05 (pour le moment) ?

Sortez-moi un seul cas où un accident a été causé par l’effet de l’alcool à un taux aussi bas. Regardez-moi dans les yeux, et jurez-moi qu’en abaissant ce taux à .05, il y aura moins d’accidents causés par une alcoolémie de .08. Ou encore dites-moi qu’il y aura moins d’irréductibles soûlons sur la route. Mais surtout, ne me parlez pas d’effet de dissuasion. Chacun sait que la « dissuasion » n’empêche pas le criminel, le récidiviste, l’irresponsable. Par contre, ça emmerde tous les autres qui n’en ont pas besoin. C’est un raisonnement complètement farfelu. C’est comme si, pour mettre fin à la vitesse excessive, on réduisait la limite de vitesse sur l’autoroute à 70 km/h ! Vous pensez que ça aurait un effet dissuasif sur les courses de chars ? « Viens, man, on se fait une course, mais pas le droit de dépasser 70… »

Voici, ce que je crois :

- Même s’il y a des lois, même s’il y a des règles, il n’y a pas moins d’irresponsables.
- Plus il y a des lois, plus il y a des règles, moins on est responsable. (Plus on contrôle un enfant dans ses agissements, moins on le laisse développer son jugement.)

Un mauvais conducteur (ils sont nombreux), distrait, malhabile, fatigué, stressé, enragé, imprévoyant, est plus dangereux à .00 qu’un conducteur moyen à .08. Voilà, ce que je crois.

Conduire soûl, c’est un comportement criminel. Pas de doute là-dessus. Interdiction stricte. Baliser à un taux de .08, très nettement en dessous de l’ivresse, semble faire un certain consensus. Bon, disons. Mais sanctionner sous ce taux, c’est nettement abusif, tartuffe, irréaliste. C’est une coercition excessive qui ne cause du tort qu’aux honnêtes citoyens. Et c’est peut-être vous, lobbyistes de malheur, qui serez les premiers en infraction.

Misère! Que le monde s’en vient plate et autrement dangereux.

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P.S. : Et puis oui, nous serions la seule province à laisser ça à .08. Nous qui cherchons tant à faire valoir notre unicité, acceptons d’être unique pour une fois.

dimanche 25 octobre 2009

Quand tu lèveras les yeux



Quand tu lèveras les yeux
Tu verras

À ton malheur
Il y a les fleurs autour
Les oiseaux dans ta cour
Tant de douceur

À ton grand malheur
Il y a un ciel bleu tout en haut
Un arc-en-ciel dans le ruisseau
Tant de couleur

Quand tu lèveras les yeux
Tu nous verras

À ton chagrin
Reste ce bonheur passé
Ces jours heureux à passer
Avec les tiens

À ton grand chagrin
Il y a toutes nos mains tendues
Comme une échelle suspendue
De nos liens

À ton épreuve n’oublie pas
Qu’il y a encore tout ça

Quand tu lèveras les yeux
Tu nous verras nombreux
À t’attendre
Pour te reprendre.


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dimanche 18 octobre 2009

Encore un petit plomb (un restant de fiel collé depuis un an environ), et puis la semaine prochaine, un mot gentil, pour changer. Promis.


Maudit, qu’on évolue vite


Croyez-moi, on va en sauver des sacs en papier (recyclables, d’une source renouvelable*), attends un peu. C’est probablement ce que se sont dits nos dirigeants à la SAQ. Ça s’est fait en deux jours. Le vendredi, t’avais ton petit sac en papier, gratuit, avec un beau sourire. Le lundi, bang! Fini. On a évolué tout d’un coup : plus de sac. Et avec un air bête. Même si tu es prêt à payer. La prise de conscience venait de frapper; et ça s’applique à tout le monde, client ou pas. On est maintenant écolo et civilisé; sacre-moi ton camp avec tes bouteilles dans les mains.

Trois questions :

1- Ils ont fait quoi de tout ce stock de sacs en papier derrière le
comptoir et dans les entrepôts ? Hum ?
2- On a droit aux boîtes de carton (c’est du gros papier, ça), si tout à
coup je ne recycle pas ? Hum ?
3- Les bouteilles vides, je fais quoi, avec ? Sont consignées,
j’espère? Non? Et, si tout à coup, je ne recycle pas ? Hum ?

… ben, christ, vos sacs en papier, je suis capable de les recycler aussi !



La SAQ, bon Dieu ! Quel drôle de commerce. Un monopole qui joue les Jean Coutu, qui crée des ventes, avec des circulaires annonçant les spéciaux du mois, des produits vedettes. Un monopole qui fait semblant d’avoir des concurrents. Faut le faire! Peuvent vendre le prix qu’ils veulent, les ont d’ailleurs allègrement gonflés de 15-20 %, dans le temps de le dire, pour nous les offrir de temps en temps en réduction de 10 %.

Faire des spéciaux quand tu es seul à vendre un produit (…de nécessité), ça se peut pas ! Oui, peut-être écouler (je dirais même liquider) un mauvais inventaire, mais offrir un rabais de 10% sur tout en magasin, quand le client doit s’expatrier pour trouver compétiteur !!!???

MAIS, ÇA MARCHE, nous diront-ils. Bien sûr que ça marche, bande de nœuds, pas parce qu’on est des poissons, parce qu’on est des OTAGES. Aïe, il la mange-tu la soupe, l’otage, après trois jours de jeûne; n’allez pas vous prendre pour un cordon bleu ! Quand on fait la queue pour faire le plein, c’est qu’aux prix réguliers, on ne sera pas là. Vous déplacez des ventes, c’est tout.

Et puis tout ça, annoncés à grands coups de circulaires, annonces, brochures, d’un luxe à en faire péter le prix des bouteilles…

MAIS, SONT BELLES, nous diront-ils.
Bon… Je vais tenter de le dire sans être vulgaire : vous avez un fondement, eh bien, dans ce fondement-là, il y a comme deux globes que vous pouvez écarter. Là, à l’intérieur, s’y trouve un orifice, eh bien, vos annonces luxueuses vous pouvez vous les rouler en rondins (faites-les gros), et quant à moi, toutes vous les y rentrer.

****

* Des arbres, ça pousse. C’est dans la nature même des choses. Une planification sur un horizon de 30-40 ans, c’est gérable, me semble. Pour une espèce adepte aux REER…

dimanche 11 octobre 2009

Tiens, voilà un nouveau plomb à sauter. Un bien petit plomb.




La mode


Ah, cette foutue idée d’être moderne. Il faut sonner moderne, avoir le son à la mode d’aujourd’hui. Que c’est ennuyant ! Tous ces modernes qui se reprennent l’un l’autre, s’imitent, se copient à l’infini. C’est la mode : c'est tout, sauf original. Un éteignoir à la création, une religion bête et étouffante menée par les intégristes que sont ces gens branchés. Ces gens-là ne sont pas libres, du fait qu’ils sont branchés, justement. Ce sont toujours les premiers suiveux qui sont devant mononcle, matante bien sûr, mais toujours en arrière des créateurs. Toujours dans l’imitation. Mais attention, pas d’un style ancien, juste nouveau. Ça paraît moins, j’imagine.

La mode ! Petit confort des sans esprits. Toutes les coiffures finissent toujours par revenir à la mode, ne vous découragez pas. C’est comme les cravates : un jour elles sont larges, puis minces, puis larges… bref, n’en jetez aucune, à moins qu’elle soit laide, parce qu’elle le sera toujours, mais sinon, attendez, elle finira bien par revenir à la mode. La terre est ronde, ne l’oublions pas; on finit toujours par repasser sur nos pas.

On n’a pas à être moderne, on a à être personnel. La création ne s’embête pas des procédés plus ou moins à la mode. Une sculpture sur bois est un procédé ancien, une femme nue (stylisée ou non) une représentation éculée, pourtant on en fait toujours des créations, parce que l’artiste y met sa touche personnelle. ET C’EST TOUT !

La mode ! Un mode bien commode, rassurant et regroupant. Un dénominateur commun, très commun. Ça permet de passer ce qui est mauvais, parce qu’autrement le temps ne le permettra pas. Le bon de toute façon passera, que ce soit la mode ou non, et le temps le retiendra.

Enfin, je me résume : pour moi, un mauvais son est un mauvais son, une facilité, une facilité, un coup de cœur, un coup de cœur, une bêtise, une bêtise, un chat, un chat. Mais la mode n’en distingue jamais rien. On s’en trouve presque toujours ridicule sur les photos une fois la mode passée. L’esprit (ou le bon goût) nous revient alors comme après un endoctrinement de guru. On se réveille, on revoit ça, et on n’en revient pas.

Le goût du jour est souvent douteux, puis il écœure à la longue. Heureusement qu’il est du jour. Alors si vous n’êtes pas de ce goût-là, ce n’est pas vraiment une mauvaise nouvelle; vous êtes un peu en avance, ou en retard, selon le groupe qui est passé ou repassera. La terre est ronde, je le répète : on finira bien par être rejoint. Il suffit d’attendre que ça passe. Comme la mode.



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dimanche 4 octobre 2009

Paradoxes (et autres contrariétés)




Un con ne peut pas savoir qu’il est con, sinon il ne l’est pas.
Imaginez mon angoisse.

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La religion, la belle affaire : un code de vie moral, pour pas que ça dégénère entre nous, pour pas qu’on s’entretue, pour voir la lumière, vivre dans un monde meilleur… La religion, c’est bien elle la grande responsable de l’aveuglement,
du sectarisme, et des pires tueries.

**

L’amour, le beau sentiment : la plus égocentrique appropriation de l’autre
pouvant nous mener à la déprime, au meurtre ou au suicide.

**

La bonne volonté, qui ne viendra que de ceux qui l’ont déjà, et restera toujours étrangère à qui on la souhaite. C’est comme offrir un portefeuille à qui n’a pas d’argent. Le mieux qu’il fera c’est de le vendre.

**

L’ivrogne qui boit pour oublier son état, l’obèse qui mange ses émotions.
Ça tourne en rond, mes amis, ça tourne en rond.

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Une vie qu’il faut pour apprendre à vivre. Une mort qu’on craint tant,
et que l’on ne réalisera pourtant jamais.

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L’Éternité pour l’Homme, mais avec un début …
Ceux qui sont nés avant nous, l’auront eu plus longue. C’est injuste.

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L’athée, toujours aussi obsédé par l’existence de Dieu. Croire ne pas croire.

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La liberté qui nous oblige à tant de concessions.

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Il n’y a pas plus déplaisant que celui qui veut plaire à tout prix.
Pathétique.

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La modestie, sans doute la plus grande des vertus.
Faudrait la claironner.

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Le savant, qui a toujours l’impression d’être ignorant,
et l’ignorant, de tout savoir.

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La remontrance, si purgative pour qui la fait,
si accablante pour qui la reçoit.

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L’insomnie, qui n’arrive qu’à ceux qui s’endorment le plus.

… et que tant de paradoxes tiennent éveillés…


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dimanche 27 septembre 2009

DE RETOUR

L’été est mort. Vive l’automne. Reprise du cours normal de la vie. Je vous propose comme première chronique, une lettre à mes nouveaux camarades que je me suis faits durant mon séjour « en colonie de vacances » dans le cadre du volet JAMAIS TROP TARD du Festival de la chanson de Granby.



QUEL ÂGE AVIONS-NOUS?



Dream is over chantait Lennon, à la séparation des Beatles. C’est le même sentiment qui m’habite, mais la comparaison est peut-être exagérée. Moi, le solitaire, l’indépendant, le va à contre-courant, je m’ennuie déjà de gens que je ne connaissais pas il y a un mois. Je vous ai en photo, bien sûr, mais ce n’est pas suffisant, je vous veux tout près, vibrants. Quel âge avons-nous eu ? Quel rêve avons-nous fait ? Demain, je serai de nouveau seul, mais toujours heureux dans ma solitude, car elle sera de vous un peu plus peuplée (ce qui se dit très mal).


Nous avons partagé un manoir, une scène, un rêve. Quel âge avions-nous, donc? Qui étions-nous? Cousins, cousines, frères, sœurs ? Nous étions camarades d’armes, nous sommes allés au front, nous avons craint pour l’autre. Nous étions régiment de troubadours. Mission : transmettre notre art caché, le goût de dire, briser les stéréotypes, sauver les quinquagénaires (ou plus!). Mission accomplie.


Voici, mes photos: une table de fête tous les jours, un party de famille tous les soirs, un escalier tournant (c’est charmant), un couloir qui nous mène à l’art en pleine exécution, et tous ces apartés si nécessaires pour goûter l’ambiance, la guitare au cou, les harmonies de soirs à Brigham sur une ga-le-rie, une chienne sourde à nos pieds, de l’alcool dans nos veines, des chansons plein la tête, un feu de camp dans nos cœurs. Les entendez-vous, dans mes photos, ces rires, ces chants ? Sentez-vous le pain grillé sur le poêle, cette fraîcheur du soir, cet air doux dans les feuilles?



Quel âge avions-nous, mes amis? Quel âge faut-il avoir? Nous les avons tous : l’âge de l’innocence, de la camaraderie, de l’aventure, du rêve. L’âge de partir pour l’Afrique partager son savoir (salut, Claude). L’âge de produire un album (salut, Marc et Gilles). L’âge de faire sa place des Arts (salut, Carole). L’âge de raconter(salut, Ronald). L’âge de nous refaire monter sur scène (salut, Jean). L’âge de perdre et retrouver (salut, Joseph). L’âge de foncer (salut, Nicole). L’âge de charmer(salut Colette, Colombe). L’âge de toujours chanter et ne se coucher jamais (salut, Serge J.O.). L’âge de faire un bon show (salut, Yves). L’âge de transmettre (salut Robert, Claire). Et surtout l’âge de risquer (salut, Pierre).


Je reviens d’un voyage où j’ai vu de près la magie et la beauté.


Au revoir, mes amis.


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http://www.ficg.qc.ca/jamais.html

**

dimanche 28 juin 2009


Carnage


Et il y avait du sang plein les murs
Et il y avait du sang plein l’azur
Que de sang et de chairs épandus
Toute cette viande perdue !

On ne tue pas
Ce qu’on ne mangera pas.



*****



Malheureusement c’est les vacances! Vous serez doublement orphelins : d’abord La Presse qui ne publie plus les dimanches, et puis cette chronique dominicale suspendue durant l’été. Sauf que moi, je reviens en septembre, la la lèreuu…

D’ici là je vous propose une relecture ou mieux encore une écoute, un blogue radio :
http://audioblog.arteradio.com/radio-cigale/

Vous y découvrirez toutes sortes de petites choses sonores. Parfois ça complètera. Exemple : ce petit poème ci-haut, vous pouvez l’entendre en chanson
sous : RUBRIQUES / Inédits



Bon été !

dimanche 21 juin 2009

Aujourd’hui, fête des Pères, je vous présente le mien. Il y aura bientôt six ans on le portait en terre. Voici l’hommage présenté.


Un homme heureux



J’ai connu un homme heureux,
un homme entier avec ses défauts et ses qualités.
Un homme simple qui aimait la vie,
et la vie aussi, je crois, l’a beaucoup aimé,
l’épargnant à tout le moins à de mauvais destins.
Elle en a fait, j’en suis témoin,
un homme heureux.
Un intrépide, fou ou courageux,
capable d’épuiser en une seule journée
deux anges gardiens des mieux formés.
En tout cas, il y avait quelque part
quelqu’un qui tenait à lui.
Ou c’était peut-être tout notre amour réuni.

Je vous parle d’un homme
avec une forte personnalité
qui prenait beaucoup de place,
parfois même dérangeant,
mais le plus souvent arrangeant.
Et jamais, jamais ennuyant.

J’ai connu un homme simple, sans chichi.
Sans grandes manières, mais jamais vulgaire.
Un homme de principes et de parole.
Un homme de bon jugement et de gros bon sens.
Mais surtout, j’ai connu un homme heureux.

Un homme heureux, donc sans histoire,
avec cent histoires pour nous faire rire.
Un homme simple pouvant se contenter
d’épouser que la plus belle femme du quartier.
Un homme sans compromis n’achetant, selon lui,
que les meilleurs produits...
et, étonnamment, toujours les moins chers !
Un homme fier et pas envieux
vu que déjà, lui,
il l’était irlandais !

Mais plus que tout ça,
j’ai connu un homme heureux.

Pour beaucoup réussir dans la vie
demande qu’on acquiert diplômes,
reconnaissances, titres et fortunes.
Pour plusieurs la valeur ou le mérite
se mesure de médailles et de gloire.
À chacun son modèle.
À toutes ces vies de gens riches et célèbres
moi j’envie d’abord celle d’un homme heureux.

On connaît un homme heureux quand il dit :
« Quand y en aura pu, y en aura d’autres »
quand il s’appelle « Joe Meilleur,
si ça fait pas ici, ça f’ra ailleurs »
quand il chante : « Pas de culottes !».

Un homme heureux, quand c’est votre père,
c’est un être immense !

C’était un homme heureux
vous pouvez vérifier.
Je vous laisse choisir au hasard :
un lundi matin d’octobre,
un mercredi soir de novembre,
chez lui, au travail, ou ailleurs,
et, à peu près, à toutes les périodes de sa vie;
je vous laisse choisir,
et je peux vous dire, sans regarder,
que vous le trouvez en train de s’amuser
ou de siffler en travaillant.
Même ici, en ce moment,
je soupçonne que c’est encore lui
le moins malheureux.

Papa, pour nous, tu viens de passer
dans une nouvelle dimension.
Comment c’est ? On sait pas.
Mais j’aime à penser que
s’il n’y a rien
au moins tu ne le sais pas.
Et que s’il y a quelque chose...
tu sais déjà
qu’on se retrouvera tous.

En attendant, je te salue
au nom du fils et du père
que je suis maintenant.
Amen !
****

dimanche 14 juin 2009

Cas de conscience


Oui ou merde, prendre conscience ? Oui ou merde, informer, éclairer, réfléchir, publier ?

Doit-on ? Peut-on ? Faut-il ? N’est-ce pas ? Comment ? Pour qui ? Pour quoi ? Plaît-il ? Pardon ? Hein ? Ho, hé, non mais ? Toutes ces questions parce que savoir, paraît-il, peut nuire au « bonheur » des ignorants, et qu’on a statué qu’être heureux, au final, est la quête ultime de tout. Bien difficile, en effet de snober un homme heureux et serein.

Mais SEREIN, voilà. Heureux sans être imbécile. Serein comme conscient tout en étant en paix. À part les oligophrènes, même les plus abrutis d’entre nous ont des prises de conscience, souffrent d’un manque de réflexions. Car la conscience c’est notre condition, comme la lumière l’est pour un voyant. Même dans la pénombre on distingue encore; on ne peut ignorer la présence des choses. Mieux vaut alors plus de lumière pour mieux voir, bien définir notre environnement et ainsi agir dans le meilleur sens.

La conscience, bien sûr, comme un spot de lumière, dérange possiblement. Un miroir aussi. Pas certain que ça nous rende plus heureux. C’est vrai, en tout cas, pour beaucoup qui préfèrent se bercer d’illusions. Mais bon, qu’est-ce qu’on fait ? On lui dit ? T’as un gros bouton sur le nez. Tu ne veux pas le voir, mais nous on le voit. Et il est énorme. Difficile pour nous de l’ignorer. Impossible pour toi de le faire disparaître si tu ne le vois pas. Ainsi les choses resteront toujours comme ça: toi voulant séduire, nous voulant fuir. Alors, vite un miroir, vite une prise de conscience. Ok, douleur, cris et larmes… mais après, sous la lumière, peut-être peut-on réparer ?

L’homme ne peut pas rester idiot, c’est son propre de réfléchir. L’animal pour être heureux n’a pas besoin de réfléchir, ni de rire d’ailleurs. L’humour est plutôt rare chez les animaux. Le chien sera heureux à gruger un os pendant des heures, peut-être pas vous. C’est sa condition. Mais devant une 52’’ plasma il dort. On ne peut pas, ne doit pas, avoir un tel appareil et ne mettre que le son. Ce n’est pas la condition de cet objet. On doit voir. Il faut allumer. La condition d’un voyant c’est de voir, celle d’un être pensant est de penser.

On ne peut pas s’abstraire à la conscience, à moins d’un coma. Ignorer ou nier la réalité nous épargne des angoisses et des déceptions, mais tôt ou tard ça nuit au bonheur ou à la tranquillité. Ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal ,dit-on, mais j’aime bien ajouter... pour l’instant. Ce n’est pas une bonne idée d’ignorer un début d’incendie et de continuer le party.

Ne pas souffrir ce n’est pas être heureux. On est encore bien loin du bonheur; tous, drogués, alcooliques, fumeurs vous le diront. Leur prise de conscience fait mal. Le dénie du problème les soulage assurément, mais pourtant, tôt ou tard, la raison les amènera à faire un choix douloureux que la plupart prendront pour améliorer leur sort. Informations, réflexions, prises de conscience : c’est la Lumière. C’est ça qui les « sauvera ».

Chercher, réfléchir, s’informer, communiquer c’est participer à la lumière. C’est éclairer. Bien sûr qu’on peut se tromper, et presque à tout coup, mais l’exercice est salutaire. On peut se tromper de route, mais en regardant devant on roule sur la voie, on évite les arbres, bref on conduit. Il appartient à chacun de se conduire, sinon ce sont les autres qui nous conduisent. Et ce n’est pas nécessairement là où nous voulons aller.

Être heureux, déjà c’est une prise de conscience. D’ailleurs ceux qui fuient les prises de conscience, très souvent s’empêchent aussi celle-là. On ne réalise pas à quel point on est heureux maintenant (malgré tout ce qu’on croit nous manquer), on ne prend pas le temps de réfléchir. On laisse ça au miroir, qui lui au moins demande de la lumière.


*****

dimanche 7 juin 2009

Pas le temps


Depuis que je ne travaille plus je n’ai jamais été aussi occupé. J’ai enfin le temps de faire mille choses et, le fou, j’en fais mille. Alors je n’ai plus le temps de rien faire. Trop occupé. Ma liberté m’occupe à temps plein. Paradoxe des paradoxes.

Le travail libère l’homme, comme dit l’adage. Je le comprends bien maintenant. C’est comme au buffet chinois à volonté, je me fais toujours fourrer. Trois bols de soupe won ton et je suis bourré. Je remplis pourtant mon assiette de mille choses, mais je ne mange à peu près rien. Plus faim. Ça fait cher le bol de soupe.

Le travail libère l’homme parce qu’il l’encadre, l’occupe, l’oblige, le déculpabilise. En somme, l’assomme. Cette réflexion m’embête beaucoup; faudra que je prenne un jour le temps d’y réfléchir. La liberté est très accaparante : pour être libre faut être indépendant, pour être indépendant faut tout faire. C’est très astreignant. Cette pensée que l’homme se libère de sa condition de penseur en étant dans une routine mécanique me trouble un peu; faudra que je prenne un jour le temps d’y penser. Enwoye, mets-ça sur la pile des choses à faire. Quand j’aurai le temps, j’y reviendrai.

Un âne est-il libre ? Lequel des deux est le plus libre : le maître ou l’esclave ? Le maître ne sait rien faire, c’est l’esclave qui fait tout. Mais l’esclave n’est pas libre, et le maître ne le sera jamais, trop dépendant de son esclave… Enfin toutes questions que je n’ai pas le temps de répondre. On me dérange toujours quand je suis occupé. Normal ? Je ne sais pas. Je suis trop occupé je n’ai pas le temps, même pas le temps pour ce dont je suis occupé. Maudit paradoxe : moins j’ai du temps, plus je dois le prendre... Faut ralentir au plus vite, quand je prends mon temps au moins je ne le perds pas.

C’est ça que je veux vous dire, je n’aurai pas le temps de faire de chronique cette semaine, je suis trop occupé.


*****

dimanche 31 mai 2009

Où sont rendus nos dimanches ?
(Paroles et musique : Serge Timmons)


Ah ! Ces maudits lundis
Et tous ces jours en « di »
Comme une maladie
Qu’on traîne jusqu’au samedi
Ah ! Cette maudite journée
De travaux ménagers
Espèce de faux congé
Qui me fait enrager
Je me dis qu’au moins s’il pleut
J’pourrai m’étendre un peu
Jouer à mes petits jeux
Où je suis supérieur
Mais qu’il pleuve ou pleuve pas
Tout est prévu pour ça
Y a une liste en cas
De travaux intérieurs
Et passe la fin d’semaine
Comme deux samedis
Comme tous les jours d’la semaine
Et nous voilà lundi
Ah ! Ces maudits lundis…


Mais où sont rendus nos dimanches
Ces jours bénis, fériés
Ces jours de robe blanche
Et de beaux souliers cirés
On visitait les dimanches
Les parcs ou la parenté
C’était sacré nos dimanches
Repos pour l’humanité.


Je te préviens mon amour
Je reprends mes dimanches¸
Tu me trouveras dans la cour
Étendu sous les branches
Un livre à la main
À moitié endormi
Je t’enverrai la main
Amoureux insoumis


Je vous préviens commerçant
Je suis fermé les dimanches
C’est gratuit profitez-en
Pour prendre un peu de vacances
Vous seriez mieux à la pêche
Taquiner d’autres poissons
Déboucher une bière fraîche
Nous chanter d’autres chansons


Il y a mieux à faire
Qu’acheter vos affaires
Pour faire chier le beau-frère
Et plus savoir qu’en faire
Qu’à sacrer aux poubelles
Pour racheter de nouvelles
Qui sont encore plus belles
Pi qui sont en spéciales
On a la paye jeudi
Et une marge de crédit
On profite de la vie
Au centre commercial
Je sais bien que tout va
Quand l’économie va
Mais on ne mourra pas
D’un jour de sabbat
Sinon la fin d’semaine
C’est comme deux samedis
Comme tous les jours de la semaine
Et nous voilà lundi
Ah ! Ces maudits lundis…


Mais où sont rendus nos dimanches ?
Ces jours bénis, fériés
Ces jours de robe blanche
Et de beaux souliers cirés
On visitait les dimanches
Les parcs ou la parenté
C’était sacré nos dimanches
Repos pour l’humanité




Copyright © 2007 S. Timmons

dimanche 24 mai 2009

Lettre à Olivier qui a cet âge aujourd'hui
Avoir vingt et un ans


On a entamé la vingtaine, on est vraiment un homme.
C’est l’âge de toutes les libertés, l’âge de tous les dangers.
Un temps idéal pour se perdre.
Vingt et un ans, c’est un passeport pour le monde
Mais bien souvent avec une carte incomplète.
C’est l’aigre-doux de cet âge :
Une puissance et une impuissance à la fois.
Frustrant et stimulant.

On se cherche un rôle,
On se dessine un personnage
Qu’on veut jouer sur toutes les scènes.
Tu esquisseras les grandes lignes de ta vie;
Ce sera beau, magnifique, sublime, démesuré.
Puis tu effaceras, redresseras quelques lignes,
Réduiras un peu la perspective,
Retoucheras ici et là
Chaque fois avec un peu d’amertume.
C’est comme ça quand on voyage dans les étoiles.

Au bout de ce périple, il y a toi,
L’homme en paix que tu retrouveras
Dans quelques années.
Peut-être pas le héros attendu
Mais quelqu’un que tu seras content d’être
Beaucoup plus près du bonheur
Et tellement unique
Et tellement important
Pour ceux qui t’aiment,
Ton port d’attache.


****

dimanche 17 mai 2009

Par ma faute, par mes très grandes fautes


Écrire en faisant des fautes c’est permis. Pfiouuu! On relaxe. On a le droit. Comme chanter faux d’ailleurs. Du moment qu’on reconnaît un peu l’air, qu’on comprend un peu ce que l’on veut dire… c’est correct. C’est le fond qui est important, pas la forme. Chacun a le droit de s’exprimer du mieux qu’il peut et aussi mal qu’il veut. Permis, réglé, on a le droit. Citoyens, allez exercer votre droit.

Bien écrire c’est vouloir faire les choses « dans les règles de l’art » mais ce n’est pas une obligation. Se laver non plus d’ailleurs. Et encore moins passer des heures à se maquiller, s’habiller, se mettre en forme. On le répète, c’est le fond qui compte, pas la forme.

Malgré cette légitimité, allez-donc savoir pourquoi, je n’arrive pas à avoir les coudées franches quand j’écris. Cette liberté m’oblige. Je m’en formalise. J’ai toujours un pincement en décelant une faute quand je me relis. Coquetterie sans doute. Je sais que ce n’est pas grave, c’est le fond qui compte, et après tout j’ai bien le droit à l’erreur moi aussi. Après un certain temps un droit qu’on n’exerce pas se perd. Oups! Exercice : Pourtan je sait que ces le font qui conte.

Peut-être que dès le départ je devrais bâcler l’article, le barder de fautes pour ainsi me légitimer, me protéger, prétexter que je fais un peu exprès. - Pourquoi ne pas enlever le maudit filet quand on joue au tennis? - Voilà, je me prétends bègue et je bégaie. Alors si je bégaie, c’est tout entendu, on doit l’accepter. Venez m’entendre.

J’ai le droit à l’erreur, pas d’erreur là-dessus. Mais je me dis aussi que la beauté n’est pas inutile aux choses, elle les protège des rebuts.
Je continuerai de m’appliquer. Je vous demande pardon pour toutes les fautes que je ferai.


****

dimanche 10 mai 2009

Quelques mots




Pour être libre on n’a pas le choix,
faut faire des concessions.
C’est très contraignant la liberté.


*****


À la mort,
je croyais qu’on quittait le monde,
mais je constate qu’on part avec.


*****


Je peux bien mourir pour toi
mais je ne peux pas vivre pour toi.


*****


Près de la mort
Et prêt à la mort
On commence enfin à vivre


*****


Pauvres riches ! Toujours en manque.
C’est normal avec toutes les dépendances qu’ils ont.


*****

dimanche 3 mai 2009

Mon chien (Paroles et musique : Serge Timmons)


On peut me traiter de vache ou de tête de cochon
Ou de face de bœuf, de babouin, de poisson
Je suis de l’espèce de tout ce que vous voudrez
Mais me traiter de chien, là c’est exagéré !

Comment peut-on mettre sur le même podium
Le plus domestique meilleur ami de l’homme
Et l’autre, sauvage, misanthrope exalté
C’est mon chien finalement qui serait insulté

D’entre vous tous, mes chers concitoyens
Y a pas personne que j’envie plus que mon chien


Il habite comme me moi une maison confortable
Assuré d’un bon lit et d’une bonne table
Profitant de la vie, d’un paisible foyer
Et pourtant, je ne l’ai jamais vu travailler

Jamais vu, non plus, l’âme en peine ou stressé
Courir après sa queue comme nous toute la journée
Pour avoir plus d’argent ou de reconnaissance
Il sait, lui, que dans la vie ça brise les vacances

D’entre vous tous, mes chers concitoyens
Y a pas personne plus sage que mon chien


Je pense à tout, je règle tout et je fais tout
C’est moi, le grand manitou de mon toutou
C’est moi le maître, il le sait et ne s’en prive pas
À moi d’ouvrir la porte et servir le repas

L’exquise béatitude dans la soumission
Voilà le secret heureux de sa mission
Il me prie, me vénère et m’adore même, je crois,
Nous, on doute de Dieu mais lui jamais de moi

D’entre vous tous mes chers concitoyens
Y a pas personne plus fidèle que mon chien


Avis à tous les gens qui sont célibataires
Les chiens sont, croyez-moi, d’excellents partenaires
N’exigent jamais qu’on soit propre, mince, non fumeur
Toujours accommodant, toujours de bonne humeur

Si je n’avais déjà choisi ma compagne
J’aurais quand même dans la vie, qui m’accompagne,
Une âme sœur qui m’aime et me fait la vie belle
Mais là j’aurais plutôt choisi une femelle.

D’entre vous toutes mes chers concitoyennes
Y aurait personne plus aimante que ma chienne


Faut faire attention à son vocabulaire
Pour ne pas injurier les gens à la légère
Les traiter, par exemple, de chien, même sale,
‘tention certains pourraient ne pas le prendre mal

Pour éviter toute équivoque, toute ambiguïté
En ce qui me concerne, quand je veux insulter
Je préfère m’en tenir à des valeurs plus sûres
Et les traiter de cons, de caves, d’idiots, d’ordures !

D’entre vous tous mes chers concitoyens
Y a pas personne que je traiterais de chien.


Copyright © 2004 S. Timmons

dimanche 26 avril 2009

Bilan de guerre


- Je rentre de mission, mon colonel.

- Au rapport.

- J’en ai abattu trois.

- Bien. Mais pour une telle mission, ce n’est pas beaucoup. Ça ne sera pas un bien dur coup à l’ennemi.

- Oh, ne dites pas ça, mon colonel. Vous oubliez que je viens ainsi de faire en plus trois veuves, cinq petits orphelins - j’ai vu les photos qu’ils avaient sur eux - , ajoutez à ça trois mères inconsolables, plusieurs frères et sœurs endeuillés, sans oublier un nombre important d’amis éplorés. Excusez-moi, mon colonel, mais je crois avoir bien travaillé. Si vous le permettez, maintenant j’irais bien me reposer un peu… et pleurer.


Épilogue

Il ne faut pas laisser les soldats penser : ils risquent de s’humaniser. Et de l’humanité, comme on sait, ce n’est pas bon pour la guerre. Il faut en connaître le moins possible sur l’ennemi avant de le tuer. On a seulement à savoir que ce sont des monstres, et qu’il faut tuer les monstres. Point. Des monstres ça n’a ni cœur, ni âme, ni père, ni mère, ni foi, ni loi. Ça vient au monde tout seul comme ça, avec des fusils made in america dans les mains, et ça veut nous tuer pour rien.

Pour rien, ou alors seulement pour plaire à leurs dirigeants qui nous dépeignent comme des monstres. Nous, des monstres !!! On va leur montrer, qui sont les plus monstres; on en a nous des bombes au phosphore, des mines anti-personnelles, des gaz machin, des bombes atomiques… Notre civilisation est pas mal plus évoluée que la leur, ils vont voir. On va les sortir de leur ignorance, attends un peu. On va les civiliser ces gens-là. Ils vont tous un jour nous remercier. Après tout c’est pour leur bien. Pour leurs biens.


****

dimanche 19 avril 2009

La fontaine de Ghislaine
chanson


Où t-en vas-tu petit chaton
Si loin comme ça de ta maison
Perdu piteux et mal en point
Tu as besoin d’une caresse
Tu trouveras à cette adresse
Une Fée qui te sauvera
Te sauvera
Tu seras nourri et chéri
Et adopté pour la vie
Tu auras bu à la fontaine
De Ghislaine

Où allez-vous les cœurs brisés
Amis fâchés et déchirés
Plutôt perdus et mal en point
Moi je connais une fontaine
Pouvant mettre fin à vos peines
Une Fée qui vous sauvera
Vous sauvera
Vous serez nourris et chéris
Raccommodés pour la vie
Vous aurez bu à la fontaine
De Ghislaine


À la fontaine de Ghislaine
C’est l’amour inconditionnel
Dans les nuages un arc-en-ciel
Une table ouverte à tout le monde
C’est là où coulent à la fontaine
Le vin le rire et les « je t’aime »
Vous êtes au cœur de la Ghislaine
Une petite sœur pour tout le monde


Vous camarades déprimés
Laissés pour comptes et mal aimés
Ces jours où vous serez mal en point
Souvenez-vous de cette adresse
Si vous cherchez un cœur en liesse
Une Fée qui vous sourira
Vous sourira
Vous serez nourris et chéris
Et garderez pour la vie
Le goût de boire à la fontaine
De Ghislaine
De Ghislaine

À la fontaine de Ghislaine
À la fontaine de Ghislaine




Copyright © 2008 S. Timmons

dimanche 12 avril 2009

Soliloque


Quand tu es seul,
Vraiment tout seul,
Comme avant de t’endormir,
Es-tu avec ton meilleur ami ?
Es-tu avec quelqu’un d’intéressant ?
Sens-tu une ambiance heureuse,
Un univers ravissant ?
Peux-tu te parler franchement,
Rire et pleurer ?
Si oui, alors tu n’es pas seul.
Quand on s’aime dans la solitude
C’est qu’on a un ange
Que notre âme est sœur
Et qu’on est fait pour le bonheur.
****

dimanche 5 avril 2009



21 décembre 2012
La fin du monde… hâtez-vous.


Supplémentaire, nouvelle date. Après celles de l’an 1000, du 9 /9 /99, de l’an 2000, du 06, 06, 06… ne ratez pas celle du 21 décembre 2012. Après il sera trop tard.

Cette fois c’est la bonne, nous assure-t-on. Cette fois tout converge, pas seulement Quebecor, tout : de Merlin à Sibylle au I CHING en passant par la Bible et plus récemment par un nouveau Super Supra programme informatique appelé Projet WEB BOT. Tout et tous corroborent la même date qui est exactement celle où prend fin le Calendrier Maya. Cibole, qu’est-ce que vous voulez de plus ?

L’informatique ça ne trompe pas. Ce fameux programme WEB BOT analyse toutes les données possibles sur le web, regroupe toutes les âneries qui reviennent le plus souvent et crée une sorte de palmarès de l’imaginaire collectif qui assure que Dieu existe, les martiens aussi, les Américains sont les plus forts ou que les Canadiens ne feront pas les Séries… Tout y est compilé scientifiquement. Quand on le consulte après l’évènement on se rend bien compte que c’était clairement prévisible : le grand tsunami de Noël 2004, la crise économique mondiale actuelle, les Évènements du 11 septembre 2001, le Bug de l’an 2000.
Grâce à Web Bot, ce fameux bug on l’a vu venir, avant. Vous vous souvenez de la panique générale annoncée : tout devait « jammer », les ordinateurs, les avions, les montres. Les missiles nucléaires devaient décoller sans faire exprès et tomber sur le Liban et la Palestine… Enfin plein de choses comme ça, parce qu’on se disait, wow, l’an 2000, c’est tout un chiffre rond, les ordinateurs vont capoter en voyant ça. Même les astres n’en seront pas indifférents. Quelque chose va se produire, c’est sûr. Et effectivement, on a rapporté plusieurs toasters qui ce matin-là ne fonctionnaient pas.

C’est loin d’être fou ce qu’on dit, et encore on nous dit pas tout, mais on n’est pas des fous. Hitler, Elvis; ça fait longtemps qui sont pas morts.

Mais c’est correct, il ne faut pas tout dire. Surtout en ce qui concerne la Fin du monde. Présentement, je suis un peu déçu, certains ont décidé de consulter les oracles avant les prochains évènements. Ce n’est pas correct. À cause d’eux maintenant on sait la fin. On sait la Fin du monde. Et sans trop vouloir vous dévoiler la fin je vous dirai seulement que ca n’a pas l’air d’un happy end pantoute. Tous les oracles de tous les temps, sans ne s’être jamais consultés en font une description identique. C’est bien la preuve. Ils prédisent tous que ça se fera dans le chaos, le feu et le sang. Pas du tout dans la joie et l’amour, comme certains auraient pu le croire.

De plus les scientifiques vous confirmeront qu’à cette date du 21 décembre 2012, la position des planètes sera telle qu’elle ne l’a jamais été depuis plus de … de… disons 28503 ans. Ça n’arrive pas souvent ça. Bien sûr, la position actuelle est aussi rare - le ciel se déplace de sorte qu’il est toujours rarement pareil - mais là ça va ressembler trop à une ligne droite, ou à un 69 cochon… en tout cas le Ciel n’acceptera pas ça. Bref, là là, le SYSTÈME va se dire : « on est rendu au boutte, on revire de bord ». Les pôles vont s’inverser, puis ça va breaker sec dans la nuit qui suivra le 20 12 2012. Pas de réveillon de Noël cette année-là.

Mais, vous allez me dire, c’est donc si sérieux que ça? Eh, oui. Mais ne devrait-on pas taire ces informations-là pour éviter la panique dans la population? Je suis bien d’accord. Mais que voulez-vous, c’est de la grosse nouvelle. Ça fera sûrement la Une. Surtout si Nathalie Simard est impliquée. Et comme il n’y aura personne pour lire les journaux le matin avec son café, alors faut jouer la nouvelle avant. Marketing ! Mais si on se trompe ? Alors ce sera une bonne nouvelle. On va tous se mettre à rire… comme après un chatouillement. Hi hi hi, grands fous ça a fait peur, hi hi hi !


……… Dieu, qu’on est des enfants ! Je crois qu’on est d’heureux imbéciles… qui ne veulent pas toujours être heureux, mais toujours imbéciles. Ma question : Est-ce le propre de l’homme, dans toute l’espèce animale, de ne jamais maturer ? Si la réponse est oui, je ne serai pas si malheureux, mais qu’au moins on s’amuse un peu !


****

P.S. : Un jour je vais me mettre à pleurer.

dimanche 29 mars 2009

Une autre entrevue avec moi-même, mais cette fois c’est sérieux, enfin pas trop niaiseux… même un peu plate et beaucoup long.


Discours sur la morale


Moi - Déjà le titre ça fait sérieux. Mais n’est-ce pas un emprunt de Nietzche ?

Moi - Non, lui c’est la Généalogie de la Morale. Descartes c’est le
Discours sur la Méthode. Moi c’est un peu des deux.

- Que pensez-vous justement de Nietzsche ?

- Je pense qu’il y a beaucoup de lettres inutiles.
(Celle-là n’est pas de moi… mais c’aurait pu)

- Bon, on avait dit qu’on serait sérieux…

- C’est vrai. Sérieux. Sérieuuux!

- D’abord, qu’entendez-vous par la morale?

- Rien de savant sur le Bien ou le Mal. Ni non plus sur les Devoirs et les Buts de la vie. Ça viendra peut-être un jour. Non, en fait le titre c’est pour accrocher. C’est de moralisation que je veux parler : l’intérêt d’avoir une approche consciente sur nos actions et de communiquer ses interrogations morales ou philosophiques.

- Moraliser : le mot déjà indispose. Car qui en a l’autorité ? Qui a la meilleure Morale ? Ce qui est bien pour un peut ne pas l’être pour l’autre, et vice versa. Chacun propose sa façon de voir, et voilà. Chacun croit toujours avoir raison, sinon chacun penserait autrement.

- C’est juste.

- Alors, il est tout à fait stérile ou erroné, de vouloir corriger la conduite de l’autre.

- Il ne s’agit pas, dans mon cas, de trouver LA VOIE pour tout le monde. Je laisse ça aux savants philosophes et hommes de science, qu’ils s’amusent. Je cherche pour moi la compréhension des choses, la meilleure attitude à prendre pour une vie en harmonie, sage et satisfaisante.

- Mais alors, pourquoi faire la morale aux autres ?

- Je ne la fais pas aux autres; on vient de dire que c’est bête, et je le crois. Au début de cet ouvrage, dans la préface je crois, j’ai bien avisé le lecteur, que toutes ces réflexions me concernaient. Je n’écris que pour moi. Je me fais la morale. Je cherche. Je m’insulte. Je me brasse. Je publie seulement parce que j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à se questionner. Alors je me dis que ma réflexion pourrait peut-être servir aux autres qui cherchent.

- C’est bien dit comme ça, mais n’empêche, le ton moralisateur on le sent bien dans
vos chroniques.

- Écoutez, je veux être un hôte poli : On vient me visiter, je reçois. Je m’efforce de bien écrire, de détendre l’atmosphère avec un peu d’humour, j’essaie de varier mes plats, je prends soin de ne pas trop dire de bêtises… mais ciboire, je suis chez-nous !

- Oui, mais vous venez nous chercher dans la rue pour qu’on vous visite.

- Bien sûr, bien sûr, bien sûr. Je me suis un peu emporté. N’empêche que c’est vrai : je suis chez-moi. Je veux dire par là que c’est de mon point de vue. Il n’y a rien de vraiment objectif dans ce que j’écris. Il n’y a que la quête de compréhension qui soit « partageable ». Cette quête, elle est bien réelle et se passe presqu’en direct. Beaucoup de réflexions, de façons de voir (et même de vivre) me sont venues en écrivant, en me questionnant, en présentant mes idées. On ne sait pas au départ où ça va aboutir tout ça. On a une petite idée, mais au développement ça prend des proportions parfois inattendues.

- Comme cette petite montée de lait de tantôt ?

- Exactement. Pourtant je faisais bien attention.

- Bon. Mais revenons à cette Morale dont il est question. Faut-il ou non moraliser ?

- Je crois que oui. Parce que voyez-vous, les gens sont toujours très occupés. La plupart n’aiment pas trop penser ou n’ont pas tous les repères nécessaires. Leur vie est trop trépidante ou trop astreignante. Quoiqu’il en soit ils font face quotidiennement à différentes problématiques et dans des humeurs souvent bien changeantes. Il leur est très difficile, sans longuement réfléchir ou prendre des avis judicieux de personnes sages, de régler les petits conflits. Souvent ils vont prendre une position qui va empirer les choses.

- Mais vous, vous êtes au-dessus de la mêlée, c’est ça?

- Mais qu’est-ce que je disais tantôt ? C’est de moi que je parle, connard. Cout’ donc, me lis-tu quand je parle ? Je n’utilise pas le « je » mais c’est pour faire plus littéraire, bon yeu! C’est facile à comprendre, me semble.

- Je sens que vous allez encore vous excuser.

- Bien sûr, bien sûr, je m’excuse. Je m’excuse. Mais c’est ça quand même. C’est un exercice d’analyse; je me sors du lot pour (me) nous observer. Dans cette marche en forêt, je laisse le peloton parfois pour grimper dans un arbre afin d’avoir une vue d’ensemble sur notre groupe et de la directions où l’on va. Mais je suis toujours de ce groupe d’humains; je n’ai pas de perceptions extérieures à nous comme peuvent l’avoir les animaux de la forêt sur notre présence. J’aimerais bien avoir leur idée là-dessus. Là je serais au-dessus de la mêlée. Mais, enfin, poursuivons.

- Nous disions…

- Nous disions que tout le monde, bien souvent, se couche en se disant que tout ne va pas toujours pour le mieux. La vie est compliquée, nous sommes complexes. On est tous un peu à la recherche de la lumière. On voudrait que tout ait un sens, que toutes nos actions soient les bonnes. Sans regret. Sans envie. Sans remords. D’où, si je peux me permettre…

- Bien sûr, allez-y, allez-y.

- Merci. D’où cette favorable fréquentation de moralisateurs tel que je peux parfois être. On s’entend ; pas celui qui moralise après, mais avant que les choses se passent. Il faut annoncer la courbe avant qu’on l’ait passée, pas après. On philosophe avant ou pendant qu’on vit les évènements. Calmement et dans le respect des limites, des réalités de chacun. Sinon ce n’est plus de la compréhension, c’est du prêche. Ça devient du moralisme qui énerve tant.

- Mais qui peut le faire ? Qui a cette autorité ?

- Bien souvent nos amis. Les sages dans notre entourage. Nos parents quand on était petit. Enfin toutes les personnes de gros bon sens. Ils ont cette autorité.

- Oui, mais eux qui les éclairent ?

- Je suis content de cette question. Un peu plus et je me la posais moi-même. C’est là où nous en venons. Ce sont à eux qu’il faut s’adresser; eux, visitent les philosophes, vont lire, s’interroger, chercher, et souvent trouver, au moins temporairement, des réponses, des modèles à suivre.

- On vous dépeint comme un objecteur de conscience. Vous, comment voyez-vous ça ?

- C’est un titre plutôt honorable. On confond souvent avec un empêcheur de tourner en rond, ou quelqu’un qui cherche constamment la contradiction. Là- dedans je ne me reconnaitrais pas, mais dans le sens premier du terme, souvent attribué au militaire qui refuse de combattre dans certaines situations par respect absolu de la vie, là je suis partant.

- Faut-il donc toujours philosopher ?

- Diderot dit : « Le peuple parle de vivre d’abord et de philosopher ensuite; mais le sage propose de philosopher d’abord et de vivre ensuite, si on le peut ». Moi, je pense qu’il faut surtout vivre, quitte à ne jamais philosopher. Je ne crois pas que mon chien est en train de rater sa vie -quoique je le soupçonne de philosopher un peu. Car philosopher permet peut-être justement de profiter pleinement de la vie. Surtout pour une espèce comme la nôtre, encline à de grandes angoisses. Nous sommes constamment tiraillés par l’envie, le remords, l’orgueil, l’exaltation. On est moins soumi à l’instinct, alors il nous faut tout acquérir, apprendre, transformer. On ne peut pas vraiment bien vivre sans réfléchir, communiquer, philosopher un tant soit peu.

- Mais l’introspection intensive n’est pas le fait de tout le monde. Et comment mesure-t-on une plénitude de vie ?

- Je crois qu’on a tous nos moments d’introspection, de grands questionnements sur nos vies ou sur la vie en général, mais c’est souvent dans les moments lourds : les grandes décisions, lors des gros problèmes. Idéalement ce serait bien d’avoir pratiqué avant, lors de situations plus légères. Idéalement ce serait bien d’avoir conservé une certaine maintenance quotidienne et agréable.
Quant à la plénitude de la vie je dirais qu’on a tous un rendez-vous avec soi-même à un moment donné dans la vie (et certainement avant de mourir) et c’est là qu’on aura un regard révélateur sur « l’ensemble de son œuvre ». Vaut mieux être préparé. L’examen risque d’être court, les questions embêtantes, et le verdict tranchant. Le philosophe s’étant évalué en se passant régulièrement quelques contrôles risque moins d’être déculotté.

- Mais n’est-ce pas une mortification un peu ridicule que de se tourmenter sans cesse ? N’est-ce pas ainsi une façon de rater sa vie pour ne pas rater sa mort ?

- Le poète en moi a envie de mourir constamment, le philosophe heureusement le divertit. Se tourmenter n’est pas un exercice si déplaisant. C’est une sorte de travail. Certains prennent plaisir à travailler, vous savez.

- Et d’autres pas. Nous sommes bien placés pour le savoir. Alors la question est toujours la même : À quoi prétendent les moralisateurs de votre espèce ?

- … Oh, je ne m’attendais pas à cette question là.

- !?!?!?

- C’est vrai. Euh… pouvez-vous répéter la question ?

- C’est très bien de faire son affaire en son âme et conscience, mais pourquoi vouloir vendre sa vision aux autres ? Pourquoi ne pas se contenter de penser et laisser penser comme de vivre et laisser vivre ?

- Chacun peut chanter dans sa douche. Pourquoi certains ont-ils le besoin de monter sur les planches ? Peut-être que là on en arrive au domaine de l’art. Philosopher est un art. C’est une expression. C’est du domaine de la communication. Les artistes proposent une façon de voir, de ressentir les choses. Ils modifient la matière pour l’exprimer aux autres. Il y a toujours une proposition là-dedans.

- Oui, mais la portée n’est pas la même. On sent moins les intentions derrière.

- Pas sûr. Ils reflètent leur époque, ils alimentent les courants de pensée. Plusieurs prennent carrément position, et leur portée n’est pas sans conséquence. Doivent- ils ne produire que pour eux?

- Chacun veut influencer l’autre; on ne s’en sort pas. On est toujours étonné que l’autre n’aime pas ce qu’on adore. Ou pire encore, aime ce qu’on méprise. On ne comprend pas. On a le sentiment que l’autre est (au moins un peu) dans l’erreur. Mais comme c’est le lot de tout le monde, n’est-il pas sage de laisser les choses aller?

- Sûrement, mais ce n’est pas communiquer. Je le répète l’artiste, le créateur, ne laisse pas les choses comme ça : il développe, rebâtit, suggère. Son esprit, ses émotions lui commandent d’intervenir. De proposer autre chose. La philosophie est un art… qui tend vers la science peut-être, mais, selon moi, un art d’abord.

- Disons. Mais moraliser, faire les leçons, prêcher…

- Nous sommes des êtres moraux; de ça non plus on n’en sort pas. Toutes nos questions, toutes nos actions, nos œuvres sont morales. On peut fonctionner sans réfléchir, d’ailleurs on le fait assez souvent, mais du moment qu’on réfléchit sur ce qu’on fait on devient moral. Et c’est là qu’on prête l’oreille aux philosophes, aux moralisateurs.

- Oui, d’accord, mais on prête l’oreille à ceux qu’on veut bien entendre.

- Exactement, voilà où nous en sommes. L’étape suivante est de discourir sur LA MANIÈRE ET LE PROPOS.

- Ce que nous ne ferons pas maintenant.

- Oh non. Là, le lecteur est fatigué.




*****

dimanche 22 mars 2009










Un monde gentil mais bien commercial


Le boxing day - qui en passant devrait être représenté par des boîtes plutôt que des gants de boxe (!?) - n’a plus la subtilité de nous frapper le lendemain de Noël. Non, la vente d’après Noël on nous la passe avant, on ne prend pas de chance. C’est dans le journal du 24, aux Ailes de la mode, au Centre Hi-Fi, c’est parti mon kiki, toute la journée, c’est le méga solde d’après-Noël (sic). Ça, c’est du marketing. Bah, un jour avant, me direz-vous, c’est pas si pire, ouais, mais c’est comme ça qu’on va y arriver : un jour à la fois. Et bientôt on va pouvoir retourner nos cadeaux avant même de les offrir. Extraordinaire, non ?

Noël, c’est une grosse business ; jamais vu tant d’espace occupé par ces réclames en cahier A, le cahier des grosses nouvelles, des éditoriaux, des actualités, du Monde… où tiens, justement, il y a un article de misère intitulé JOURNÉE TROUBLE EN GUINÉE, juste au-dessus de la grosse nouvelle 70 % DE RABAIS super solde chez LaBaie. Ça, c’est du marketing. Plein de cadeaux, c’est Noël.

Si, si, regardez, tout est réduit (même la qualité) : DES AUBAINES / SUPER SOLDE / VENTE D’INVENTAIRE / FAUT LIQUIDER, l’entrepôt est bourré jusqu’au plafond. Vous en voulez un, il est même gratuit… à l’achat de douze.

« Pardon, monsieur le commerçant, ça fait cinq magasins que je fais : est-ce qu’il vous reste des poubelles, des grosses sur roulettes, des corps à vidange? » Non, ça on n’en a plus. Mais on a tout ce qu’il faut pour les remplir.

AUBAINES INCROYABLES / ÉCONOMISEZ / QUANTITÉ LIMITÉE, HÂTEZ-VOUS… Ça, c’est deux propositions sémantiques qui ne vont pas ensemble, économiquement parlant. On ne réduit pas le prix sur la rareté. Normalement on l’augmente. Les chambres d’hôtel ne sont pas à moitié prix l’été.

C’est tellement ÉNORME. Avez-vous déjà acheté (souvent des vêtements, toujours des matelas) avec des réductions de 50% et même 80% sur le prix régulier ? Et, forcément il reste une marge de profit. Avez-vous déjà imaginé la marge indécente de profit sans ça ? Heureusement pour nous, les prix sont toujours réduits. Il est même impossible d’acheter un matelas au prix régulier, à moins d’en avoir un deuxième gratuit, ou un lave-vaisselle, ou je ne sais quoi…

Mais qui veut-on leurrer ? Y-a-t-il tant d’enfants qui achètent des matelas ? Toutes les propositions commerciales sont enfantines. Sont gentilles, avenantes, prévenantes.

Et moi qui chante que le monde est dur… Non, le monde n’est pas dur. Il est gentil. Tellement gentil, toujours attentionné. Plein de sourires et de poignées de main vigoureuses… autour du comptoir. Les hommes, dès qu’ils ont une cravate au cou, ils civilisent : « Bonjour, ça va bien ? » Tu tires dessus un coup : « on veut vous faire économiser », tu tires encore un autre coup : « on est là pour vous, on a pensé à vous », tu tires même pas dessus, et ça marche tout seul : « Félicitations, vous avez gagné… Voulez-vous essayer, c’est gratuit… On est dans le coin, profitez des nos essais sans engagement… C’est gratuit… On vous le donne… On en a plein d’autres comme ça, qui nous ont coûtés une fortune et qu’on veut donner à tout le monde qu’on ne connaît pas ».

Pure gentillesse. Prodigalité. Altruisme. «Notre souci : votre bien-être ».
Rien d’autres ?
Attendez… non, pas vraiment.
Attendez, je lis la réclame : …patati, patata… vous ne payez rien pendant 2 ans … pas d’intérêt, même pas les taxes… on vous donne un cadeau en plus… on vous livre gratis… Non, je ne vois pas : ça me semble tout à fait caritatif. Répandre le bonheur autour de soi. Rendre les autres plus riches. Tiens, c’est bien marqué ici : Au service des gens… votre satisfaction nous tient à cœur. On vous en donne plus pour votre argent





On vit dans un monde merveilleux. Y’a plein de gens comme ça qui font du bénévolat. Tiens, les livreurs de pizza par exemple, souvent des jeunes qui donnent de leur temps. Oui, oui, lisez par vous-même : LIVRAISON GRATUITE. Pure bénévolat. Parfois je fais un don, discrètement. Mais tout le monde n’a pas autant de cœur. Souvent les riches (toujours les riches) abusent de cette humanité. Tellement, que beaucoup de restaurateurs, sensibles à la justice sociale, offrent une réduction de 10% si vous passez ramasser au comptoir. Tous des philanthropes. Pensez, s’engager à faire un don de10% afin de permettre un meilleur accès de ce service (gratuit, ne l’oublions pas) aux plus démunis.

Non, non, le monde n’est pas dur. Ou alors avec un centre mou. On n’est pas loin du cœur, mes amis. Pas loin du cœur. Et nous, pendant ce temps-là, que fait-on ? On chicane sur des riens. L’essence à $ 1.39.

Bah! $ 1.39, on a fini par s’y habituer. Mais là, $ 1.52, WÔ!
La panique, mon vieux, à chaque fois que ça monte de 10¢. Wôô, wôô, là les stations services sévissent : on barre les pompes. Pourquoi ? C’est rendu qu’on se fait voler, m’a répondu avec franchise un franchisé. Tiens, c’est justement ce que je pensais moi aussi. Dur coup pour l’humanité. On devient voleur passé $ 1.50. À $ 1.75, on va bien mettre le feu.

C’est comme ça, chaque fois que ça monte de 10¢ il y a un peu d’humanité qui se perd. La bousculade aux pompes : tout un branle-bas pour sauver quoi ? $ 7 - $ 8, qu’on va se dépêcher d’aller dépenser pour une poutine et un coke avant de souper ? La bousculade pour un plein d’essence qui va nous durer quelques jours. Après, pas le choix, on paiera le prix, calmement, très civilement en s’envoyant des « bonjour, comment ça va ». Ça m’étonne toujours ces réactions de mes semblables. C’est pas pour faire l’important, mais je me bats jamais en bas de $ 100. Question de principe.



Ah! Quel monde incroyablement commerçant : à la télé, dans les journaux, au téléphone, dans la rue… tout ce monde toujours après moi pour me commercer quelque chose. Dès qu’on me sourit je crains le pire. Pas normal, ça. Arrêtez de vous intéresser à moi que pour mon bien. J’n'en ai plus ! Par contre, moi aussi j’ai des causes à promouvoir. Tiens, pour vous encourager je vais l’acheter votre barre de chocolat, en échange, pouvez-vous m’acheter ces crayons que je vends ? Et votre chocolat je le garde pour le prochain qui aura un crayon à me vendre. Moi aussi j’ai un petit voyage à financer, une partie de soccer (ou de golf), une petite tombola, enfin plein de projets. Moi, aussi.


Mais j’ai bien peur que sans nos petits commerces on ne s’envoie plus la main... qu’on ne s’envoie que chier.


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