dimanche 19 octobre 2008

ENTREVUE EXCLUSIVE
Primeurs et révélations chocs !

Serge Timmons se confie à… Serge Timmons

Voici un extrait de l’interview qu’il s’est accordé à lui-même.


STQ. Certains critiques ne sont pas tendres envers vous. Est-ce que ça vous dérange ?

STR. Ça dépend. Si le critique n’en est pas trop malheureux, ça ne me dérange pas. Autrement, je suis navré. J’aime pas blesser les gens.

Q. Ce qui n’empêche pas que certains chroniqueurs vous descendent.

R. Me descendre? Je ne savais pas qu’ils partaient de si haut.

Q. Mais vous n’avez pas de …

R. On devrait se tutoyer, quand même.

Q. Non, je préfère le vouvoiement. Il y a peut-être des gens qui nous lisent. Ça fait plus sérieux et moins complaisant.

R. C’est vrai. Continue-je.

Q. Certains lecteurs, la plupart en fait, ne savaient pas que vous faisiez aussi de la chanson. Je veux dire que vous chantiez et étiez sur le point de sortir un album.

R. … j’attends la question.

Q. Non, je voulais juste dire ça.

R. Eh bien, on le sait maintenant. Ça s’appelle LES NAÏVES. Vous, tu, je le connais? Je, vous, tu l’avez entendu? Tu, je, vous l’aimez ?

Q. Superbe. Génial. Les épithètes me manquent.

R. Euh…je continue à poser les questions? Ou c’est moi? Enfin l’autre? Le Q.

Q. C’est vrai. Pardon, on s’est mêlé là. Euh, pourquoi l’avez-vous-je intitulé
LES NAÏVES ?

R. Parce que le propos dans la plupart des chansons me semble naïf.

Q. Naïf, dans le sens niaiseux ?

R. Euh…b.b.b.b.boui..., si on veut. Mais aussi, surtout, dans le sens candide. Des espérances un peu ridicules. Des observations, des questions, des attentes plutôt enfantines dans ce monde adulte, très sérieux.

Q. Donc, un peu niaiseux ?

R. Euh…b.b.b.b.boui..., si on veut.

Q. On veut.
À part votre parenté, et quelques amis obligés, qui vont peut-être aimer, les autres, les professionnels, les vrais artistes, les connaisseurs n’aimeront peut-être pas votre approche « objecteur de conscience », votre style un peu vieille chanson française. Ne craigniez-vous pas d’entendre de fort méchantes critiques à votre endroit ?

R. M’en crisse.

Q. Non, mais quand même !

R. M’en tabarnaque.

Q. S’il vous plaît ! Mais encore ?

R. M’en sainciboirise.
Vous savez, je peux dire bien du mal des moules, des huîtres et du fromage bleu que je n’aime vraiment pas. Et je connais du monde qui pense tout à fait comme moi. Mais les amateurs seraient bien ridicules d’en être offensés. Et les huîtres encore plus.

Q. Ce qui veut dire ?

R. M’en sacramente.

Q. Ceux qui ne vous connaissent pas pourraient, à l’écoute de vos chansons, se faire de vous une image bien différente de ce que vous êtes en réalité dans la vie.

R. Développez.

Q. À vous entendre on pourrait croire que vous êtes bohème, anarchiste, militant altermondialiste… alors que dans les faits vous êtes antisocial et plutôt petit bourgeois confortable et bien adapté dans son 450. On ne vous voit jamais militer, ni même contribuer à la défense des causes dont vous voulez nous sensibiliser.

R. Renveloppez.

Q. Me trompé-je ?

R. Pas du tout. Je vois que vous me connaissez bien. Je suis pas mal tout ça, en effet. MAIS, doutez-vous de ma sincérité, mon cher monsieur ?

Q. Moi, non. Mais les autres peuvent.

R. Eh bien, nous allons préciser les choses.
Il y a l’action et la pensée. Moi je n’ai à peu près que la pensée. C’est
comme ça. Je ne suis pas tellement porté à l’action ou la mobilisation. Je n’aime pas les drapeaux. Une cause me plaît, je l’embrasse, mais je ne l’épouse pas. Une sorte de célibataire endurci. On peut aimer la mer sans être marin et la montagne sans être alpiniste. Je crois pouvoir aider sans être dans l’action.

Q. Expliquez-vous.

R. Par exemple, je n’ai jamais hébergé un sans-abri. Je ne parcours jamais les parcs pour les nourrir comme des pigeons. Et pourtant je suis de tout cœur avec eux, et j’ai une grande admiration pour tous les intervenants qui leur viennent en aide. Mais, moi, je ne suis pas un homme de terrain : pas ma nature, trop intimidé, paresseux, insociable…. ce que vous voudrez, mais non indifférent pour autant. Au contraire, je suis touché, troublé, je veux faire quelque chose. Alors je prends la plume et par mes écrits, mes chansons, j’essaie d’attendrir les cœurs, sensibiliser mes semblables à la chose, et peut-être qu’ainsi je leur évite quelques roches ou
invectives.

Q. Mais n’est-ce pas un peu facile ?

R. Oh, excusez. Je peux écrire debout aussi, si vous voulez, et avec une charge de 50 kilo. Comme ça, ce sera un peu plus difficile.

Q. C’est pas ça que je veux dire. Ce que je dis c’est que le ventre plein, bien confortable à la maison, tout le monde peut avoir de bonnes idées et refaire le monde avec plein de vœux pieux. Mais rien ne changera si personne ne met la main à la pâte, et ne se mouille, et ne s’implique, et…

R. … mais t’es donc ben haïssable toé, finalement. Je comprends les autres de ne pas m’aimer…
Attention : tout le monde le ventre plein, bien confortablement à la maison, comme vous dîtes, ne refait pas le monde. Je crois même que la plupart ronflent ou écoutent la télé. Sont plus prêts à la réaction qu’à l’action , le genre « qui fassent comme moé, qui travaillent, sti ». Beaucoup n’aiment pas tellement se casser la tête et se remettre en question, si vous voulez mon avis.
La conscientisation n’a rien de confortable. À la maison comme dans la rue, c’est le même combat. Le même combat contre l’indifférence ou le mépris.
Je suis auteur, pas acteur. C’est tout. À la tâche je ne me salis peut-être pas les mains, mais beaucoup l’esprit, croyez-moi.
Enfin, c’est ma façon. Excusez-moi du peu.

Q. …

R. Vous ne répondez pas. Vous ne questionnez plus ?

Q. Je suis un peu blessé. Est-ce vrai que vous me trouvez si haïssable ?

R. Mais nonnnn. Je disais ça comme ça. Tu le sais, je nous aime bien,
… mais parfois on est un peu haïssable.


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