dimanche 8 mars 2009

Mourir pour rien dans une guerre perdue


C’est bien ce que j’ai lu et entendu cette semaine. Pour rien ? Je fatigue. Quelle est cette compréhension ? Pourtant ce n’est pas rien la guerre. Comment peut-on mourir pour rien dans une guerre ? Comment peut-on penser qu’on ne peut pas perdre une guerre ? Ça meurt des deux côtés assurément. Et une guerre comme ça, ça ne se gagne à peu près jamais. Ça finit toujours en compromis : un des deux camps recule sur ses prétentions… et c’est l’armistice. Celui qui « gagne » ne sait jamais trop quoi faire avec ça. Surtout quand c’est l’agresseur. Il est pris avec des hargneux, de futurs revanchards, une situation impossible et coûteuse à gérer. À la fin, souvent il se retire avec butin bien maigre.

Alors imaginez quand il ne gagne pas. Pas d’erreurs, leurs soldats meurent toujours pour rien. Ces guerres télécommandées et commandées sous de faux prétextes ne servent généralement à rien. Nous les acceptons parce que nous sommes tous un peu barbares. C’est dans nos gènes. C’est une pulsion. Dans le processus de l’évolution on est encore pas mal plus singeux que sapiens. Les sages en désaccord discutent, les singes se battent.
Dans un désaccord on se rend finalement à l’argument imposant de l’autre. De gré ou de force. De gré, ça sert aux deux. De force ça sert à rien. Ce n’est que partie remise.

J’essaie toujours de comprendre : si on croit gagner la guerre, alors nos soldats ne meurent pas pour rien, ils sont même des héros. Mais du moment qu’on pense la perdre… alors là on ne joue plus. Si le jeu n’est pas paqueté en notre faveur, on débarque. Rembarquez-moi tout ça ! On s’en va. Du coup, ça rend effectivement leur mort bien inutile. Du coup ça donne une bonne indication des motifs au départ de la faire : jamais c’était si important, jamais cette guerre était essentielle, vitale ou juste comme pourtant cette entreprise extrême devrait toujours l’être.

On peut se demander si on a bien fait d’attaquer, mais jamais si on a bien raison de se défendre. En tout cas, il y a un côté où on ne meurt jamais pour rien.

J’aurai été contre tout finalement dans cette guerre : de la faire, de la poursuivre, de l’arrêter. Mais je me réjouis quand même qu’on l’arrête.

Si on se replie, si on décide de parler avec les talibans, si on convient de laisser ces peuples gérer leurs affaires eux-mêmes, si on réalise qu’on n’a pas affaire là (autrement qu’en mission de paix), alors nos soldats ne seront pas morts pour rien. Leur sacrifice aura servi au moins à nous donner cette leçon. On aura perdu la guerre, mais gagné un peu de sagesse et d’humanité.

Mince victoire, mais bon, il en faut bien une pour que nos soldats ne soient pas morts pour rien.




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