dimanche 29 mars 2015


Je ne vois pas en quoi quelqu’un peut se sentir supérieur à un homme heureux.

 

 
Enfermé

 

    Je peux rester là toute ma vie, enfermé entre les quatre murs de cette petite pièce de rien du tout, conséquence d’une incarcération dont je ne sais plus la cause. La folie, peut-être. Tant pis, du moment que je suis à l’abri, je peux vivre isolé du monde pour toujours. Je me vois très bien passer le reste de ma vie ici. De confort pas besoin. Des autres pas besoin, non plus. Du monde et de ses splendeurs, je m’en passerai. J’ai ma tête. C’est tout ce dont j’ai besoin. Ma tête, folle d’imagination. Et mon cœur capable de tant d’émotions. 

    Ne pas souffrir, c’est tout ce qui compte. Je peux m’occuper d’un rien. Je peux passer des heures, des jours, des années simplement à regarder couler l’eau. Ces gouttelettes sortant du robinet, je les identifie, une par une, leur donne vie, je les suis dans leur descente jusqu’au fond du lavabo; un mouvement, ici ou là, voilà tout ce dont j’ai besoin pour occuper mon esprit. Un mouvement, juste pour me savoir toujours vivant. Tiens, cette petite araignée-là, je m’en ferai une amie. Elle doit déjà se douter qu’on sera copains, car elle reste là, à ma vue, ne cherchant pas à se cacher, comme tant d’autres le feraient. Ou alors, c’est qu’elle a la conscience tranquille. Ça adonne bien, moi aussi. On sera amis.

    On vieillira ensemble. On se partagera cet espace minuscule. Il y a de la lumière, de l’eau, une cuvette, tout ce qu’il faut pour vivre tranquille, seuls, loin de toutes contraintes et de toutes menaces. Juste plus grand qu’un tombeau, pour pouvoir marcher un peu. C’est parfait. Ils peuvent la lancer leur bombe atomique. Elle peut bien péter et toute l’humanité disparaître; je fus et je suis. Trop tard! Ma conscience a maintenant pris conscience.  

    Ils vont bien finir par nous la faire sauter cette bombe. C’est prévu. On ne peut pas laisser les hommes avec une telle puissance et espérer qu’ils ne s’en servent pas. Ils aiment la guerre. Ils aiment gagner. Ils feront la guerre pour la gagner. Ils vont nous la péter, c’est sûr. D’ailleurs, c’est peut-être déjà fait.  

    – Charles, vas-tu bientôt sortir de là, ton petit frère a envie. Ça fait une demi-heure que t’es enfermé là-dedans. Es-tu passé par le trou?

 

***
 

dimanche 22 mars 2015

                     Le clou                                     
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
Du temps où j’étais tout luisant
J’avais un avenir séduisant
J’travaillais fort pour devenir
Plus tard un grand clou à finir
 
Je rêvais de passer ma vie
Bien planté dans du bois verni
Au coin d’un endroit stratégique
Avec des amis sympathiques
 
Puis un jour, sentiment nouveau
J’ai rencontré près du niveau
Une vis vicieuse et bien tournée
Dans sa boîte elle m’a emmenée
 
Alors j’suis devenu amoureux
Avant de dev’nir malheureux
Elle m’a cloué le cœur, l’ingrate
Pour un d’ces clous à grosse tête plate
 
J’ai presque croché sur le coup
Car j’aimais bien l’aimer beaucoup
Elle donnait un lustre à mon fer
Quand elle me faisait des affaires
 
Savoir avec qui elle se vautre
L’entendre dire un clou chasse l’autre
M’a fait, et sans que j’exagère,
Rouler en bas de l’étagère
 
Lors, un menuisier maladroit
Sachant rien faire de ses dix doigts
Puis sans dessein par-dessus tout
Eut l’envie de cogner des clous
 
Son œil débile, sans appel
Cherchait partout et je me rappelle
Son sourire bête quand il me vit
Traînant par là sur l’établi
 
Bout de bois en main, v’là qui s’entête
S’cognant s’es doigts, m’cognant sa tête
À toute force je fendis la planche
Il me crochit pour sa revanche
 
La rage au cœur, le feu au cul
Comme s’il avait été cocu
Nous jeta dehors sa planche et moi
Et courut se panser les doigts
 
On est resté depuis ce temps
Des prisonniers indifférents
Elle me retient, moi je la cloue
Sans se vouloir sans être jaloux
 
Je suis un vieux clou tout rouillé
Seul sur une planche mouillée
Qui sert à rien et pire que tout
Qui ne vaut même plus un clou !
 
Pas toujours, rose la vie de clou.
 
 
 ***

dimanche 15 mars 2015


      La mort racoleuse           
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
 
 

    J’ai tout perdu mes poux,    
                             
Mes tiques, mes puces, mes lentes
 
Je ne sens plus mon pouls
 
Tellement ma vie est lente
 
Des toiles d’araignées
 
Me pendent aux coins des lèvres
 
Je vis abandonné
 
De mes p’tites joies en grève.
 
 
 
 
Qui t'a permis, la grosse,
 
De t'coucher dans mon lit
 
D’y v’nir creuser ma fosse
 
Chantant « Mélancolie »
 
Et  me pincer le ventre
 
En me disant : « Mon gros loup
 
Aimerais-tu que j’te montre
 
De quoi j’ai l’air dessous ».
 
 
 
 
Tu choisis tes amants
 
Trop jeunes, à mon avis
 
J’va le dire à maman
 
Si tu touches à ma vie
 
Elle m’a bien défendue
 
Pour une crise passagère
 
D’aller jouer au pendu
 
Avec une étrangère.
 
 
 
 
Quand j’aurai ton âge
 
Quand t’auras mon heure
 
J’te dirai, si t’es sage :
 
« Chérie, fais moi peur »
 
Même sous peine capitale
 
Vas-y, fais moi le coup
 
De l’amante fatale    
 
Passe-moi la corde au cou.
 
 
 
J’ai pas le talent de vivre
 
C’est vrai, je l’admets, j’consens.
 
Mais pourquoi donc mourir
 
J’ai même pas mal aux dents
 
Si tu le veux emporte
 
Et c’est tout ce que je t’offre
 
Un peu de mes amours mortes
 
 
Ça tiendra chaud mon coffre
 
 
 
Prends-les en gage
 
De me revoir un jour
 
Et va ton racolage
 
Moi je passe mon tour
 
Va t’en choisir un autre
 
J’peux même t’en présenter
 
Moi, pour l’instant, j’ai d’autres
 
Jolies chattes à fouetter
 
 
Et comme dit l’autre
 
Des vacances à terminer.
 
   
***
 
 
 

dimanche 8 mars 2015



CANDEURS

 
  

Je doute.
C’est la seule chose dont je suis sûr.
 
*

Il y a encore beaucoup de réponses
auxquelles on n’a pas de questions.


*

Il est impossible
que cette phrase ne soit pas lue.


*

À présent, mon passé est imparfait.
Il est impératif que mon futur soit plus que parfait.
Et ce n’est pas conditionnel.

(Je sais, ce mot n’est pas assez composé.)

 
*
 
« Mon taBARnacle ! »

Vous remarquerez ici le joli proparoxyton
par l’accent sur l’antépénultième.
 
*

Je suis épuisé. 
Je fais des journées de 10-12 heures
par semaine.


*
 
Secret de chef : 

D’abord, réduire le fiel.
Puis ajouter le miel.


*

Je ne comprends pas les hommes
d’espérer l’existence de Dieu. 
À les voir aller, il faudrait
plutôt souhaiter le contraire.
Prions Dieu qu’il n’existe pas!

 

***
 
 

dimanche 1 mars 2015


 
Extraits du spectacle :

J’AI RENDEZ-VOUS AVEC...
GEORGES BRASSENS
 
 
 
  Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville
le 17 février dernier

Représentation à guichets fermés : 300 personnes
C’est dire que Brassens (comme Brel) suscite toujours de l’intérêt... 



  

Pour la vidéo haute définition, suivre le lien :
 

Prochain spectacle :
le 2 avril 2015
Au Rendez-vous du thé, sur Fleury, Mtl.


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