dimanche 25 mai 2008


Nous sommes tous des enfants
suite de : Pour adultes seulement


Nous sommes tous des enfants. Un jour ou l’autre orphelins peut-être, mais des enfants quand même. Un jour ou l’autre parents peut-être, mais des enfants toujours. Et c’est bien comme telsque nous agissons la plupart du temps. Regardez autour de vous, écoutez les gens parler, observez les chicanes, les demandes, les attentes mêmes des leaders du vaste monde, ce ne sont que jeux d’enfants mais avec du vrai argent, de vrais fusils, de vraies conséquences. Le monde ressemble parfois à une cour d’école primaire laissée sans surveillance depuis longtemps : il y a quelques tocsons qui font la loi dans un coin, d’autres qui ne s’entendent pas sur les règles du jeu, d’autres qui jouent avec des allumettes près des bidons d’essence, des enfants qui pleurent, qui crient, et la plupart après un certain temps semblent complètement désemparés. Un adulte arrive enfin et un certain ordre s’établit, un calme, une sérénité, une sécurité. Il est au-dessus de la mêlée. Il voit, prévient, arbitre, dirige. ( voir : Regardez le monde , 17 octobre 2007 )

Nous sommes tous des enfants; parfois avec le beau côté de l’innocence (à Noël, en vacances, au camping), mais le plus souvent avec le désarroi de notre immaturité.

Peut-être que dans notre développement il manque un stade d’apprentissage, une période de fermentation, un retrait nécessaire de cette société trépidante et prête-à-porter ? On devient socialement adulte en si peu de temps, et si tôt : 18 ans maintenant, depuis 1971 ( exactement l’année où on m’a retranché 3 ans d’apprentissage, alors que j’en avais besoin de 5 autres). Quelques jours seulement pour quitter l’enfance. La transformation n’a pas le temps de se faire. La chenille n’est pas encore papillon mais on s’attend à ce qu’elle vole, sauf qu’elle tombe, bien évidemment, et ne deviendra peut-être jamais papillon.

Cette fois ce n’est pas du ventre mais de la jupe de maman qu’on sort. « Tu vas te nourrir par toi-même maintenant mon grand. Allez, va rejoindre les autres à la guerre, aux urnes, à l’usine (ou à l’école, mais niaise plus), à la banque, chez le concessionnaire,…» Et nous, jeunes poulains excités et insouciants on court dans toutes les directions.
Alors qu’il faudrait tant patienter, vivre la bohème, réfléchir avec les philosophes, s’amuser à des jeux de son âge pour un jour cesser de faire l’enfant et s’affranchir. Mais, pressés de rejoindre les grands, tous les têtards interrompent leur développement pour se fondre à cette société d’illusions aux comportements enfantins.

La transformation n’a pas eu le temps de se faire. Maintenant l’enfant ne se développe plus, il ne fait que vieillir.

Heureusement il y a toujours des exceptions. Parmi nous il y aura toujours quelques adultes, des personnes responsables capables de se détacher du groupe - que l’on confond souvent avec les moutons noirs parce qu’ils vont parfois à contre-courant… et bien sûr tous les moutons blancs de bêêêler à la différence, eux qui suivent pitance jusqu’à la potence, un tracé bien droit du silo de grain jusqu’à l’abattoir.

N’empêche qu’un adulte, pour moi, c’est ça : quelqu’un capable de sortir du groupe (et de survivre). Un enfant ne le peut pas.


Si on ne tuait pas les hommes adultes, d’après moi ils seraient tous centenaires.




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- Et puis toi ?
- Moi, quoi ? Quoi, moi ? Je suis resté un enfant. C’est pas pour me vanter mais j’ai déjà rencontrer
des adultes. Je sais c’est quoi.