dimanche 28 juin 2009


Carnage


Et il y avait du sang plein les murs
Et il y avait du sang plein l’azur
Que de sang et de chairs épandus
Toute cette viande perdue !

On ne tue pas
Ce qu’on ne mangera pas.



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Malheureusement c’est les vacances! Vous serez doublement orphelins : d’abord La Presse qui ne publie plus les dimanches, et puis cette chronique dominicale suspendue durant l’été. Sauf que moi, je reviens en septembre, la la lèreuu…

D’ici là je vous propose une relecture ou mieux encore une écoute, un blogue radio :
http://audioblog.arteradio.com/radio-cigale/

Vous y découvrirez toutes sortes de petites choses sonores. Parfois ça complètera. Exemple : ce petit poème ci-haut, vous pouvez l’entendre en chanson
sous : RUBRIQUES / Inédits



Bon été !

dimanche 21 juin 2009

Aujourd’hui, fête des Pères, je vous présente le mien. Il y aura bientôt six ans on le portait en terre. Voici l’hommage présenté.


Un homme heureux



J’ai connu un homme heureux,
un homme entier avec ses défauts et ses qualités.
Un homme simple qui aimait la vie,
et la vie aussi, je crois, l’a beaucoup aimé,
l’épargnant à tout le moins à de mauvais destins.
Elle en a fait, j’en suis témoin,
un homme heureux.
Un intrépide, fou ou courageux,
capable d’épuiser en une seule journée
deux anges gardiens des mieux formés.
En tout cas, il y avait quelque part
quelqu’un qui tenait à lui.
Ou c’était peut-être tout notre amour réuni.

Je vous parle d’un homme
avec une forte personnalité
qui prenait beaucoup de place,
parfois même dérangeant,
mais le plus souvent arrangeant.
Et jamais, jamais ennuyant.

J’ai connu un homme simple, sans chichi.
Sans grandes manières, mais jamais vulgaire.
Un homme de principes et de parole.
Un homme de bon jugement et de gros bon sens.
Mais surtout, j’ai connu un homme heureux.

Un homme heureux, donc sans histoire,
avec cent histoires pour nous faire rire.
Un homme simple pouvant se contenter
d’épouser que la plus belle femme du quartier.
Un homme sans compromis n’achetant, selon lui,
que les meilleurs produits...
et, étonnamment, toujours les moins chers !
Un homme fier et pas envieux
vu que déjà, lui,
il l’était irlandais !

Mais plus que tout ça,
j’ai connu un homme heureux.

Pour beaucoup réussir dans la vie
demande qu’on acquiert diplômes,
reconnaissances, titres et fortunes.
Pour plusieurs la valeur ou le mérite
se mesure de médailles et de gloire.
À chacun son modèle.
À toutes ces vies de gens riches et célèbres
moi j’envie d’abord celle d’un homme heureux.

On connaît un homme heureux quand il dit :
« Quand y en aura pu, y en aura d’autres »
quand il s’appelle « Joe Meilleur,
si ça fait pas ici, ça f’ra ailleurs »
quand il chante : « Pas de culottes !».

Un homme heureux, quand c’est votre père,
c’est un être immense !

C’était un homme heureux
vous pouvez vérifier.
Je vous laisse choisir au hasard :
un lundi matin d’octobre,
un mercredi soir de novembre,
chez lui, au travail, ou ailleurs,
et, à peu près, à toutes les périodes de sa vie;
je vous laisse choisir,
et je peux vous dire, sans regarder,
que vous le trouvez en train de s’amuser
ou de siffler en travaillant.
Même ici, en ce moment,
je soupçonne que c’est encore lui
le moins malheureux.

Papa, pour nous, tu viens de passer
dans une nouvelle dimension.
Comment c’est ? On sait pas.
Mais j’aime à penser que
s’il n’y a rien
au moins tu ne le sais pas.
Et que s’il y a quelque chose...
tu sais déjà
qu’on se retrouvera tous.

En attendant, je te salue
au nom du fils et du père
que je suis maintenant.
Amen !
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dimanche 14 juin 2009

Cas de conscience


Oui ou merde, prendre conscience ? Oui ou merde, informer, éclairer, réfléchir, publier ?

Doit-on ? Peut-on ? Faut-il ? N’est-ce pas ? Comment ? Pour qui ? Pour quoi ? Plaît-il ? Pardon ? Hein ? Ho, hé, non mais ? Toutes ces questions parce que savoir, paraît-il, peut nuire au « bonheur » des ignorants, et qu’on a statué qu’être heureux, au final, est la quête ultime de tout. Bien difficile, en effet de snober un homme heureux et serein.

Mais SEREIN, voilà. Heureux sans être imbécile. Serein comme conscient tout en étant en paix. À part les oligophrènes, même les plus abrutis d’entre nous ont des prises de conscience, souffrent d’un manque de réflexions. Car la conscience c’est notre condition, comme la lumière l’est pour un voyant. Même dans la pénombre on distingue encore; on ne peut ignorer la présence des choses. Mieux vaut alors plus de lumière pour mieux voir, bien définir notre environnement et ainsi agir dans le meilleur sens.

La conscience, bien sûr, comme un spot de lumière, dérange possiblement. Un miroir aussi. Pas certain que ça nous rende plus heureux. C’est vrai, en tout cas, pour beaucoup qui préfèrent se bercer d’illusions. Mais bon, qu’est-ce qu’on fait ? On lui dit ? T’as un gros bouton sur le nez. Tu ne veux pas le voir, mais nous on le voit. Et il est énorme. Difficile pour nous de l’ignorer. Impossible pour toi de le faire disparaître si tu ne le vois pas. Ainsi les choses resteront toujours comme ça: toi voulant séduire, nous voulant fuir. Alors, vite un miroir, vite une prise de conscience. Ok, douleur, cris et larmes… mais après, sous la lumière, peut-être peut-on réparer ?

L’homme ne peut pas rester idiot, c’est son propre de réfléchir. L’animal pour être heureux n’a pas besoin de réfléchir, ni de rire d’ailleurs. L’humour est plutôt rare chez les animaux. Le chien sera heureux à gruger un os pendant des heures, peut-être pas vous. C’est sa condition. Mais devant une 52’’ plasma il dort. On ne peut pas, ne doit pas, avoir un tel appareil et ne mettre que le son. Ce n’est pas la condition de cet objet. On doit voir. Il faut allumer. La condition d’un voyant c’est de voir, celle d’un être pensant est de penser.

On ne peut pas s’abstraire à la conscience, à moins d’un coma. Ignorer ou nier la réalité nous épargne des angoisses et des déceptions, mais tôt ou tard ça nuit au bonheur ou à la tranquillité. Ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal ,dit-on, mais j’aime bien ajouter... pour l’instant. Ce n’est pas une bonne idée d’ignorer un début d’incendie et de continuer le party.

Ne pas souffrir ce n’est pas être heureux. On est encore bien loin du bonheur; tous, drogués, alcooliques, fumeurs vous le diront. Leur prise de conscience fait mal. Le dénie du problème les soulage assurément, mais pourtant, tôt ou tard, la raison les amènera à faire un choix douloureux que la plupart prendront pour améliorer leur sort. Informations, réflexions, prises de conscience : c’est la Lumière. C’est ça qui les « sauvera ».

Chercher, réfléchir, s’informer, communiquer c’est participer à la lumière. C’est éclairer. Bien sûr qu’on peut se tromper, et presque à tout coup, mais l’exercice est salutaire. On peut se tromper de route, mais en regardant devant on roule sur la voie, on évite les arbres, bref on conduit. Il appartient à chacun de se conduire, sinon ce sont les autres qui nous conduisent. Et ce n’est pas nécessairement là où nous voulons aller.

Être heureux, déjà c’est une prise de conscience. D’ailleurs ceux qui fuient les prises de conscience, très souvent s’empêchent aussi celle-là. On ne réalise pas à quel point on est heureux maintenant (malgré tout ce qu’on croit nous manquer), on ne prend pas le temps de réfléchir. On laisse ça au miroir, qui lui au moins demande de la lumière.


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dimanche 7 juin 2009

Pas le temps


Depuis que je ne travaille plus je n’ai jamais été aussi occupé. J’ai enfin le temps de faire mille choses et, le fou, j’en fais mille. Alors je n’ai plus le temps de rien faire. Trop occupé. Ma liberté m’occupe à temps plein. Paradoxe des paradoxes.

Le travail libère l’homme, comme dit l’adage. Je le comprends bien maintenant. C’est comme au buffet chinois à volonté, je me fais toujours fourrer. Trois bols de soupe won ton et je suis bourré. Je remplis pourtant mon assiette de mille choses, mais je ne mange à peu près rien. Plus faim. Ça fait cher le bol de soupe.

Le travail libère l’homme parce qu’il l’encadre, l’occupe, l’oblige, le déculpabilise. En somme, l’assomme. Cette réflexion m’embête beaucoup; faudra que je prenne un jour le temps d’y réfléchir. La liberté est très accaparante : pour être libre faut être indépendant, pour être indépendant faut tout faire. C’est très astreignant. Cette pensée que l’homme se libère de sa condition de penseur en étant dans une routine mécanique me trouble un peu; faudra que je prenne un jour le temps d’y penser. Enwoye, mets-ça sur la pile des choses à faire. Quand j’aurai le temps, j’y reviendrai.

Un âne est-il libre ? Lequel des deux est le plus libre : le maître ou l’esclave ? Le maître ne sait rien faire, c’est l’esclave qui fait tout. Mais l’esclave n’est pas libre, et le maître ne le sera jamais, trop dépendant de son esclave… Enfin toutes questions que je n’ai pas le temps de répondre. On me dérange toujours quand je suis occupé. Normal ? Je ne sais pas. Je suis trop occupé je n’ai pas le temps, même pas le temps pour ce dont je suis occupé. Maudit paradoxe : moins j’ai du temps, plus je dois le prendre... Faut ralentir au plus vite, quand je prends mon temps au moins je ne le perds pas.

C’est ça que je veux vous dire, je n’aurai pas le temps de faire de chronique cette semaine, je suis trop occupé.


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