dimanche 11 avril 2010

À L’OUVRAGE


Fin juin

On est en ’75. Je venais de terminer mon CEGEP. Ou plutôt, le CEGEP en avait terminé avec moi; on avait jugé qu’après deux ans c’était suffisant pour approfondir une première session. Faut dire qu’à la fin je connaissais par cœur toutes les questions… mais pas toujours encore les réponses.

Il me fallait un emploi. Après quelques mois de recherches assidues dans les tavernes je trouvai finalement, dans un journal subventionné par mon colocataire, la rubrique des offres d’emploi qui n’était pas, en fin de compte, si distancée de celles des sports.

JEUNE HOMME DEMANDÉ POUR TRAVAIL À L’EXPÉDITION D’UNE MANUFACTURE DE TEXTILE. AUCUNE EXPÉRIENCE REQUISE. ANGLAIS PAS NÉCESSAIRE. TÉL. : 534-2793. DEMANDER M. B. BARIBEAU.

L’idée me vint, je ne sais pourquoi, de vérifier si c’était bien le bon numéro de téléphone, et s’il n’était pas d’usage d’ajouter à B. Baribeau, badiboum tra la la . En franglais on me donna une adress où on me demanda de m’y présenter as soon as possible. Avant même que je puisse demander si je pouvais m’y rendre avant, on avait raccroché.

Après autobus, métro, autobus, marche à pied j’aboutis à l’adresse, coin Van Horne / Hutchisson où s’élevait en ruine la EAGLE TEXTILE, vieille bâtisse délabrée en briques rouges avec de larges fenêtres à carreaux dont plusieurs vitres étaient brisées sinon carrément remplacées par des planches. Bel endroit pour passer mes vacances! Tel qu’indiqué, j’ai demandé monsieur B. Baribeau. On me le présenta. Il me fit remplir un formulaire. Puis il m’interrogea. Comme il était français, parisien plus précisément, je n’eus donc aucun mot à dire dans cette entrevue. L’ayant trouvée fort intéressante, il m’engagea sur le champ. Alors on négocia. Après deux bonnes minutes, j’obtins le salaire minimum en échange de quoi je fournirais un rendement minimum… Tope là, on est en business !

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Suite la semaine prochaine