dimanche 27 juin 2010

Insomnie
(Paroles et musique : Serge Timmons)


Ah, je dors pas, j’dors pas, j’dors pas …
Qu’elle heure qu’il est donc là?
Minuit !
Pis faut qu’j’me lève de bonne heure, demain midi.
Pour gagner ma vie.
Gagner sa vie! C’est quelque chose ça
Quand tu gagnes jamais rien… dans la vie.
Pas moyen de m’endormir.
J’pense à toute, j’pense à rien.
Tiens, j’vas compter des moutons : 1-2-3-4-5-6-7-8-9-
Dix moutons, neuf moineaux, huit marmottes, sept lapins…
Ah non, non, arrête ça. Faut dormir.
Pis j’haïs ça compter des moutons.
Ça me distrait,
Y ont pas l’air vrais
Ils m’ont l’air au coton...
Tic tac tic tac tic tac…
Yé quelle heure là?
Deux heures moins quart !
Pis j’dors pas encore.
Boum ,boum, boum, boum…
C’est quoi ce bruit là dans mes oreilles?
Ça me réveille.
Ah, c’est mon cœur.
Boum, boum, pfff, pfff, boum, boum…
Me semble qu’il saute des coches lui-là.
Aïe, faudrait pas qu’il lâche.
Aïe, j’ferais quoi, moi ?
J’me plogue sur quoi, moi-là ?
Pas de génératrice, pas de batterie, pas de spare.
Peux pas aller ailleurs. Peux pas attendre à demain…
Lâche pas mon cœur.
Toffe, toffe mon pauvre cœur…
Mon pauvre cœur, pompe ton sang
Je n’ai plus d’amour en réserve
Je n’ai plus de feu, que du sang.
Pompe mon cœur, qu’au moins tu serves,…
Les temps sont…
Ah, ta yeulle, ta yeulle !
Faut que tu dormes.
Tic tac tic tac tic tac…
Maudite oreiller, encore toute chaude.
J’passe mon temps à la retourner.
Ça me réveille.
Je vais inventer un refroidisseur d’oreiller.
J’m’a ben finir par devenir millionnaire !
Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt,
Imagine toi, ceux qui dorment pas…
Si j’voulais, j’aurais le temps de régler
Tous les problèmes dans le monde.
Ouais… Mais c’est peut-être ça mon problème :
J’me couche après les Nouvelles.
Ça va mal dans le monde
Pis j’le prends personnel.
Penser, penser, penser :
C’est rien que ça que je fais penser.
J’pense à toute, j’pense à rien.
J’pense à penser à rien
Comme un politicien
Sauf, que je dors pas !
Envoye Serge, fa toé une chanson,
Ça va peut-être t’endormir
D’habitude, t’es bon là-dedans
Lalalalalalalalala…

RRRRRRRRR


Copyright © 2009 S. Timmons

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Comme vous voyez j’ai besoin de vacances. On reprendra donc cette chronique quelque part en septembre. Bon été !

dimanche 20 juin 2010

La paternité, le propre de l’Homme


Une mère et ses petits. Quel beau tableau ! D’instinct, la femelle protège ce qu’elle enfante. C’est un lien fort, naturel, bien observable dans la nature. Pas folle la nature, elle a prévu bien des choses. D’abord deux sexes, chacun manquant terriblement à l’autre pour qu’ainsi l’espèce se recherche, se reconnaisse. Et puis, un sexe seulement pour reproduire l’espèce. Un seul. (Toujours le même, sinon ce serait l’anarchie). Un seul sexe responsable de la continuité de l’espèce. Fondamental. Un sexe produisant à la fois l’un et l’autre, le mâle et la femelle. Quel est ce super sexe? La femelle. Eh, oui. L’autre, le…, voyons, l’autre-là, … c’est quoi encore… ah oui, le mâle, eh bien, lui il butine, batifole, s’amuse et fournit à l’occasion la clé de la serrure. Mais à part ça pas grand-chose; il ronfle ou s’occupe à la guerre. Il tue ses semblables, surtout de potentiels rivaux, et retourne ronfler auprès des femelles qu’il (autre activité prenante) essaie de séduire.

Voilà en résumé (et enfin dévoilé) le mystère de la nature.

Mais le tableau ne serait pas complet, enfin disons fonctionnel, si la femelle ne se transformait pas tout à coup en maman. UNE MAMAN. Fini la jupe courte pour séduire le gros mâle épais. Ses attributs serviront d’abord à nourrir le rejeton. Un lien fort, pratiquement inconditionnel, fera qu’elle protégera, du moins pour un temps, la vie qu’elle donne. Et c’est bien heureux, car s’il fallait que son premier réflexe soit de manger sa progéniture on serait bien avancé ! Non, la Nature a prévu le coup, elle a disposé un ingrédient essentiel chez la femelle, la « maternité ». (Non pas l’amour, arrêtez-moi ça, la maternité. On est scientifique là, pas romantique). Voilà pour la nature : la maternité, et la vie continue.

Et la paternité dans tout ça ? Bah, ça n’existe pas. C’est une invention de l’Homme. La nature n’a pas besoin de ça. Mais si la Nature n’est pas folle, l’Homme n’est pas fou non plus. En tant qu’être conscient, orgueilleux, et j’ajouterais sentimental, l’homme, je veux dire le mâle, c'est-à-dire l’homme de l’Homme... enfin vous comprenez ce que je veux dire, n’a pas voulu être en reste et, par des liens intellectuels forts, il a créé un type de maternité inusité dans la nature : LA PATERNITÉ. Une relation cérébrale avec sa descendance, unique à son espèce. N’est-ce pas merveilleux? Plus que le sang la relation s’établit sur la conscience, la quête de l’identité, le tutorat. N’est-ce pas aussi un très joli tableau que celui d’un père tenant la main d’un enfant marchant à ses côtés ? La nature s’en étonnera peut-être. Trouvera ça peut-être superflu. Pas moi. Pour une fois je trouve que l’Homme a eu une très bonne idée pour la suite du monde : un papa. Un PAPA, et le petit est doublement protégé, mieux encore, diverti. La nature devrait s’en inspirer. Voilà où je voulais en venir, mais il fallait avant tout expliquer.

Bonne Fête des Pères !


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dimanche 13 juin 2010

Mot à mot



DANS LA VIE, FAUT SAVOIR CONJUGUER.

À présent mon passé est imparfait.
Il est impératif que mon futur soit plus que parfait.
Ce n’est pas conditionnel.

Bon, je sais, c’est simple, je ne l’ai pas assez composé.


UN LIVRE, COMME SI VOUS Y ÉTIEZ

C’est bien un film, ça nous permet de voir une histoire. Mais un livre c’est mieux, ça nous permet de la vivre.


PENSEZ AUX MOTS

C’est utile des mots, ça permet de penser. Notez tous les nouveaux mots que vous trouvez, ils pourront vous servir un jour pour vous déprendre dans vos pensées.


MOI, LIBRE ?

Jamais. Jamais je n’accepterais de faire autant de concessions.


SIMPLEMENT

La simplicité volontaire, bien sûr. J’essaie de la pratiquer… mais à l’épicurienne. Disons que je me considère un simplicitaire modéré.


DANS LE FASTE ET L’OPULENCE

C’est bien normal quand on réunit 42 chefs d’État pour une conférence exceptionnelle sur la crise alimentaire mondiale.
À Rome, en 2008.


LE CHAMP D’HONNEUR

On n’a plus d’argent, rentrez aux pays !
Mais la guerre, monsieur ? La Cause ? L’honneur ?
Bah ! On n’a plus les moyens.

Mauvais calcul.
On fait des guerres qui coûtent des milliards quand on aurait la paix à moitié prix, si on partageait un peu. Mais on ne compte pas là-dessus !


CES HOMMES QUI HAÏSSENT TROP

Haïr, c’est trop de considération.
Ne pas aimer me suffira.


L’INCOMPRIS

Quand j’ai demandé un coup de main, je ne pensais pas l’avoir dans face.


LÉGITIME DÉFENSE

Je suis pacifiste, mais j’espère avoir les os assez durs pour que tu te casses les jointures.




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dimanche 6 juin 2010

Lettre à un camarade en voie de découragement



Vivre de sa passion, c’est le rêve de tout le monde. Certains y parviennent, mais la plupart n’y arrivent pas. Certaines passions sont plus vivables que d’autres, le commerce par exemple. Ça, ça marche plutôt bien dans notre société. Mais la chanson, la chanson ! mon pauvre vieux, des plans pour en mourir. On ne vit pas de la chanson (sauf exception, bien sûr), mais on vit par elle. Ça nous prend ça. Sinon, le pacte du quotidien ne tient plus pour des passionnés comme nous. Aussi bien se faire à l’idée. Nous sommes des amuseurs, nous offrons au monde des friandises. C’est beaucoup pour notre gloire, mais c’est bien peu pour le commerce.
Et puis des rêveurs pour divertir le peuple, ça en prend. On n’est pas loin de la charité chrétienne. Pense à ça chaque fois que tu crèveras de faim. Socialement, nous sommes une fantaisie nécessaire.

Question d’âge maintenant, tu te sens trop vieux ? Bah, je ne vois pas ce que cela vient faire dans l’affaire. Oui je sais, je perçois bien comme les autres la vue unique (comme la pensée); la chanson c’est jeune, c’est body, pas l’affaire des mononcles. Les jeunes peuvent chanter des chansons de matante à Star Académie, ça passe, mais un vieux avec une création toute moderne n’a pas d’affaire-là. On n’est pas assez habitué à ça. Mais au-delà de la surprise, peut-on en revenir un moment donné? La chanson ou la littérature, ou la peinture, ou la sculpture… bref ce n’est pas l’athlétisme, ce n’est pas entreprendre une carrière au hockey. Veux-tu bien me dire ce que l’âge a affaire là-dedans ?
Ah, c’est vrai, les producteurs ne voudront pas investir des milliers de dollars dans un vieux qui peut crever d’un moment à l’autre. Trop risqué. Ils aiment mieux perdre nos subventions dans des carrières qui foirent 7 fois sur 10.

Et puis je ne suis pas si sûr que le temps nous soit plus compté pour nous. Les jeunes n’ont pas plus de temps que nous pour réaliser leur rêve. Ils sont impatients, ils ont une famille à fonder, de l’argent à ramasser, plein de bébelles à acheter. Si après quelques années ils ne percent pas, ils deviennent vendeurs. Ou alors ils restent artistes toute leur vie, et le succès viendra ou viendra pas. Ça nous ressemble, je trouve. Une carrière se développe sur 5 ans, en moyenne. On a au moins ça devant nous. Les Beatles ont tout fait en 10 ans. On fera un peu moins, c’est tout. Au pire.

« Oui, mais le succès ne vient pas. Et ça devient long à cinquante ans. » Là, mon vieux, on touche le fond de la chose. Je ne sais pas trop ton parcours, mais moi je me considère en émergence. Si ce qu’on fait est très bon (le très est important), on va finir par passer là où on veut passer. C’est à nous d’y croire, de proposer, et même l’imposer. Mais autrement, si c’est juste bon, ça restera pour nous, des toiles qu’on exposera dans nos salons ou chez la famille. C’est bien quand même, beau passe-temps, mais ça reste du jardinage. Notre égo ne sera pas content. Le mien en tout cas, je le connais, il n’endurera pas ça. Le succès peut attendre, pas la valeur.

Il faut examiner sérieusement notre produit, sans complaisance. Est-ce d’intérêt public ? Une chanson doit être reprise, sinon elle ne sert à rien. Pas nécessaire d’être un grand Chef, mais si les gens ne reviennent pas dans ton resto, cuisine pour toi. Connaissant la valeur de tes chansons et ne les ayant jamais entendues avant, j’imagine que tu n’as jamais vraiment opéré ton commerce. Alors faudrait commencer par là. Aller proposer, imposer, prendre les moyens et prendre patience. Et surtout être ACTUELS. On est en émergence, mon vieux. En émergence et tout à fait actuel.

Et quoi encore ? Ah oui, « il ya tant de talents au Québec, il y a des millions de chansons… c’en est déconcertant. »

Eh bien moi je concède tout de suite : ils sont presque tous meilleurs que moi. Dans un exercice imposé, je ne crois pas tellement à mes chances. MAIS, il n’y en a pas un qui fait ce que je fais. Je ne connais pas un autre Marc Provost dans le tas. Moi, je vais applaudir machin, chose, truc et celui-là. Du moment qu’il est intéressant il n’a pas à se soucier des autres. Si j’ai le goût d’entendre Un vendredi, donc parce que j’aime cette chanson, Brassens ou Desjardins ne me seront pas utiles. Ça me prend Provost.

Et puis autre chose, beaucoup de talents, des millions de chansons, mais pas beaucoup d’offres différentes. Cent jeunes talentueux qui s’habillent pareil et chantent à peu près pareil, ça n’en fait toujours rien qu’un. Mille chansons sur à peu près le même air, le même rythme, les mêmes mots, ça n’en fait toujours rien qu’une. Il y a un public, mon cher, qui voudrait peut-être autre chose qu’un hot-dog moutarde, choux. On ne sait pas. Je crois même qu’il y a un énorme public (notre génération) qui ne se retrouve pas tellement avec le «son » d’aujourd’hui.

Mais heureusement, nous sommes là. Toujours à la rescousse avec nos petites gâteries. Assurons-nous que ça goûte bon, et allons proposer nos choses.

À l’ouvrage mon vieux, on a du monde à divertir. Et il en a bien besoin.


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