PAROLES
DE PAÏEN
Si Dieu existe, pourquoi parle-t-on toujours
à sa place? Est-il mort? On interprète ses moindres intentions comme ses
dernières volontés. On nous fait part de ses messages comme s’il était absent.
Est-il en voyage?
Et en admettant qu’Il existe, est-il bon et
juste? Je veux dire autant que la Nature peut ou ne pas l’être alors qu’elle
partage mal les souffrances et les offrandes?
Les
philosophes nous parlent de LUI en évitant toute représentation
simpliste : un esprit, un fluide, une part divine dans chaque atome, la
quintessence cosmique... Ce sont toutes rationalisations qui le dénaturent.
Cette extrême prudence savante ou scientifique m’apparaît bien suspecte pour
masquer nos lacunes actuelles en un fourre-tout « poétique ». Toutes
ces hypothèses pour expliquer le grand mystère finiront bien par LE tuer
un jour.
Il me semble pourtant que Dieu n’a de sens
que dans sa représentation la plus primitive, sa probable origine, celle qui
nous vient spontanément quand on s’adresse à lui : une forme humaine,
préférablement un vieillard grisonnant et barbu, sage et justicier, créateur de
l’Univers, l’immensité connue et inconnue, mais particulièrement intéressé à
chacun de nous, présent à nos moindres faits et gestes, assistant à nos pensées
les plus intimes, participant même à l’occasion à nos entreprises. Et c’est
bien tant mieux, c’est comme ça qu’il est important. Autrement toute interprétation
rationnelle, scientifique, réfléchie en faisant une sorte de substance chimique
n’intéresserait personne.
Je ne crois pas que Dieu existe. Je crois
seulement qu’il faut croire. Qu’il existe ou pas ne changerait rien. C’est la
foi qui compte.
Dieu
n’a de sens que vu par un païen.
Et
la sorcellerie n’est pas tellement loin.
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