dimanche 16 mars 2014


PAROLES DE PAÏEN

 

   Si Dieu existe, pourquoi parle-t-on toujours à sa place? Est-il mort? On interprète ses moindres intentions comme ses dernières volontés. On nous fait part de ses messages comme s’il était absent. Est-il en voyage? 

   Et en admettant qu’Il existe, est-il bon et juste? Je veux dire autant que la Nature peut ou ne pas l’être alors qu’elle partage mal les souffrances et les offrandes?


   Les philosophes nous parlent de LUI en évitant toute représentation simpliste : un esprit, un fluide, une part divine dans chaque atome, la quintessence cosmique... Ce sont toutes rationalisations qui le dénaturent. Cette extrême prudence savante ou scientifique m’apparaît bien suspecte pour masquer nos lacunes actuelles en un fourre-tout « poétique ». Toutes ces hypothèses pour expliquer le grand mystère finiront bien par LE tuer un jour.

   Il me semble pourtant que Dieu n’a de sens que dans sa représentation la plus primitive, sa probable origine, celle qui nous vient spontanément quand on s’adresse à lui : une forme humaine, préférablement un vieillard grisonnant et barbu, sage et justicier, créateur de l’Univers, l’immensité connue et inconnue, mais particulièrement intéressé à chacun de nous, présent à nos moindres faits et gestes, assistant à nos pensées les plus intimes, participant même à l’occasion à nos entreprises. Et c’est bien tant mieux, c’est comme ça qu’il est important. Autrement toute interprétation rationnelle, scientifique, réfléchie en faisant une sorte de substance chimique n’intéresserait personne.
 

   Je ne crois pas que Dieu existe. Je crois seulement qu’il faut croire. Qu’il existe ou pas ne changerait rien. C’est la foi qui compte.

Dieu n’a de sens que vu par un païen. 

Et la sorcellerie n’est pas tellement loin.


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