dimanche 7 juin 2009

Pas le temps


Depuis que je ne travaille plus je n’ai jamais été aussi occupé. J’ai enfin le temps de faire mille choses et, le fou, j’en fais mille. Alors je n’ai plus le temps de rien faire. Trop occupé. Ma liberté m’occupe à temps plein. Paradoxe des paradoxes.

Le travail libère l’homme, comme dit l’adage. Je le comprends bien maintenant. C’est comme au buffet chinois à volonté, je me fais toujours fourrer. Trois bols de soupe won ton et je suis bourré. Je remplis pourtant mon assiette de mille choses, mais je ne mange à peu près rien. Plus faim. Ça fait cher le bol de soupe.

Le travail libère l’homme parce qu’il l’encadre, l’occupe, l’oblige, le déculpabilise. En somme, l’assomme. Cette réflexion m’embête beaucoup; faudra que je prenne un jour le temps d’y réfléchir. La liberté est très accaparante : pour être libre faut être indépendant, pour être indépendant faut tout faire. C’est très astreignant. Cette pensée que l’homme se libère de sa condition de penseur en étant dans une routine mécanique me trouble un peu; faudra que je prenne un jour le temps d’y penser. Enwoye, mets-ça sur la pile des choses à faire. Quand j’aurai le temps, j’y reviendrai.

Un âne est-il libre ? Lequel des deux est le plus libre : le maître ou l’esclave ? Le maître ne sait rien faire, c’est l’esclave qui fait tout. Mais l’esclave n’est pas libre, et le maître ne le sera jamais, trop dépendant de son esclave… Enfin toutes questions que je n’ai pas le temps de répondre. On me dérange toujours quand je suis occupé. Normal ? Je ne sais pas. Je suis trop occupé je n’ai pas le temps, même pas le temps pour ce dont je suis occupé. Maudit paradoxe : moins j’ai du temps, plus je dois le prendre... Faut ralentir au plus vite, quand je prends mon temps au moins je ne le perds pas.

C’est ça que je veux vous dire, je n’aurai pas le temps de faire de chronique cette semaine, je suis trop occupé.


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