Le
clou
(Paroles
et musique : Serge Timmons)
Du
temps où j’étais tout luisant
J’avais
un avenir séduisant
J’travaillais
fort pour devenir
Plus
tard un grand clou à finir
Je
rêvais de passer ma vie
Bien
planté dans du bois verni
Au
coin d’un endroit stratégique
Avec
des amis sympathiques
Puis
un jour, sentiment nouveau
J’ai
rencontré près du niveau
Une
vis vicieuse et bien tournée
Dans
sa boîte elle m’a emmenée
Alors
j’suis devenu amoureux
Avant
de dev’nir malheureux
Elle
m’a cloué le cœur, l’ingrate
Pour
un d’ces clous à grosse tête plate
J’ai
presque croché sur le coup
Car
j’aimais bien l’aimer beaucoup
Elle
donnait un lustre à mon fer
Quand
elle me faisait des affaires
Savoir
avec qui elle se vautre
L’entendre
dire un clou chasse l’autre
M’a
fait, et sans que j’exagère,
Rouler
en bas de l’étagère
Lors,
un menuisier maladroit
Sachant
rien faire de ses dix doigts
Puis
sans dessein par-dessus tout
Eut
l’envie de cogner des clous
Son
œil débile, sans appel
Cherchait
partout et je me rappelle
Son
sourire bête quand il me vit
Traînant
par là sur l’établi
Bout
de bois en main, v’là qui s’entête
S’cognant
s’es doigts, m’cognant sa tête
À
toute force je fendis la planche
Il me
crochit pour sa revanche
La
rage au cœur, le feu au cul
Comme
s’il avait été cocu
Nous
jeta dehors sa planche et moi
Et
courut se panser les doigts
On
est resté depuis ce temps
Des
prisonniers indifférents
Elle
me retient, moi je la cloue
Sans
se vouloir sans être jaloux
Je
suis un vieux clou tout rouillé
Seul
sur une planche mouillée
Qui
sert à rien et pire que tout
Qui
ne vaut même plus un clou !
Pas
toujours, rose la vie de clou.
***