dimanche 25 octobre 2015

 

Le Frankenstein en nous
 

 
   La cryogénisation : pas sûr que ce soit une bonne idée. Il ne faut pas confondre la mort avec le coma. Le coma n’est qu’une perte de conscience, le souffle y est toujours, et ainsi de même l’histoire et la personnalité du sujet. Mais lorsque la vie a quitté la chair, la conserver ne préservera que les tissus, l’âme, elle aura disparu. Si on ranime un jour le corps, c’est une nouvelle vie qui l’animera. Une nouvelle entité, donc.

   L’enveloppe corporelle n’est rien des gens qu’on aime, c’est l’attention, l’intérêt qu’on nous porte qui nous font aimer cette personne. La personne atteinte d’Alzheimer, au dernier stade, c’est une étrangère. Le physique nous la rappelle, mais elle n’est plus là.

   C’est ce que je crains dans ce procédé : une momification technologique, une greffe, en fait, d’un corps entier sur une âme inconnue. On devrait plutôt chercher à pixéliser, encoder informatiquement la psyché d’une personne, et sous l’avatar on retrouverait davantage, je crois, l’être aimé. Car c’est bien le caractère unique d’une personne qui fait cette personne. Le corps n’est que le terminal de toutes les ondes et la lumière de l’esprit.

   En passant, cette recherche est bien contraire à toute spiritualité qui veut que l’âme soit distincte du corps. Pour des croyants, cette admission est troublante...


   Laissons les morts reposer en paix, ils ont eu leur tour. Maintenant disparus, ils brillent par leur absence et sont souvent magnifiés, comme jamais ils ne l’ont été de leur vivant. En revenant, ils auraient un bien mauvais rôle : celui de zombie.

   Laissons-les vivre leur mort.


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