dimanche 26 avril 2009

Bilan de guerre


- Je rentre de mission, mon colonel.

- Au rapport.

- J’en ai abattu trois.

- Bien. Mais pour une telle mission, ce n’est pas beaucoup. Ça ne sera pas un bien dur coup à l’ennemi.

- Oh, ne dites pas ça, mon colonel. Vous oubliez que je viens ainsi de faire en plus trois veuves, cinq petits orphelins - j’ai vu les photos qu’ils avaient sur eux - , ajoutez à ça trois mères inconsolables, plusieurs frères et sœurs endeuillés, sans oublier un nombre important d’amis éplorés. Excusez-moi, mon colonel, mais je crois avoir bien travaillé. Si vous le permettez, maintenant j’irais bien me reposer un peu… et pleurer.


Épilogue

Il ne faut pas laisser les soldats penser : ils risquent de s’humaniser. Et de l’humanité, comme on sait, ce n’est pas bon pour la guerre. Il faut en connaître le moins possible sur l’ennemi avant de le tuer. On a seulement à savoir que ce sont des monstres, et qu’il faut tuer les monstres. Point. Des monstres ça n’a ni cœur, ni âme, ni père, ni mère, ni foi, ni loi. Ça vient au monde tout seul comme ça, avec des fusils made in america dans les mains, et ça veut nous tuer pour rien.

Pour rien, ou alors seulement pour plaire à leurs dirigeants qui nous dépeignent comme des monstres. Nous, des monstres !!! On va leur montrer, qui sont les plus monstres; on en a nous des bombes au phosphore, des mines anti-personnelles, des gaz machin, des bombes atomiques… Notre civilisation est pas mal plus évoluée que la leur, ils vont voir. On va les sortir de leur ignorance, attends un peu. On va les civiliser ces gens-là. Ils vont tous un jour nous remercier. Après tout c’est pour leur bien. Pour leurs biens.


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