La cigale et la
fourmi
Appendice
La cigale réfléchit, puis
dit :
« Ma foi, l’idée en est
fort bonne;
Sans prétendre de ma personne
Pour ce bel art non plus
De talent ne suis
dépourvue »
Et d’abord pour se réchauffer
Elle se mit à danser
Elle parut tant à l’aise
Qu’elle plut, (ne vous
déplaise!)
Au roi colimaçon qui passait
Et qui, comme chacun sait,
Est fervent admirateur
Des maîtres danseurs.
Il la paya fort cher
Durant tout l’hiver.
Quand au beau temps revenu
Elle retourna chanter dans les
rues
Elle rencontra sa voisine
La fourmi toute chagrine.
« Qu’avez-vous, lui dit
la chanteuse,
Vous semblez bien
malheureuse? »
« Il y a ma pauvre amie,
Lui dit la fourmi,
Que je suis vieille et près de
mourir. »
La cigale n’est pas rancunière
C’est là sa moindre qualité.
« Ne soyez pas si triste,
Lui dit l’artiste,
Moi, toute jeune vous l’avoue
Je mourrai bien avant vous.
Car jamais vous ne verrez
m’user
Quand je saurai m’amuser.
Il est au moins une saison où
je chante,
Il en est aucune où vous ne
travailliez.
Si la mort vous est triste,
Qu’au moins la vie soit gaie !
»
La vie suivra notre caractère :
Un bref amusement ou une
longue misère.