dimanche 26 octobre 2008

La laideur est un grand péril à la vie.


Il nous semble plus tolérable de sortir un poisson de l’eau que d’y plonger un chat. Mais, au fond, y a-t-il une différence entre ces morts ? Ne voit-on pas les deux se débattre et agoniser ? Et manger le poisson n’empêche pas de manger le chat…

Le joli poussin : c’est le cadeau attendrissant de Pâques, mais c’est aussi le repas appétissant de Pâques prochain. Quand le poussin n’est plus mignon, on le mange. La beauté nous protège, la laideur nous accable.

De même s’émeut-on des enfants de la guerre et des catastrophes. C’est toujours la photo qui nous bouleverse. Et c’est toujours à peu près le même enfant; le même regard innocent, mignon et adorable. L’enfance seule ne suffit pas, il faut être aussi mignon et adorable.

C’est par là que nous vient la pitié. Autrement, on ne serait pas tellement touché du grand malheur de ces adultes ou vieillards dont la vie est chamboulée. La grande détresse est-il à l’innocent enfant qui finit par jouer quand même dans les décombres plutôt qu'au parent qui ne sait quoi inventer pour sauver les siens ?


Laissons l’enfant, le moins affecté, pour pleurer l'adulte affligé.
Surtout les laids et les démunis. Trop souvent les derniers à nous émouvoir. Et à sauver.

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