dimanche 16 décembre 2007

Le petit mot de la semaine

La chance sourit aux audacieux…
C’est vrai, et le malheur rit d’eux.
LES CADEAUX… c’est pas un cadeau !

Cette semaine, une autre réflexion de notre chevalier Zorro-Cado,
" le casseux de party avant même que ça commence "
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Ah, les maudits cadeaux qu’on fait pour faire plaisir à… à…. à qui donc ? À soi-même, bien évidemment. Et, si ça adonne, à l’autre…euh… l’autre là, chose, celui qui le reçoit. Si ça peut lui faire plaisir, tant mieux !

L’important c’est nous. C’est notre intention qui compte, celle de la petite manœuvre adroite de conquête ou de diversion ; un petit cadeau, comme un bon placement, un subterfuge pour camoufler souvent notre insignifiance, désintérêt ou distance (en prétendant le contraire). Ça ne coûte pas cher, puis ça rapporte une petite paix à la conscience.

Il y en a pour tous les goûts : le cadeau-signé dont on s’arrache un peu le cœur en arrachant le prix, le cadeau-moment-de-gloire avec tambour et trompettes, dont il faudra mettre au mur, dans le salon, sur la table, le cadeau-lien, variante du cadeau-je-suis-fin-hein dont on cherchera à avoir des nouvelles toute l’année : « Pi, tu l’aimes-tu ? Pi, ça fa beau, hein ? Pi,t’en sers-tu souvent ? »… Aye ! On est rendu à Pâques, chose ! Y te manque-tu tant que ça ? Veux-tu une garde partagée ?

Il y a aussi le cadeau- convenance, genre poignée de main molle, genre pas contact, comme deux femmes qui se font la bise dans le beurre, pour ne pas se beurrer justement. Le cadeau-prix-de-présence, l’insignifiante babiole qu’on apporte à ses hôtes (pour les embarrasser longtemps avant de finir dans les vidanges, invendue dans la vente de garage).
Mais si une bouteille de vin ne suffit pas, apportez m’en deux. Apportez des fleurs, pardon UNE fleur, ce sera plus poétique, plus personnel, ou, je ne sais pas moi, des chocolats, ou n’importe quelle gâterie que vous avez faite vous-même, que nous mangerons ensemble (surtout si c’est mauvais).

Bref, vous avez compris : je me méfie des cadeaux. Je n’aurais pas accepté le cheval des Grecs. Un cadeau c’est toujours suspect. Ça sent le caca. L’intérêt me semble toujours plus important pour le donneur. On a bien raison de dire qu’il vaut mieux donner que recevoir… Pardon ? C’est un acte d’amour ? Ouais, mais d’amour-propre (orgueil, vanité, dépendance, fourberie…) surtout exhibé devant tout le monde, c’est presque indécent. Fais ça chez-vous, cochon ! Bon, je m’énerve.


Pour ma part, le jour de ma fête, j’apprécierais que vous pensiez aussi à moi en vous ne me faisant pas votre cadeau.

Ce sera difficile, je le sais. Il vous faudra être intéressant, agréable, sans artifice. Personne ne pourra savoir à quel point vous m’aimez (à moins d’y penser deux minutes), mais tant pis, ce sera notre secret à nous. Il y a tant dans un regard qui ne sera pas distrait par le gros cadeau.

Mais, me dit-on, le cadeau-élan-du-cœur, de générosité, de petites fantaisies ? Je dis, entre intimes seulement, à un moment non convenu et avec la plus grande discrétion. Quelque chose d’extrêmement significatif qui ne coûte rien si possible. Un cadeau qui a le sens d’une étreinte chaleureuse qu’on conservera précieusement en soi.

Pour l’acte purement généreux, désintéressé (qui n’a aucun sens entre amis) je fais cette suggestion : vous offrez votre foutu cadeau de façon la plus anonyme. Attention, anonyme comme dans un secret à emporter dans la tombe. Si un jour on découvre que c’est de vous, c’est un échec. INCOGNITO, donc. (Sauf que là, ça ne vous tente plus, hein ? C’est ce que je disais, si le NOM n’y est pas, alors le cœur non plus).

Mais mettons... je poursuis. Donc, subrepticement, sous l’arbre, lors d’un party ou d’une entrée par effraction, on dépose ledit cadeau et on disparait. Comme pour une bombe à retardement. Attention de ne pas vous faire découvrir immédiatement, vous seriez deux fois plus ridicule et ce faux mystère vous ferait voir encore plus vaniteux. Non, si on a des soupçons sur vous, feignez l’innocence, niez, niez, niez toujours. Et si le cadeau est un franc succès, et qu’à la fin un usurpateur reçoit les baisers à votre place… regrettez ma suggestion. Mais au moins vous vivrez un doux secret toute votre vie. Vous serez Cyrano.


« Est-ce bien pertinent cette chronique deux semaines avant Noël, maintenant que mes cadeaux sont achetés, que la pige est faite, la liste de mes enfants remise et les attentes grandissantes, foutu Zorro-grincho de mes deux ? »
Mais calmez-vous, je suis un enfant moi aussi. Je n’ai jamais parlé de ceux-là qui sont purement décoratifs et traditionnels comme la dinde. Au contraire, je pense même que les seuls cadeaux acceptables sont ceux du Père Noël dont nous, petits lutins, ne faisons qu’emballer et remettre…

Et ensuite payer.