dimanche 26 octobre 2008

La laideur est un grand péril à la vie.


Il nous semble plus tolérable de sortir un poisson de l’eau que d’y plonger un chat. Mais, au fond, y a-t-il une différence entre ces morts ? Ne voit-on pas les deux se débattre et agoniser ? Et manger le poisson n’empêche pas de manger le chat…

Le joli poussin : c’est le cadeau attendrissant de Pâques, mais c’est aussi le repas appétissant de Pâques prochain. Quand le poussin n’est plus mignon, on le mange. La beauté nous protège, la laideur nous accable.

De même s’émeut-on des enfants de la guerre et des catastrophes. C’est toujours la photo qui nous bouleverse. Et c’est toujours à peu près le même enfant; le même regard innocent, mignon et adorable. L’enfance seule ne suffit pas, il faut être aussi mignon et adorable.

C’est par là que nous vient la pitié. Autrement, on ne serait pas tellement touché du grand malheur de ces adultes ou vieillards dont la vie est chamboulée. La grande détresse est-il à l’innocent enfant qui finit par jouer quand même dans les décombres plutôt qu'au parent qui ne sait quoi inventer pour sauver les siens ?


Laissons l’enfant, le moins affecté, pour pleurer l'adulte affligé.
Surtout les laids et les démunis. Trop souvent les derniers à nous émouvoir. Et à sauver.

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dimanche 19 octobre 2008

ENTREVUE EXCLUSIVE
Primeurs et révélations chocs !

Serge Timmons se confie à… Serge Timmons

Voici un extrait de l’interview qu’il s’est accordé à lui-même.


STQ. Certains critiques ne sont pas tendres envers vous. Est-ce que ça vous dérange ?

STR. Ça dépend. Si le critique n’en est pas trop malheureux, ça ne me dérange pas. Autrement, je suis navré. J’aime pas blesser les gens.

Q. Ce qui n’empêche pas que certains chroniqueurs vous descendent.

R. Me descendre? Je ne savais pas qu’ils partaient de si haut.

Q. Mais vous n’avez pas de …

R. On devrait se tutoyer, quand même.

Q. Non, je préfère le vouvoiement. Il y a peut-être des gens qui nous lisent. Ça fait plus sérieux et moins complaisant.

R. C’est vrai. Continue-je.

Q. Certains lecteurs, la plupart en fait, ne savaient pas que vous faisiez aussi de la chanson. Je veux dire que vous chantiez et étiez sur le point de sortir un album.

R. … j’attends la question.

Q. Non, je voulais juste dire ça.

R. Eh bien, on le sait maintenant. Ça s’appelle LES NAÏVES. Vous, tu, je le connais? Je, vous, tu l’avez entendu? Tu, je, vous l’aimez ?

Q. Superbe. Génial. Les épithètes me manquent.

R. Euh…je continue à poser les questions? Ou c’est moi? Enfin l’autre? Le Q.

Q. C’est vrai. Pardon, on s’est mêlé là. Euh, pourquoi l’avez-vous-je intitulé
LES NAÏVES ?

R. Parce que le propos dans la plupart des chansons me semble naïf.

Q. Naïf, dans le sens niaiseux ?

R. Euh…b.b.b.b.boui..., si on veut. Mais aussi, surtout, dans le sens candide. Des espérances un peu ridicules. Des observations, des questions, des attentes plutôt enfantines dans ce monde adulte, très sérieux.

Q. Donc, un peu niaiseux ?

R. Euh…b.b.b.b.boui..., si on veut.

Q. On veut.
À part votre parenté, et quelques amis obligés, qui vont peut-être aimer, les autres, les professionnels, les vrais artistes, les connaisseurs n’aimeront peut-être pas votre approche « objecteur de conscience », votre style un peu vieille chanson française. Ne craigniez-vous pas d’entendre de fort méchantes critiques à votre endroit ?

R. M’en crisse.

Q. Non, mais quand même !

R. M’en tabarnaque.

Q. S’il vous plaît ! Mais encore ?

R. M’en sainciboirise.
Vous savez, je peux dire bien du mal des moules, des huîtres et du fromage bleu que je n’aime vraiment pas. Et je connais du monde qui pense tout à fait comme moi. Mais les amateurs seraient bien ridicules d’en être offensés. Et les huîtres encore plus.

Q. Ce qui veut dire ?

R. M’en sacramente.

Q. Ceux qui ne vous connaissent pas pourraient, à l’écoute de vos chansons, se faire de vous une image bien différente de ce que vous êtes en réalité dans la vie.

R. Développez.

Q. À vous entendre on pourrait croire que vous êtes bohème, anarchiste, militant altermondialiste… alors que dans les faits vous êtes antisocial et plutôt petit bourgeois confortable et bien adapté dans son 450. On ne vous voit jamais militer, ni même contribuer à la défense des causes dont vous voulez nous sensibiliser.

R. Renveloppez.

Q. Me trompé-je ?

R. Pas du tout. Je vois que vous me connaissez bien. Je suis pas mal tout ça, en effet. MAIS, doutez-vous de ma sincérité, mon cher monsieur ?

Q. Moi, non. Mais les autres peuvent.

R. Eh bien, nous allons préciser les choses.
Il y a l’action et la pensée. Moi je n’ai à peu près que la pensée. C’est
comme ça. Je ne suis pas tellement porté à l’action ou la mobilisation. Je n’aime pas les drapeaux. Une cause me plaît, je l’embrasse, mais je ne l’épouse pas. Une sorte de célibataire endurci. On peut aimer la mer sans être marin et la montagne sans être alpiniste. Je crois pouvoir aider sans être dans l’action.

Q. Expliquez-vous.

R. Par exemple, je n’ai jamais hébergé un sans-abri. Je ne parcours jamais les parcs pour les nourrir comme des pigeons. Et pourtant je suis de tout cœur avec eux, et j’ai une grande admiration pour tous les intervenants qui leur viennent en aide. Mais, moi, je ne suis pas un homme de terrain : pas ma nature, trop intimidé, paresseux, insociable…. ce que vous voudrez, mais non indifférent pour autant. Au contraire, je suis touché, troublé, je veux faire quelque chose. Alors je prends la plume et par mes écrits, mes chansons, j’essaie d’attendrir les cœurs, sensibiliser mes semblables à la chose, et peut-être qu’ainsi je leur évite quelques roches ou
invectives.

Q. Mais n’est-ce pas un peu facile ?

R. Oh, excusez. Je peux écrire debout aussi, si vous voulez, et avec une charge de 50 kilo. Comme ça, ce sera un peu plus difficile.

Q. C’est pas ça que je veux dire. Ce que je dis c’est que le ventre plein, bien confortable à la maison, tout le monde peut avoir de bonnes idées et refaire le monde avec plein de vœux pieux. Mais rien ne changera si personne ne met la main à la pâte, et ne se mouille, et ne s’implique, et…

R. … mais t’es donc ben haïssable toé, finalement. Je comprends les autres de ne pas m’aimer…
Attention : tout le monde le ventre plein, bien confortablement à la maison, comme vous dîtes, ne refait pas le monde. Je crois même que la plupart ronflent ou écoutent la télé. Sont plus prêts à la réaction qu’à l’action , le genre « qui fassent comme moé, qui travaillent, sti ». Beaucoup n’aiment pas tellement se casser la tête et se remettre en question, si vous voulez mon avis.
La conscientisation n’a rien de confortable. À la maison comme dans la rue, c’est le même combat. Le même combat contre l’indifférence ou le mépris.
Je suis auteur, pas acteur. C’est tout. À la tâche je ne me salis peut-être pas les mains, mais beaucoup l’esprit, croyez-moi.
Enfin, c’est ma façon. Excusez-moi du peu.

Q. …

R. Vous ne répondez pas. Vous ne questionnez plus ?

Q. Je suis un peu blessé. Est-ce vrai que vous me trouvez si haïssable ?

R. Mais nonnnn. Je disais ça comme ça. Tu le sais, je nous aime bien,
… mais parfois on est un peu haïssable.


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dimanche 12 octobre 2008

Une autre lubie de poète. Excusez.


TALIBANNERIES



Et la guerre en Afghanistan ? Ben, il y a eu des morts. Oups! On avait oublié. Eh oui, c’est la guerre. On envoie des jeunes armés contre des gens armés dans un conflit armé … il y aura des tirs, il y aura des blessés, il y aura des morts. C’est la vie. C’est la guerre.

Oui, mais des morts quand c’est nos jeunes à nous, wô ! Là, on ne veut plus jouer. C’est des sauvages! Ramenez- nous nos jeunes. Mais on est bien embêté; parce qu’il y a des morts, on ne peut pas accepter que le sacrifice de leur vie soit vain, alors il y doit y avoir d’autres combats… et d’autres morts. Et parce qu’il y a des morts il faut gagner la guerre, aller jusqu’au bout pour ne pas perdre la face (devant l’ennemi et devant le peuple), pour ne pas se mettre vulnérable à la morgue de l’autre, pour ne pas laisser l’avantage… Problème!

Alors nos politiciens cherchent une issue convenable pour se dégager de ce guêpier. Les mêmes qui ont travaillé à nous y précipiter travaillent à nous en sortir. (Au moins ils travaillent).

Fallait-il aller combattre en Afghanistan? Moi, je dis non. Les vraies raisons étant toujours politiques, et la politique toujours au service de la domination, du pouvoir et du gain, alors c’est toujours des mauvaises raisons du point de vue humanitaire. Le restant c’est de la cassette : défense de la démocratie, des libertés, etc. On s’accommodait très bien des mœurs des talibans avant, pendant le commerce. Maintenant on croit qu’il faut sauver la population contre ces barbares (en les tuant, évidemment) qui empêchent les petites filles d’aller à l’école et font plein d’autres talibanneries. Les génocides au Darfour et ailleurs, attendront. Le monde est mobilisé à combattre une poignée de talibans (étudiants religieux). Ça nous fait sentir mieux moralement puis ça occupe la presse et nos jeunes.


Mais n’y a-t-il donc que des femmes et des enfants en Afghanistan?
Que font les hommes? N’est-ce pas leur guerre à eux (dont ils ne se préoccuperaient peut-être même pas) ? La population là-bas, comme partout ailleurs, n’est-elle pas plus nombreuse que la clique au pouvoir ? Ne peuvent-ils pas, comme toujours dans l’histoire du monde, se soulever un jour et renverser le pouvoir ? Peut-être que les mœurs des talibans ne déplaisent pas trop à la population masculine. Peut-être sommes-nous plus outrés que la population en général s’accommodant à cette culture (pas si loin de nous il y a cinquante ans). Qui dit vrai ? Qu’une population obéisse à un roi, un despote, une clique, un groupe de gens puissants (comme chez-nous), n’est-ce pas la même soumission, le même contrôle? Ne sommes-nous pas tous à être libérés ? Ne sommes-nous pas tous un peu « programmés » et quand même heureux, ou quand même malheureux, ou quand même ostracisés, ou quand même assujettis, complaisants, participants ???


$18 milliards que ça nous coûte. Plus d’une centaine de vies. Pendant ce temps meurent de faim des millions de gens, vivent sous des régimes inhumains des centaines de millions de gens… Et on se bat contre des roches et des exaltés à ce prix ! Avec la moitié on achetait une bonne partie de la population et il en restait assez pour convertir les leaders talibans en joviaux capitalistes.

Mais ça c’est un peu trop humanitaire… et la business est dans le militaire.



Mais je peux me tromper.



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dimanche 5 octobre 2008

ON ME DIT...



Que je rêve en couleurs.

Pardon, j’exagère. Il faut rêver en noir et blanc, bien sûr. Soyons réalistes.


Que je me prends pour un autre.

C’est vrai. Et il n’est pas mieux que moi.


« Je pense donc je suis. »

Dans mon cas, c’est quand je pense que j’arrête de suivre.


Ça a été fait à la main ça, monsieur !!!

Et puis, quoi ? La machine était brisée ?


Va donc chier !

Je réponds, pourquoi ? T’as faim ?


Lâche un peu ton fou.

Je dis, je l’ai déjà fait. Il s’est sauvé et n’est jamais revenu.


Que je suis un parfait imbécile.

C’est faux. La perfection n’est pas de ce monde.


Que je ne dois pas me prendre pour le Messie.

Je veux bien… mais c’est vous qui me mettez en christ !



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