dimanche 27 avril 2008


On me demande la lune


Je vais me rendre au bout du monde
Si je la trouve je vous la ramène
Je ne peux pas faire plus

Mais je pourrai vous raconter
Que j’ai vu un poisson se noyer
Que chemin faisant
J’ai rencontré Dieu
Et je lui ai dit que j’étais athée
Il a cru en moi
Et m’a laissé passer
Je vous dirai aussi
Que chemin faisant
J’ai vu un chat noyer le poisson
Il n’était pas échaudé celui-là
Il était gris comme la nuit
Et noyait son chagrin dans le poisson
Mine de rien
J’ai passé mon chemin
Jusqu’au bout du monde
Mais je n’ai pas trouvé la lune
Ni le bout du monde

On me demande la lune
Alors que j’ai plein d’étoiles à offrir
Un soleil sous la main
Un univers tout près
Tout prêt


On me demande la lune

Je vais me rendre au bout du monde
Si je la trouve je vous la ramène
Mais vous n'aurez rien de plus


***







dimanche 20 avril 2008

VIVE L’ENNEMI… suite


J’en entends rire dans le coin. Ils me prennent pour un utopiste, un pacifiste bêlant parce que je dis ¨pardonnons à ceux qui nous ont offensés¨.

Si c’est une utopie de mettre fin aux guerres par le pardon, c’en est TOUTE UNE de croire y mettre fin en allant massacrer l’ennemi. On ne tue pas impunément des pères de famille, des époux, des frères, des enfants en espérant rétablir la paix. Il y aura toujours vengeance, revanche, ressentiment,… puis, chose bien étrange, comme si à la fin ça n’intéressait plus personnes, fin des hostilités. Car il y a toujours une fin aux hostilités. C’est qu’entre temps il arrivera d’autres chefs, d’autres évènements et de guerre lasse nos dirigeants finiront par s’allier de nouveau. On modifiera nos politiques, on trouvera un terrain d’entente, on fera des compromis, bref, on se remettra en commerce, et les chefs qui auront perdu la face, eh bien, on les tassera.

Alors le peuple qui suit toujours, suivra. Comptera ses morts, haïra toujours l’autre, mais sans coup férir. Au moins jusqu’à la prochaine génération. C’est ainsi, les guerres finissent toujours par finir. À moins de s’exterminer il y a nécessairement une suite aux choses. Mais il faut se tuer beaucoup avant, tant qu’il y en a un qui se sent plus fort que l’autre. C’est comme ça. C’est la vie!


J’en entends toujours rire dans le coin.

On me traite de naïf, utopiste, pacifiste bêlant parce que je rêve à la prise de conscience de chaque homme de bonne volonté, parce que je prône la non-violence et que je suggère de demander pardon à l’ennemi.

Je sais bien, ce n’est pas original ce que je dis. Un autre l’a dit avant moi. L’autre-là, le nazaréen. Celui dont tout le monde (ou presque) en occident prend pour un dieu : le Christ. Sauf que si on pense comme lui on passe pour un christ de fou ! Si on suit son enseignement on se fait aussitôt crucifier. On dirait que c’est inévitable. Son enseignement… vous savez ce que je veux dire, cet Évangile que tous les chrétiens pro-vie et pro-guerre récitent les dimanches : « aime ton prochain - tu ne tueras point - pardonne à tous ceux qui t’ont offensé - présente l’autre joue - »… Vous qui riez dans le coin, vous comprenez un peu ce qu’il dit, j’imagine. Alors vous comprenez que votre Jésus est un grand utopiste. Votre modèle est un merveilleux pacifiste bêlant… que tout le monde prie le matin et contredit toute la journée.

Eh bien ! Moi, l’énergumène, c’est de ce grand philosophe que je m’inspire quand je rêve à la paix. Sauf que je reconnais qu’il a mis la barre un peu haute. Il aurait pu juste s’en tenir à ce message : « Endurez-vous les uns les autres, comme je vous ai enduré ».

Pauvre Jésus, il n’en a pas fini de dire à Dieu : Pardonne aux hommes car ils ne savent point ce qu’ils font. Même deux mille ans après, ils ne savent toujours point ce qu’ils font et n’ont toujours rien compris. Ils sont bons pour prier mais pas tellement pour comprendre. Es-tu sûr, pauvre Jésus, d’avoir choisi la bonne espèce ? Comme disait Nietzche : Au fond il n’y aura eu qu’un seul chrétien, et il est mort sur la croix.


JE LE CRIE : Quittons les groupes. Au moins dans notre cœur. Ne pensons plus comme un groupe, une race, un peuple. Désendoctrinons -nous, on n’appartient à personne. Nous sommes déjà complets en nous-mêmes, et tous pareils. L’autre en face de nous, l’ennemi, c’est un homme, peut-être un père de famille, peut-être un excellent conteur d’histoires, peut-être un copain idéal de pêche, on ne sait pas. Lançons nos fusils. Retournons les balles aux industriels. Laissons les chefs* s’entre-dévorer et pleurons un bon coup nos souffrances communes infligées à chacun, puis après allons boire ensemble à la chance extraordinaire d’être en vie et de goûter à ce même coucher de soleil… ahuri de nous voir tous paisiblement le contempler.

D’entre toutes les utopies, c’est celle-ci que je choisis : la paix par le pardon, par la réflexion, par le partage équitable, par les ententes de gros bon sens, par cet éclair de conscience entre deux ennemis armés, seuls responsables de la mort de l’autre. Seuls responsables.

Utopie, j’en conviens, mais d’une logique efficace. Il faut peut-être préparer la guerre pour avoir la paix, mais sûrement pas la faire. Aucune guerre ne mettra jamais fin à la guerre. Sauf, bien sûr, LA DERNIÈRE, qui sera totale et mettra fin aussi à l’humanité. Ou en fera peut-être le vrai début…

On est à quelques fous de périr à jamais. De rejoindre les dinosaures. Et ce sera bien dommage, car cette si belle planète aura vu disparaître une autre espèce dominante qui, par moment, était sublime. Il me semble.





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*Les chefs... Vous savez de quoi je parle, pas les poseurs-secrétaires élus qui doivent à gauche et à droite, je parle des vrais : les petits chefs des petits fiefs qui rêvent de puissance, qui, devenus grands, seront de dangereux tourmentés. Je parle de ce tout petit pourcentage de la société qui nous dirige selon leurs affaires, leurs ambitions, leur sanctification : les petits rois de village, de commerce, de religion, d’opinions publiques, de pouvoirs administratifs, de carrière, de réussite sociale,…

Ça suffit. La semaine prochaine, un poème... il est temps !

dimanche 13 avril 2008


Vive l’ennemi !



Chaque jour à la radio, à la tété, dans les journaux, au bureau, dans la rue, on n’arrête pas de me vendre de l’indignation et de nouveaux ennemis : les musulmans, les sikhs, les mohawks, les talibans, Al Qaeda,…

Je veux bien avoir un ennemi ou deux, mais tout un groupe, une société, une race… c’est beaucoup pour un seul homme ! Surtout quand on ne les connaît pas personnellement. Je ne peux pas haïr comme ça n’importe qui dans le tas, faudra d’abord me les présenter, nous laisser faire un peu connaissance. Et après, s’il y a lieu je m’en ferai personnellement des ennemis. Pour l’instant je suis plutôt indifférent. Pour l’instant ce sont plutôt les ennemis des autres. Qui sont les miens, d’accord ! Mais tout à fait par hasard. C’est de la politique tout ça. Je regrette de ne pas être plus patriotique que ça. Je comprends que les leaders de chaque communauté s’empoignent sur leur plus-meilleure idéologie, mais nous, citoyens ordinaires d’un clan comme de l’autre, qu’avons-nous tant à être de fanatiques partisans ? Ce n’est quand même pas Canadiens-Bruins. Qu’avons-nous tant à nous exciter la fibre haineuse ? Ne pas aimer me semble bien suffisant; haïr, c'est déjà trop de considération.

L’ennemi commun me semble une chimère. Une vue primitive et grégaire. Mais aussi - et ça c’est bien commode - l’ennemi commun est rassembleur et toujours responsable de nos malheurs. C’est toujours très pratique pour nos petits chefs et manipulateurs d’opinion.

Sauf que moi, je crois qu’il y a au fond de chaque homme une prédisposition à l’harmonie, au repos, à l’acceptation du sort; une petite voix presque toujours étouffée par la clameur populaire. Une petite voix dont on doute ; il semble tellement que les autres savent de quoi ils parlent. Ils ont l’air convaincus. Ils sont nombreux, ils doivent avoir raison. Puis après tout, haïr un peu ça fait du bien à tout le monde.


TOUT, ABSOLUMENT TOUT devrait être questionné : la religion, nos chefs, nos amis, nos parents, nous-mêmes. Même cette affirmation. TOUT est questionnable, critiquable, falsifiable. TOUT, la science incluse.

On a tous une conscience dont on ne pourra jamais sortir. Tout le reste disparaîtra en grande insignifiance quelques instants avant de mourir : les autres et leurs idées. Il n’y aura plus personne pour parler pour nous. On sera seul avec notre conscience qui nous questionnera (sachant bien les réponses) et nous fera paraître ce dernier instant une éternité.


« J’ai des ennemis et je m’en vante. Je crois les avoir mérités. »
Anatole France


Un ennemi, normalement, c’est celui qui nous en veut ou nous envie. Mais quoiqu’il en soit admettons au moins ceci : il n’a sûrement pas tort de nous en vouloir ou nous envier. Pour qu’il nous haïsse tant, on lui cause un tort quelconque. On l’écœure quelque part, c’est certain. Si on ne comprend pas ses raisons ce serait bien de commencer par les lui demander. Bien sûr faut se défendre… mais ce serait bien de s’excuser avant.

Dans toute lutte chacun a raison : celui qui a faim et celui qui défend sa proie. Chacun a une cause légitime. Inversez les rôles et chacun agirait de la même manière. Dans un conflit ça vous prend absolument haine et peur sinon vous pourriez finir par prendre parti pour votre ennemi.

Heureusement les chefs c’est pas des fous! Ils savent entretenir le ressentiment contre l’autre pour nous éviter une guerre de pétards mouillés : propagande, offenses, crainte, menaces… et ce n’est pas long que les plus paniqués d’entre nous crieront Aux armes, citoyens! Et voilà, le feu est pris, la guerre bénie. Dieu, le premier, se sera déjà enrôlé. Alors le peuple qui suit toujours, suivra. Il épousera la cause.


« On croit mourir pour sa patrie, on meurt pour des industriels »
Anatole France, toujours le même


Il n’y a pas d’autres motivations à la guerre que la convoitise d’un petit groupe. Pourtant il n’y a jamais d’autres appels à la nation que celui de la légitime défense. C’est quand même curieux que deux nations se fassent la guerre seulement pour se défendre !


ON EST À QUELQUES FOUS DE VIVRE EN PAIX.


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La semaine prochaine, suite et dernière partie sur ce topo

dimanche 6 avril 2008

C'est reparti !
Première publication 2008.
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Ennemis en vue



- Les ennemis !
- Où ça?
- Partout.
- Qui ça?
- Les autres-là. Tire! Tire!
- Mais pourquoi?
- Mais parce que ce sont des ennemis.
- On ne les connaît même pas.
- On s’en fout, ce sont des ennemis. Ils sont dangereux, faut se défendre. Allez, tire.
- Mais qu’est-ce qu’on fait dans leur pays ?
- Ben voyons! On défend la Paix, la Justice, la Liberté. On est en mission humanitaire. Envoye tire !
- J’comprends pas.
- T’as pas à comprendre. T’es un soldat, tu tires quand on te le dit, et t’arrêtes quand on te le dit. Les ennemis c’est toujours des méchants, c’est... c’est... des jaloux... c’est..., le mot le dit : Ennemi. Bon, envoye, tire !
- Pourquoi ils nous en veulent?
- Parce qu’ils n’en ont pas, imbécile ! D’ailleurs, ils n’ont rien, eux autres. Ces des primates, c’est... j’sais pas ce que c’est... des envieux. Des fous. Des méchants. Des voleurs. Des bandits. Ils veulent nous prendre ce qui est à nous. Et ce qui est à nous est à nous. On a le droit, on était là avant eux. Ou, heu..., en tout cas on l’a pris, avant.
- Mais, mon colonel, êtes-vous bien sûr qu’ils n’y ont pas droit ?
- C’est quoi ton problème? Es-tu de leur côté? Ils sont ennemis à l’État. Tu dois défendre ton pays. Allez, tire, et cesse de poser des questions.
- D’accord, mon colonel. Mais je crois qu’avec les armes qu’on a, on va faire pas mal de dommage…
- Oh oui. Ils vont en manger une maudite.
- Il va y avoir des morts parmi les civils, mon colonel : des femmes et des enfants.
- Dommages collatéraux.
- Il y a des hôpitaux dans le coin, il va y avoir des bavures.
- Dommages collatéraux.
- On risque d’atteindre nos alliés qui sont tout près.
- Dommages collatéraux.
- Il va y avoir des dommages collatéraux, mon colonel.
- Dom... euh…Ah, puis à la guerre comme à la guerre. La fin justifie les moyens. Qui n’ose rien, n’a rien. À bon chat, bon rat Quoi? Bon, de toute façon, on va la gagner cette foutue guerre. Penses-tu que nos dirigeants c’est des cons !
- …
- Attention à ce que tu vas dire. C’est le peuple qui les a élus. C’est pas tous des cons, le peuple. Ils ont élu démocratiquement un candidat que les grandes corporations leur ont présenté. On est un pays libre, NOUS.
- Je ne dis pas ça mon colonel. Je dis juste qu’on était en pays ami ici, il n’y a pas si longtemps. On leur vendait des armes. Nos dirigeants faisaient des affaires avec eux.
- Ouais! Mais les affaires ont foiré. Il y a des têtes fortes qui s’en sont mêlé, pis là ils ne veulent plus rien entendre. Alors, c’est là que nous on intervient. Pour leur mettre un peu de plomb dans tête.
- Et on s’attaque à tout le monde plutôt qu’à ces quelques têtes fortes ?
- C’est comme ça. C’est la guerre. Ils veulent se défendre ? Eh, bien on va les attaquer ! Crois-moi, ils vont finir par comprendre. On va la gagner cette guerre. Et après ce sera fini, on rentre chez nous.
- Vous croyez mon colonel ?
- Bien sûr, puisqu’on aura gagné.
- Mais on va laisser des jeunes frères, des veuves, des orphelins,…
- Que veux-tu insinuer… ? Qu’il faudrait tous les exterminer … ? Hé! C’est un peu radical, mon jeune.
- Non, je veux dire, qu’au lieu que ce soit quelques têtes fortes qui nous en veulent, maintenant ce sera tout un peuple. Avant ils s’en foutaient de nous. Mais là ils auront de la haine et des vengeances à transmettre à leur descendance. Des raisons viscérales de nous en vouloir. Et ça reprendra.
- Ouais… Les exterminer tous… Pas fou, ça.
- Mon colonel …
- Ça suffit! Assez parlé. On tire.
- Mon colonel …
- Ta gueule, j’ai dit. Tire. Feu à volonté ! Tiens! Tiens! Ha! Ha! Ha! Regarde-les tous tombés, ces pourris !
- Mon colonel, on a reçu une dépêche de l’état-major. Ne tirez plus. Il y a eu entente. Les affaires ont repris. Ne tirez plus. Ils sont avec nous. Ne tirez plus, mon colonel.




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