dimanche 25 juin 2017


 
     LES DJINNS     
(Victor Hugo)  
 

 

Murs, ville,

Et port,

Asile

De mort,

Mer grise

Où brise

La brise

Tout dort.

 

Dans la plaine

Nait un bruit.

C’est l’haleine

De la nuit.

Elle brame

Comme une âme

Qu’une flamme

Toujours suit.

 

La voix plus haute

Semble un grelot.

D’un nain qui saute

C’est le galop.

Il fuit, s’élance,

Puis en cadence

Sur un pied danse

Au bout d’un flot.

 

La rumeur approche,

L’écho la redit.

C’est comme la cloche

D’un couvent maudit,

Comme un bruit de foule

Qui tonne et qui roule,

Et tantôt s’écroule

Et tantôt grandit.

 

Dieu! La voix sépulcrale

Des Djinns!...  Quel bruit ils font!

Fuyons sous la spirale

De l’escalier profond!

Déjà s’éteint ma lampe,

Et l’ombre de la rampe

Qui le long du mur rampe,

Monte jusqu’au plafond.

 
 

C’est l’essaim des Djinns qui passe,

Et tourbillonne en sifflant.

Les ifs, que leur vol fracasse,

Craquent comme un pin brûlant,

Leur troupeau lourd et rapide,

Volant dans l’espace vide,

Semble un nuage livide

Qui porte un éclair au flanc.

 

Ils sont tout près!  Tenons fermée

Cette salle où nous les narguons

Quel bruit dehors! Hideuse armée

De vampires et de dragons!

La poutre du toit descellée

Ploie ainsi qu’une herbe mouillée,

Et la vieille porte rouillée,

Tremble, à déraciner ses gonds.

 

Cris de l’enfer! Voix qui hurle et qui pleure!

L’horrible essaim, poussé par l’aquilon,

Sans doute, ô ciel! S’abat sur ma demeure.

Le mur fléchit sous le noir bataillon.

La maison crie et chancelle penchée,

Et l’on dirait que, du sol arrachée,

Ainsi qu’il chasse une feuille séchée,

Le vent la roule avec leur tourbillon!

 

Prophète! Si ta main me sauve

De ces impurs démons des soirs,

J’irai prosterner mon front chauve

Devant tes sacrés encensoirs!

Fais que sur ces portes fidèles

Meure leur souffle d’étincelles,

Et qu’en vain l’ongle de leurs ailes

Grince et crie à ces vitraux noirs!

 

Ils sont passés!  Leur cohorte

S’envole et fuit, et leurs pieds

Cessent de battre ma porte

De leurs coups multipliés.

L’air est plein d’un bruit de chaînes,

Et dans les forêts prochaines

Frissonnent tous les grands chênes,

Sous leur vol de feu pliés!

 
 

De leurs ailes lointaines

Le battement décroît,

Si confus dans les plaines,

Si faible, que l’on croit

Ouïr la sauterelle

Crier d’une voix grêle,

Ou pétiller la grêle,

Sur le plomb d’un vieux toit.

 

D’étranges syllabes

Nous viennent encor :

Ainsi, des Arabes

Quand sonne le cor,

Un chant sur la grève

Par instants s’élève,

Et l’enfant qui rêve

Fait des rêves d’or.

 

Les Djinns funèbres,

Fils du trépas,

Dans les ténèbres

Pressent leurs pas;

Leur essaim gronde;

Ainsi, profonde,

Murmure une onde

Qu’on ne voit pas.

 

Ce bruit de vague

Qui s’endort,

C’est la vague

Sur le bord;

C’est la plainte

Presque éteinte

D’une sainte

Pour un mort.

 

On doute

La nuit...

J’écoute :

Tout fuit,

Tout passe;

L’espace

Efface

Le bruit.

                                                                               
 

                                                  Musique / Serge Timmons
 
 
***
 

dimanche 18 juin 2017

Une raison de vivre 
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
 
Une mère et ses petits
Comme une plaie, qui guérit
 
Voilà !
Une raison de vivre
Une raison d’y croire
 
Le soleil qui sort de la nuit
L’appel soudain d’un ami
                                                Voilà!                                               
 
Des gens qui se tombent dans les bras
Se serrant en pleurant de joie
La fin heureuse d’une histoire
Après la bataille, les fleurs
Prenant d’assaut les champs d’honneur
Poussant comme un cri de victoire
 
Voilà !
Une raison de vivre
Une raison d’y croire
 
Rentrer enfin à la maison
Entendre un air d’accordéon
Entendre dire « papa »
Fermer les yeux et s’envoler
Là où personne ne peut aller
Là où le mal n’existe pas
 
Voilà !
Une raison de vivre
Une raison d’y croire

 

 

 

                                                               Copyright © 2014  S. Timmons

 

 

 

dimanche 11 juin 2017

 
           Des trous           
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
Sur  l’air de  LA CHAÎNE ALIMENTAIRE
 
 
On a creusé la terre
Fait des millions de trous
Détournés les rivières
Et remplis des dix roues
 
De gravier et de pierres
De carcasses d’animaux
On est dans les affaires
Il faut bien ce qu’il faut
 
Vu de haut la forêt
Ressemble à un gruyère
Mais comment on pourrait
Payer le bois le moins cher
 
On a des idéaux
Mais aussi des projets
Se bâtir un patio
Agrandir le chalet
 
Creusons, creusons, creusons, creusons
On trouvera bien dans la mine
Du diamant, du charbon
On a de la dynamite
On se rendra jusqu’au fond
Creusons !
 
On a besoin de pétrole
De gaz, de fer et d’argent
Dessous les terres agricoles
Il y a sûrement des gisements
Creusons !
 
 
Pour pêcher le poisson
On videra la rivière
Au temps de la moisson
On rasera la terre
 
Puis un jour on fera
Un dernier trou géant
Où enfin on pourra
Tous y rentrer dedans
 
 
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