dimanche 14 juin 2009

Cas de conscience


Oui ou merde, prendre conscience ? Oui ou merde, informer, éclairer, réfléchir, publier ?

Doit-on ? Peut-on ? Faut-il ? N’est-ce pas ? Comment ? Pour qui ? Pour quoi ? Plaît-il ? Pardon ? Hein ? Ho, hé, non mais ? Toutes ces questions parce que savoir, paraît-il, peut nuire au « bonheur » des ignorants, et qu’on a statué qu’être heureux, au final, est la quête ultime de tout. Bien difficile, en effet de snober un homme heureux et serein.

Mais SEREIN, voilà. Heureux sans être imbécile. Serein comme conscient tout en étant en paix. À part les oligophrènes, même les plus abrutis d’entre nous ont des prises de conscience, souffrent d’un manque de réflexions. Car la conscience c’est notre condition, comme la lumière l’est pour un voyant. Même dans la pénombre on distingue encore; on ne peut ignorer la présence des choses. Mieux vaut alors plus de lumière pour mieux voir, bien définir notre environnement et ainsi agir dans le meilleur sens.

La conscience, bien sûr, comme un spot de lumière, dérange possiblement. Un miroir aussi. Pas certain que ça nous rende plus heureux. C’est vrai, en tout cas, pour beaucoup qui préfèrent se bercer d’illusions. Mais bon, qu’est-ce qu’on fait ? On lui dit ? T’as un gros bouton sur le nez. Tu ne veux pas le voir, mais nous on le voit. Et il est énorme. Difficile pour nous de l’ignorer. Impossible pour toi de le faire disparaître si tu ne le vois pas. Ainsi les choses resteront toujours comme ça: toi voulant séduire, nous voulant fuir. Alors, vite un miroir, vite une prise de conscience. Ok, douleur, cris et larmes… mais après, sous la lumière, peut-être peut-on réparer ?

L’homme ne peut pas rester idiot, c’est son propre de réfléchir. L’animal pour être heureux n’a pas besoin de réfléchir, ni de rire d’ailleurs. L’humour est plutôt rare chez les animaux. Le chien sera heureux à gruger un os pendant des heures, peut-être pas vous. C’est sa condition. Mais devant une 52’’ plasma il dort. On ne peut pas, ne doit pas, avoir un tel appareil et ne mettre que le son. Ce n’est pas la condition de cet objet. On doit voir. Il faut allumer. La condition d’un voyant c’est de voir, celle d’un être pensant est de penser.

On ne peut pas s’abstraire à la conscience, à moins d’un coma. Ignorer ou nier la réalité nous épargne des angoisses et des déceptions, mais tôt ou tard ça nuit au bonheur ou à la tranquillité. Ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal ,dit-on, mais j’aime bien ajouter... pour l’instant. Ce n’est pas une bonne idée d’ignorer un début d’incendie et de continuer le party.

Ne pas souffrir ce n’est pas être heureux. On est encore bien loin du bonheur; tous, drogués, alcooliques, fumeurs vous le diront. Leur prise de conscience fait mal. Le dénie du problème les soulage assurément, mais pourtant, tôt ou tard, la raison les amènera à faire un choix douloureux que la plupart prendront pour améliorer leur sort. Informations, réflexions, prises de conscience : c’est la Lumière. C’est ça qui les « sauvera ».

Chercher, réfléchir, s’informer, communiquer c’est participer à la lumière. C’est éclairer. Bien sûr qu’on peut se tromper, et presque à tout coup, mais l’exercice est salutaire. On peut se tromper de route, mais en regardant devant on roule sur la voie, on évite les arbres, bref on conduit. Il appartient à chacun de se conduire, sinon ce sont les autres qui nous conduisent. Et ce n’est pas nécessairement là où nous voulons aller.

Être heureux, déjà c’est une prise de conscience. D’ailleurs ceux qui fuient les prises de conscience, très souvent s’empêchent aussi celle-là. On ne réalise pas à quel point on est heureux maintenant (malgré tout ce qu’on croit nous manquer), on ne prend pas le temps de réfléchir. On laisse ça au miroir, qui lui au moins demande de la lumière.


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