dimanche 10 décembre 2017

            UN BEAU NOËL              
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
Ça fait longtemps que je n’ai pas pris des nouvelles
Du père Noël
Je pense que je vais lui écrire pour savoir c’qu’il fait
À Noël
Apporte-moi des cadeaux
Mets-moi de la lumière dans les yeux
Apporte-moi des cadeaux
J’suis prêt à t’les payer, à me les emballer
À me les étiqueter,  À : moi,
DU : père Noël    DU : père Noël
 
Je me suis acheté, installé, fait passer
Un  beau  sapin
Un arbre sec qui perd la boule et me fait peur quand
Il est éteint
 
Mais je vais m’faire un beau Noël,
Mettre de la lumière dans mes yeux
J’vais m’faire un beau Noël
J’vais m’ouvrir juste pour moi, une boîte de chocolat
Rester en pyjama, et me faire  alléluia !
Un beau Noël      Un beau Noël
 
Bye, bye, chagrins
À l’an prochain
Noël s’en vient
Et c’n’est pas le temps de broyer du noir
Quand dehors tout est blanc...
 
J’veux m’lever le matin et trouver sous l’sapin
Une montagne de cadeaux, des surprises dans mon bas
De  Noël.  À Noël.  
Parce que c’est Noël,
Et que Noël, c’est Noël,
                           Et que j’veux un beau Noël,                         
 
            ***             

dimanche 26 novembre 2017

    LA CHANSON DE L’ORPHELIN        
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
                                     
 
Brassens est mort, Lennon est mort,
Félix est mort, Nino est mort
J’ai plus d’espoir, mon chien est mort
Ils sont tous morts…
Y sont partis, y r’viendront pus
On sait pas où c’qui sont rendus
Moi qui voulais les rencontrer
Avec eux, jouer de la guitare
Peut-être qu’on aurait pu jammer
Un requiem qui swingue à mort.
 
Mon père est mort, ma mère est morte,
Même mon parrain que j’aimais ben
Mon oncle Émard, aussi est mort
Ils sont tous morts…
Ils m’ont laissé pauvre orphelin
Laissés pour mort, mort de chagrin
Moi qui pensais qu’c’était fini
Aussi la tristesse, les remords
Depuis qu’on avait aboli
Une fois pour toutes la peine de mort
 
On pourrait-tu seulement mourir un peu
Le temps d’aller se refaire une beauté
Apprendre à vivre, puis revenir au jeu
Toujours le même, version améliorée
 
Le jour des Morts, dans mes temps morts
C’est en latin, une langue morte
Que j’écoute la prière des Morts
Y disent qu’yé mort, de sa belle mort
Y parlent-tu d’moé, j’bouge pus, j’fais l’mort
J’ai rien vu v’nir dans l’angle mort
On sait pas quand on va mourir
Pis on l’sait pas quand on est mort
Fa que j’présume qu’en attendant
Je suis un genre de mort-vivant
Vivant…
 
 ***
                                                    

dimanche 12 novembre 2017


 
 
 
 
Le jour du Souvenir

 


Souvenons-nous que la guerre est l’échec de nos dirigeants.


Souvenons-nous que nos valeureux soldats sont d’abord des victimes.


Souvenons-nous de tous ces héros qui ont sacrifié leur vie pour défendre notre idéologie contre les barbares, ces hommes prêts à sacrifier leur vie pour défendre leur idéologie. 


Souvenons-nous qu’il y a des fous qui nous incitent à la guerre.

 
Souvenons-nous qu’en les suivant nous sommes tous responsables.


Souvenons-nous que la plus grande menace à l’humanité est l’humanité.

 
Souvenons-nous qu’on oubliera.

 
Souvenons-nous qu’on avait oublié, à peine vingt ans après.

 

 

***

 

 

dimanche 5 novembre 2017

 
                  MANQUÉ D’AMOUR            
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
J’ai manqué d’amour moi
Comme une plante a manqué d’eau
C’est pour ça que je bois
Jusqu’à m’en mouiller les os
 
J’ai poussé de travers
Fragile au moindre vent
Desséché comme un ver
Sous le soleil brûlant
 
J’ai besoin d’amour moi
Comme une plante a besoin d’eau
Sinon j’vais crever moi
Finir cul sec dans le Cointreau
 
Ce soir je m’abandonne
La chienne est la plus forte
Non, je n’ai pas de colonne
Et que le diable m’emporte !
 
Quand le feu brûle en dedans
Qu’à mes amours, il y a l’incendie
Ça sent la cendre, le mort-vivant
Vite ça me prend de l’eau... de vie
 
Scotch, rhum, rye, whisky
Où c’qui l’est mon verre?
Ça m’prend ça, c’est tout c’qui
Me retient à l’univers
 
 
Engourdi on est bien
On sent moins les épines
De ces roses de chagrins
Plantées dans la poitrine
 
Petit j’avais souvent des idées de grandeur
Je me voyais géant dans le cœur de maman
Je me croyais super
Dans la tête de mon père
L’indispensable ami
Qu’on recherche dans la vie
 
 
Mais dès qu’on ne me voyait plus
C’tait comme si je n’existais plus
On m’avait oublié
C’est comme ça depuis toujours
J’me fais chier de manquer d’amour
Et je bois pour m’oublier
 
Mais demain, c’est fini, j’bois pu
J’fais un homme de moé
J’bois pu, j’fume pu, j’sacre pu
Ça f’ra un bum de moins
J’prends ma vie en main
Enlevez vos pattes de là
J’m’as dire comme Desjardins
J’m’a faire un bon gars
 
Mais demain, c’est loin, ben loin
C’est p’t’être même jamais
Fa qu’à soir on en profite
Parce que la vie passe vite
Hic et nunc, carpe diem
Aye ! J’ai fait mon latin quand même
Allez, allez, santé !  J’te paye un verre
J’t’aime ben toé, 
Qu’est-ce qu’on disait donc...
Ah, oui !
J’ai manqué d’amour, moi
Comme une plante d’eau...
...
 
 
 
***
 
 
 
 
                                                      

dimanche 29 octobre 2017



 
 Petit catéchisme


   Il y a plein de choses qu’on apprend à l’école.  Parfois c’est facile et d’autre fois moins.  J’ai appris à lire, à écrire, à compter.  J’ai appris qui a découvert le Canada, j’ai appris que le Canada est un pays, et qu’il y a plein de pays différents sur la terre, qui est ronde et bien portante.  Puis j’ai appris que Dieu est partout. Inutile donc de le chercher.  C’est écrit et c’est même une des premières réponses de mon petit catéchisme.

   C’est mon livre le plus épais.  Et le plus sérieux. Ça parle de religion.  C’est une matière très compliquée la religion. Même les grands savants ne comprennent pas tous les enseignements de cette science : par exemple, l’univers créé en 7 jours, l’espèce humaine à partir d’un seul couple, l’éternité avec un début,...

   Mais pourquoi, allez-vous me dire, on l’enseigne alors à de jeunes enfants? (Si c’est bien la question qui vous brûle les lèvres). Eh, bien, parce que c’est facile. Contrairement à l’arithmétique ou l’orthographe, on n’a pas à comprendre.  Juste apprendre. Quand on calcule, il faut comprendre que 2 + 2 ne font pas 4 par hasard, ou que lorsqu’on écrit on ne peut pas placer les lettres n’importe comment. Il faut apprendre et COMPRENDRE.  Avec le petit catéchisme, c’est différent on n’a pas à comprendre, seulement apprendre. Et répéter ce qu’on dit. C’est tout.  Les réponses sont déjà toutes trouvées, et même écrites sous les questions.

   Ce livre est tellement épais que même ma sœur qui est en quatrième année a encore le même et continue à l’étudier.  Elle est justement en train de se passer sa leçon.  La réponse cachée sous sa règle, elle lit la question :

« QUE VEULENT DIRE CES MOTS, ²JE CROIS EN DIEU² ? »

Puis en regardant au plafond, elle répond :

« CES MOTS VEULENT DIRE QUE NOUS SOMMES CERTAINS QU’IL Y A UN DIEU. »


Oups! Excusez-moi d’intervenir ici, je demande vérification...
Oui, c’est bien ça qui est écrit.

 Merveilleux petit livre... 

                       
   Voyez, c’est simple, on a juste à les apprendre. À les apprendre par cœur.  Quand, en classe, la maîtresse lit une question, nous répondons en chœur par cœur.
   Moi, j’apprends, cette année, des prières. Voulez-vous entendre LE GLOIRE SOIT AU PÈRE?  Elle n’est pas très longue.

GLOIRE SOIT AU PÈRE, ET AU FILS ET AU SAINT-ESPRIT COMME AU COMMENCEMENT, MAINTENANT ET TOUJOURS DANS LES SIÈCLES DES SIÈCLES, AINSI-SOIT-IL.

   Les prières finissent toujours comme ça « ainsi soit-il », comme « excusez-la » dans les chansons. Cette semaine ma leçon, c’est d’apprendre le « JE VOUS SALUE MARIE » et ça va comme suit :

JE VOUS SALUE MARIE... Euh... Euh...

... COMMENT, ÇA VA? 

Hi,hi.hi, je la fais toujours cette petite blague-là.
Bon, sérieux.
 
JE VOUS SALUE MARIE... euh...
...PLEINE DE ... euh...

Euh... voyons!
Pleine de quoi,donc?
Euh, attendez que je tasse ma petite règle... 

DE GRÂCE.  C’est ça.

                                                          PLEINE DE GRÂCE!
 
 
***

 

 

 

dimanche 15 octobre 2017

              DANS MA BALANÇOIRE             
 (Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
Laisse-moi t’emmener sur la lune
Dans ma balançoire
Nous irons visiter à la brune
Un monde illusoire
Où il y a des muses et des fous
Et des anges tout autour de nous
Le soir, dans ma balançoire
 
Et sur notre vaisseau envolé
Vers nos souvenirs
Retrouvant le berceau qu’ont volé
Adultes vampires
On sera devenu des géants
Grâce à nos rêves d’enfant
Ce soir, dans ma balançoire
 
Et le cœur dans les étoiles
On fera le tour du monde
Tellement qu’il sera petit
Et le cœur dans les étoiles
On fera plus beau le monde
Comme quand on était petit.
 
….
 
Et le cœur dans les étoiles
On fera le tour du monde
Tellement qu’il sera petit
Et le cœur dans les étoiles
On fera plus beau le monde
Comme quand on était petit
 


***
 
 


dimanche 8 octobre 2017


 
Grand-maman
 

   La rondelle est en zone neutre, elle est reprise par Geoffrion qui la passe à Béliveau (Enwoye!) il lance... mais Bower bloque (Aïe,hi!) Mahovlich s’en empare, mais ne parvient pas à dégager sa zone, elle est reprise par Moore qui jette un coup d’œil à Fleming à la défense (Enwoye donc, lance donc!) puis se ravise la remet à Richard, il s’avance, déjoue bien (ben, enwoye, enwoye!) il lance et COMPTE!   (BONNN!)

 

   Ma grand-mère ne ratait pas un match du Canadien.  Aussi assidue et partisane que mon père, bien qu’elle ne prenait pas toujours pour la bonne équipe.  En fait, elle prenait toujours pour les noirs.  Mon père devait parfois la ramener à l'ordre : « Ben, voyons, grand-maman, le Canadien joue à Toronto, c’est eux autres les blancs ».

Elle aimait aussi regarder la lutte.  Beaucoup plus simple à suivre.  Édouard Carpentier n’avait pas assez de costumes à changer pour la mystifier. « Enwoye, tords-y le cou » quand celui-ci faisait une clé de bras à l’infâme Wladek ²killer² Kowalski (bou,ou,ou,ou,ou,ou!). Elle embarquait, y croyait vraiment. Mon père essayait parfois de la ramener à l'ordre :

  Ben, voyons, grand-maman, c’est arrangé.

  Ah! C’est pas mon idée ça, Viateur. Y’ont l’air de trop souffrir pour faire assemblant.

 

   Elle était comme ça ma grand-mère. Une petite femme entêtée de 80 ans, à la peau plissée, vidée, mais dont le fossile laissait deviner une jolie femme à l’époque, par l’harmonie des traits et ses  yeux  noisette, ronds, pétillants. Une jolie femme avec un joli caractère de chien. 

   Elle vivait avec nous depuis toujours, avait sa chambre, une chambre de grand-mère avec de vieux meubles, des cadres de saints au mur, et ses chaises berçantes stratégiquement placées dans la maison : deux trônes réservés, un dans la cuisine près de la fenêtre, l’autre au salon, à demi dans le passage pour ne rien manquer.  Car c’était sa mission : voir à tout, pendant qu’elle égrenait des rosaires ou reprisait nos bas enfilés sur une vieille ampoule laissant toujours, après réparation, une cicatrice grosse comme un cordon à nous faire boiter.

   Toujours sérieuse, toujours sévère, bougonnant sur tout et à tout bout de champ.  Elle avait sûrement souri un jour, et ça avait dû lui faire mal.

   Dès qu’elle était levée, habillée (toujours en noir, avec par-dessus un tablier pas trop pâle) elle se mettait aussitôt sur le mode gendarme. Faisait le trafic : « marche, par-là », « vas dans ta chambre », « rentre dans maison », « sors de la cuisine », faisait sa ronde : fenêtres du salon, fenêtres de la cuisine, fenêtres du passage, montait la garde devant le frigidaire (pas le droit de l’ouvrir entre les heures de repas)...  Du travail, que du travail! 

   Et quand on n’écoutait pas, elle y allait de menaces extrêmes.  Pour moi, c’était « m’as-te crever un œil, mon p’tit verrat! », Mireille « m’as-te péser une claque, ma bonyenne! », Paulo, « m’as-t’arracher un oreille, p’tit vlimeux! » et on entendait ça tous les jours.  C’était sa façon de s’exprimer.  On n’en faisait pas vraiment de cas.  Ma mère, que ma grand-mère continuait encore de gourmander, était habituée, y ayant passé son enfance.  Mon père n’y portait pas trop attention, d’autant plus qu’il était dans une classe à part. De tous ses gendres, et même ses enfants je crois, mon père était son préféré. Toujours gentille avec lui, toujours à prendre son parti. Viateur, c’était le sien, un homme droit, au regard franc, jovial qui ne buvait pas, ne sacrait pas, fumait.

   Du moment qu’on courait, criait, jouait, elle s’agitait comme un chien que le tumulte fait japper : « Attends que ta mère arrive! », « Attends que ton père rentre! », mais on n’avait pas que ça à faire, attendre. Alors, on continuait et les menaces reprenaient.  Elle avait beau mouliner des bras pour nous frapper, on esquivait toujours. Elle ne voulait pas vraiment nous atteindre, ce n’était que  pour chasser les moustiques qui l’embêtaient.  D’ailleurs, elle n’a jamais crevé d’yeux ni arraché d’oreilles à personne.  Même qu’elle pouvait s’attendrir et prendre grand soin de nous quand on était malade. On assistait alors à une étrange métamorphose : le démon devenant ange, les petits monstres des chérubins.

   J’avais remarqué que lorsque que je traînais en pyjama dans la journée pendant un de mes douloureux épisodes d’otites, je n’étais plus pour elle un p’tit verrat, mais devenait comme par enchantement son petit Charlot. Elle avait pitié de moi, et souvent pour me consoler de ma souffrance, elle allait dans sa chambre puis revenait vers moi pour me donner cinq cents.

   (Hé,hé!)

   Alors de temps en temps je m’improvisais malade, comme ça, en plein après-midi, quand mes parents étaient sortis. J’enfilais mon pyjama, je me faisais une face triste et je tournais autour d’elle, pitoyable. Au bout de quelques minutes, je la voyais partir dans sa chambre, tendais l’oreille et entendais le son de l’argent sonnant.

   Puis, je me rhabillais pour rejoindre mes copains qui m’attendaient, miraculeusement guéri.

 

                                                          Redevenu p’tit verrat.

 
***
 

dimanche 24 septembre 2017


 

Devoirs et leçons

 

   Après souper, on s’installe sur la table de la cuisine, ma sœur et moi, puis on fait nos devoirs.  Maintenant, je sais lire et écrire, je suis en deuxième année.  Je suis deux fois plus intelligent que l’année passée.  En ouvrant mes cahiers, on peut y voir la carte du ciel tellement qu’il y a d’étoiles brillantes et des anges collés au haut de chaque page.  Je suis bon élève.  Lunatique, peut-être, mais je me rattrape vite quand ça compte.

   Un de mes trucs, c’est d’apprendre en enseignant. Je vais dans ma chambre et je repasse mes leçons devant Paulo très impressionné assis par terre devant moi.  Je lui montre ce que j’ai appris dans la journée. 

   — Tu sais Paulo, il y a 7 péchés capitaux.  SEPT. Très exactement. La Gourmandise, la Paresse, l’Orgueil, la Colère, l’Avarice, l’Envie, la Luxure.

     Que cé ça veut dire ?

     Euh... La gourmandise, c’est quand t’en veux encore, la paresse, c’est quand tu veux te reposer, l’orgueil, c’est quand t’es fier de toi, la colère, c’est quand tu te fâches, l’avarice, c’est... euh, je me souviens pu, une maladie, je pense, l’envie, c’est... c’est quand t’as envie...

  Hein, cé t’un péché ?

— Eh oui, moi aussi j’étais surpris, c’est un péché, c’est pour ça qu’il faut se dépêcher.  Et puis... attends, y en manque un. Voyons... c’est quoi donc... ah oui, la luxure. C’est un beau mot hein ?

— Cé quoi ça veut dire ?

— C’est quand les gens veulent trop faire l’amour?

— Cé un péché ?

— Oui. La guerre, non, mais l’amour, oui !

— ...

— Pis c’est pour ça qu’on fait des péchés MORTELS...

— ... (Paulo me regarde les yeux ronds)

  Pis si tu meurs avec ça, tu vas en ENFER...

— ... (Paulo déglutit difficilement)

  Pis en enfer, tu vas BRÛLER...

— ... (Paulo est catastrophé)

— Pis tu brûleras pour TOUJOURS...

  Mamaaaaaannn !

— Chut ! Tais-toi.  Veux-tu apprendre ou pas ?  Quand je dis toujours, je veux juste dire pour l’éternité.

— Cé quoi l’éternité ?

— Ça veut dire que ça finit jamais.

— Jamais ?

— Jamais, jamais. Toujours, toujours, jamais, jamais.

   Bon, manifestement, il ne comprenait pas. Comment imaginer quelque chose qui ne finit jamais?  Je devais trouver un exemple, faire une démonstration scientifique qui allumerait une petite lumière dans l’obscurité opaque de l’ignorant.  Alors, j’ai eu une idée brillante. J’ai pris mon ballon de dessous de mon lit, puis j’ai expliqué.

— Tu vois, si tu mets ton doigt sur le ballon, tu peux en mettre un autre juste à côté. Puis un autre juste à côté, puis un autre, puis un autre... comme ça sans arrêt.  Pis quand t’as fait le tour, tu peux encore rajouter ton doigt, pis un autre, tout le temps comme ça.  C’est ça l’éternité : quand ça finit, ça recommence... Toujours en train de recommencer, donc ça finit jamais. 

(Je me considère un bon pédagogue)

   Médusé, étourdi, abasourdi, interloqué, tout ça et encore, mon élève a poussé un grand soupir de soulagement quand maman est venue le chercher pour le coucher.  Je l’ai laissé aller à son cauchemar, de toute façon, j’avais terminé ma leçon.

   Mais c’est plutôt moi qui ai mal dormi, car je pensais à mon histoire de ballon.  Si ça finit jamais, comment ça peut commencer ?  Avant mon premier doigt, je pouvais mettre un autre doigt, juste avant, et encore un autre devant, et ainsi de suite.  S’il n’y a pas de bout pour finir, il n’y en a pas non plus pour commencer.  En tout cas, pas sur mon ballon.  Donc, l’éternité ne commence pas.

   Par conséquent, où étais-je avant de naître ? Aïe, aïe, aïe !  Faut qu’on m’explique.

   Puis, une autre affaire : si seule mon âme est éternelle et pas mon corps, et que je vais en enfer (comme prévu), qu’est-ce qui brûlera?  Aïe, aïe, aïe !

   Le lendemain, les yeux cernés, j’ai été voir maman.  Elle m’a expliqué que notre âme n’est pas éternelle, mais immortelle, c’est pas pareil.  Donc, ça peut commencer et ne pas finir.  Elle a un peu dessoufflé ma balloune. Ainsi, l’éternité avec un début, ça se peut.

   Alors, j’ai été voir Paulo et je l’ai nargué : « Mon éternité est plus longue que la tienne ! »

                                                       La, la, la, la, lèreuuuu....
 
 
***
 

 

dimanche 17 septembre 2017


               REGARDEZ LE MONDE         
(Paroles et musique : Serge Timmons)
 
 
Regardez le monde
Mais ce ne sont que des enfants !
Regardez le monde
Mais où sont donc les parents ?
Pauvres hommes
Pauvres hommes 
 
Ils sont laissés à eux-mêmes
Bien trop petits, pour voir à tout
Pour ne pas mettre le feu ici et là
Pour ne pas se faire mal
À ces jeux du plus fort
Pauvres enfants
Pauvres hommes
 
Comment peut-on laisser comme ça
Sans surveillances une chose aussi
Fragile que la vie, que la paix
Que la terre, que le monde
Pauvres hommes
Pauvres enfants
 
Il y a bien les aînés
Mais on ne les écoute pas
Il y a bien les aînés
Qui empirent tout ça
Il y a bien les plus jeunes
Mais on ne les écoute pas
Il y a bien les plus jeunes
Qui empirent tout ça
 
Il y a moi aussi, cadet tourmenté
Qui regarde par la fenêtre
Pressé de reconnaître
Enfin, maman, papa arriver.
 
                        
                               Copyright © 2009  S. Timmons