dimanche 18 mai 2008

Pour adultes seulement


Cette chronique est destinée aux personnes âgées de 18 ans et plus. Je préfère vous en avertir.


Attention !



Bon, maintenant que nous sommes entre nous, qu’il n’y a pas d’enfants dans les parages, nous allons traiter d’un sujet adulte.

Le sujet est Adulte… c’est le sujet : « Adulte » : c’est-à-dire, ce que nous ne sommes pas pour la plupart d’entre nous. Chut ! Faut pas que les enfants le sachent. Ils nous croient adultes alors qu’en réalité nous sommes restés comme eux. La transformation s’est faite physiquement mais à peu près pas mentalement. La preuve : combien d’entre vous avaient déjà baissé leurs culottes en lisant le début de cet article?

Les enfants nous prennent pour des professionnels de la vie, des personnes en contrôle aux commandes des institutions, responsables et réfléchis. Ils s’imaginent qu’on est tous comme leur papa, leur maman bienveillants et connaissant tout. Bref, ils nous voient comme des grandes personnes autonomes et disciplinées.

À part les poils au pubis je ne pense pas que nous sommes tellement différents qu’à leur âge. Je nous vois toujours très naïfs, influençables, encore enclins à la pensée magique, la fabulation. Je nous sens toujours bien dépendants d’affection et de prise en charge : le lot de tous les enfants carencés dont la croissance est stoppée quelque part. À part les poils au pubis, bien entendu.


Si les petits ne remarquent pas nos comportements puérils, nos législateurs et marketeurs, eux, n’en sont pas dupes.

Ma mère m’a déjà enlevé mon tire-pois parce qu’un voisin en avait tiré un dans la face de sa sœur. C’est dangereux ! On me retire mon cellulaire au volant parce que la sœur de mon voisin a eu un accident alors qu’elle se maquillait en parlant au téléphone. Confisqué. C’est dangereux ! Ma mère m’aurait dit aussi - mais elle savait que ce n’était pas nécessaire - quand tu prends ton vélo pour une petite promenade avec la sœur de ton voisin, mets ton casque. Tu vas faire mal à ta tête et faire bobo! Il y en a toute une série de lois infantilisantes qui ne servent à rien d’autre que donner le sentiment général qu’on nous protège.
Et les enfants d’entre nous, rassurés, font de beaux dodos.

Mais parmi toutes ces lois il y en manque encore une : Interdire la publicité faite aux enfants de plus de 18 ans.

Parce que c’est aussi dangereux que l’alcool, le tabac ou le jeu : ça altère le jugement. La publicité, à grande dose, ça crée de sérieux troubles de comportement allant de la dépendance compulsive à l’obsession maniaque; pire que le jeu pour entretenir l’illusion et ruiner un ménage.

On n’a pas tous l’âge mental requis pour recevoir ces messages publicitaires. On ne tolèrerait pas ces approches débilitantes s’il s’agissait de jouets ou de bonbons adressés à nos petits. On dirait à nos jeunes : ben voyons, tu sais bien que ce n’est pas gratuit, que tu ne pourras pas tout payer plus tard, que c’est une mise en scène, les belles filles et le party n’arrivent pas dans chaque caisse de bière, dans trois mois ton nouveau char sera sale, peut-être bossé, et ne fera plus rêver personne, tu te tanneras plus vite de tes gadgets électroniques que le temps qu’ils prendront à être dépassés…Attends au moins à Noël, à ta fête. Et laisse faire tes petits camarades qui en ont tous !

On crierait à l’illusion, la manipulation, aux scandales. On crierait à notre maman-gouvernement de légiférer pour interdire ces publicités faites à nos enfants par ces vieux mononcles-cochons-marketeurs.


MAIS ON NE PEUT PAS. On est entre adultes; tous les coups sont permis. On est responsable, obligé, soumis à la loi. À 18 ans, fini la Protection de la Jeunesse. Tu veux, tu payes. Tu payes pas, on saisit. Tu résistes, prison ! Tu veux pas, ça t’en prend pareil. Tu peux pas, travaille. T’arrives pas, on saisit. Tu résistes, prison !

WOW, c’est déprimant !




Attendez, je m’en vais réprimer ma déprime, et je reviens la semaine prochaine.



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